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Critique de igolenerougier


On est sur une île, tout à l'Ouest du monde. Cela commence par un départ, comme une expulsion : « Ce matin nous avons quitté notre maison qui n'existe plus ». Deux femmes sont venues « dire au revoir, regarder une dernière fois le jour pointer sur notre plage. Il n'y a rien que nous puissions faire contre notre évasion. » Les deux femmes, ce sont « la vieille » et « la bleue ». Elles parlent alternativement, même si ce n'est pas un dialogue. La vieille s'adresse à sa mère. La bleue se pose en narratrice. Les monologues successifs mettent peu à peu en scène les trois autres personnages de la famille : le père, géologue qui ne parle qu'à ses cailloux, la mère, une sauvageonne pleine de tendresse qui fait régner un matriarcat incontournable, la « grande blonde » de fille, le fils Jésus, et le pick up au volant duquel s'orchestrent tous les épisodes de la vie. Une sorte de clan qui vit au rythme de la nature sous le regard permanent des ancêtres qui n'ont surtout pas quitté la maison. « La bleue », la mère l'a ramassée un jour sur la plage comme on emporte un coquillage ; elle en a fait le troisième enfant de la maison. Et ça a marché !
Pas d'intrigue. Pas de fiction à suspense. Juste le quotidien d'une famille qui « survit », dans un Ailleurs, qui ressemblerait à « Quelque chose de la poussière », au bout du monde et au bout du temps. Juste la « disparition » qu'il revient à chacun de mettre en oeuvre. Pour « la bleue », qui a ouvert le livre et le clôture, il s'agit de « Partir. Quitter l'île et te quitter toi, la vieille. Je ne brûlerai pas de ponts. J'en construirai s'il le faut. Un pont des terres de l'Est à ton île. Peut-être un jour te retrouver. Et maintenant Il faut marcher seule dans la forêt, à un pas de femme, jusqu'à plus soif, jusqu'à plus faim ».
La grandeur du récit, ce qui embarque le lecteur, c'est cette force que l'auteur a su mettre au coeur de chaque personnage, c'est aussi cette construction rigoureuse du récit et de l'écriture grâce à laquelle l'évasion vers un rêve est toujours possible, on retombe toujours sur ses deux pieds. le regard du plasticien associé à l'auteur, selon la règle du jeu que s'est donnée le Chemin de Fer, devient une véritable scénographie, loin de toute illustration primaire. On est presque dans un film. On parle de la vie. On est bien.


"Lune Vuillemin est née dans la Meuse en 1994, a grandi au fond d’une forêt de l’Aude et a suivi des études d’arts avant de partir deux ans au Canada. Jardinière, femme de ménage, soigneuse d’animaux sauvages, aide-cuisinière, rancheuse ou road-tripeuse, elle cherche toujours la proximité du monde sauvage et les rencontres, un roman et son carnet d’écriture dans la poche. Elle vit aujourd’hui dans le sud de la France où elle étudie la littérature et l’histoire américaine et britannique la semaine, et se requinque dans la forêt le week-end, au calme de la montagne, à flanc de falaise, un roman et son carnet d’écriture dans la poche.
Quelque chose de la poussière est son premier livre."

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