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Critique de Slava


Au Moyen-Age, dans le château d'Otrante, le Prince Manfred est heureux : son fils Conrad va se marier avec Isabelle. Il espère que le mariage sera suivi d'héritier car il craint que la famille va perdre son territoire. Malheureusement, la tragédie arrive : le fils meurt... écrasé par un casque géant ! Manfred, complètement désespéré, sombre dans la folie et formule un plan sordide : répudier sa femme qui l'aime pour épouser... Isabelle ! Mais elle s'enfuit. Comme si ça ne suffit pas, les spectres vont se réveiller et d'étranges événements vont commencer...
Donc, qu'est-ce que ce roman ? Eh bien, très simple : c'est CE roman qui a inventé le genre gothique. Oui, c'est ce petit livre ne faisant même pas un centaine de pages qui a inventé le genre gothique et ses poncifs fantastiques, genre qui par la suite va engendrer les chefs d'oeuvres comme Mystère d'Udolphe où le Moine (dévorée voilà quelques temps). Ayant eu du succès, ce livre peut se targuer d'être le père du genre mais aussi, si on veut, l'un des pères du fantastique moderne.
Dans cette histoire, on a tout : cadre médiévale et sombre, prophétie inquiétante qui se réalise, fantômes sortant de leurs tombes, fuites, enlèvements, personnages tragiques, sentiment exacerbé et tout le reste. Tout ce qui deviendra par la suite les clichés même du " roman terrifiant" a été inventé dans ce roman qui s'il est très sympathique, n'est hélas pas parfait.
En effet, on a quelques défauts qui gâchent la lecture : déjà, on n'a AUCUNE idée où se passe le lieu, enfin même si grâce à quelques indications temporelles, on sait qu'on est au Moyen-Age. le problème est que les lieux sont peu décrits, même le château ne bénéficie pas d'un grande description. du coup, on a aucune image des environs dont baigne l'histoire.
Les personnages : pareil, peu de description physique, (pour Mathilde " femme très belle", merci mais un mot sur ses cheveux, ses yeux voire même sa taille ? Mince, pour Cunégonde de Candide, il y avait déjà quelques adjectif et voilà, je savais déjà comment elle ressemblait !) et surtout le gros défaut : la psychologie sommaire. Eh oui, les personnages, mêmes s'ils peuvent être émouvants, ont peu de psychologie. Les serviteurs en particulier sont assez... vides. Quelques personnages m'ont semblé un peu plus consistant comme Jacques le Paysan où encore le terrible Manfred (on remarque que les femmes ne sont pas assez développées, tiens...).
Le récit est court et c'est aussi un autre problème : on accélère les choses, on rentre vite parfois en omettant des détails et pour justifier des trucs invraisemblables , mettant des explications surréalistes ! Argh !
Et puis la fin qui est brève, abrupte !
Par contre, le roman n'est pas à jeter, ah non. Comme précisé, il est quand même resté dans l'histoire littéraire pour avoir fondé le genre, donc déjà, un peu de compassion. Cela explique tous ces défauts donc.
Ensuite, l'histoire est assez intéressante et prenante tout à fait. Si je reprochais que le récit se déroule trop vite, par contre, il nous fait entrer dans l'histoire de manière géniale.
Le côté fantastique est joliment exploité, il y a qu'avoir le casque géant (où l'auteur se permet de décrire même le cadavre du pauvre petit, eurk), les statues saignantes, les spectres flippants...
Il y aussi les personnages en proie au désespoir et/où à la folie comme le fameux et monstrueux Mandred, qui finit par tout perdre, obstiné à posséder la pauvre Isabelle.
Il y a aussi les réflexions qu'on peut en tirer : peut-on se battre contre le destin ? Comment concilier la religion et le devoir à un puissant lorsqu'on veut s'opposer au second alors qu'on ne veut pas s'opposer au premier (vous comprendrez en lisant le livre) ? Quel est le sens des ensembles de nos vies ?
Et l'écriture qui est vraiment pas mal, même si elle n'est pas proche du fabuleux style du Moine.
A lire par intérêt tout de même.
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