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Critique de Nicolas9


Petit-fils de Républicains espagnols ayant refait leur vie en Colombie, Sergio Cabrera appartient à la bourgeoisie éclairée de Medellín en Colombie. Il vit confortablement à Bogota, la capitale, où son père Fausto est scénariste pour la télévision nationale. Or, un beau jour, l'audace politico-artistique de ce dernier finit par mettre sa situation privilégiée en danger.
C'est à ce moment-là que lui parvient une offre attrayante en provenance de l'institut des langues étrangères de Pékin : devenir professeur d'espagnol pour les élites du maoïsme. Pensant pouvoir enfin « servir la révolution », Fausto emmène sans hésiter sa femme et ses trois enfants dans l'empire du Milieu.
Nous sommes en 1960, Sergio a dix ans et doit coûte que coûte apprendre le mandarin. Finalement, il va si bien s'intégrer qu'il se sentira Chinois à part entière au moment où éclate la Révolution culturelle (1966-1976) impulsée par Mao. Malgré son admiration sans bornes pour ce dernier, il découvrira les dérives et les exactions des jeunes de sa génération face aux lettrés qualifiés de « bourgeois » et de « contre-révolutionnaires » à rééduquer : ou comment le pays le plus peuplé du monde humilie ses intellectuels pour créer « l'homme nouveau » voulu par le « grand timonier ». Il faut savoir que le roman de Juan Gabriel Vasquez est vraiment basé sur l'épopée hors-norme de la famille Cabrera Diaz entre 1930 et 2016. On va d'ailleurs rapidement s'apercevoir que la réalité peut parfois dépasser la fiction !
Comme les universités ont fermé leur porte au début de la Révolution culturelle, Sergio et sa soeur Marianela se retrouvent un peu désoeuvrés. En effet, les « étrangers » sont soigneusement tenus à l'écart des convulsions qui secouent le pays. Pourtant, à force de les supplier, les communistes permettent aux deux jeunes Colombiens de travailler quelque temps comme simples ouvriers dans une usine de réveille-matin de la capitale.
Mais, le gouvernement marxiste a d'autres plans pour la fratrie. Rapidement, on les exfiltre vers un centre secret de formation militaire destiné aux étrangers. Ils y apprennent le maniement de plusieurs types d'armes et les techniques de guérilla. Dès que leurs instructeurs les jugent prêts, les Cabrera sont renvoyés en Colombie pour y rejoindre les escadrons maoïstes qui tentent de créer des « zones révolutionnaires » dans la jungle tropicale.
Sans dévoiler la suite, j'ai beaucoup apprécié la description du choc culturel subi par Sergio et sa soeur en Chine. Mais aussi et surtout les problèmes éthiques, sociaux, voire physiologiques, auxquels tous deux ont été confrontés avec la même intensité ravageuse au fin fond de la brousse colombienne.
Toutes ces épreuves endurées non pas par conviction intime, mais avant tout pour faire plaisir à un père complètement obnubilé par le discours tiers-mondiste et anti-capitaliste. On le subodore, Fausto va devoir un jour payer pour cet aveuglement idéologique l'ayant conduit à risquer l'avenir de ses propres enfants.
En se mettant dans la peau de Sergio, Juan Gabriel Vasquez nous livre non seulement une belle fresque historico-sociologique, mais aussi une critique acerbe des relations familiales sous la domination d'un patriarche prêchant davantage par la parole que par l'exemple...
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