AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de InstinctPolaire


[ Livre reçu par l'intermédiaire de Lifly. Je remercie Yomu, Virginie Symaniec, et les éditions le Ver à Soie pour leur confiance.]

Comment résumer en quelques lignes deux parcours de vie extraordinaires ? Où commencer pour être à équidistance de chacun d'eux ?
Peut-être par un titre... Peut-être par ce " Dernier bateau pour Yokohama ". Ce bateau qui sépare pour quatre longues années parmi les plus terribles du XXème siècle une jeune femme de ses parents. Ce bateau qui quitte l'archipel d'Hawaï en novembre 1941 pour le Japon. Juste quelques semaines avant l'attaque de Pearl Harbour...
Un père et une fille séparés par L Histoire. Qui sauront ne pas lui en tenir rigueur...

Le père, c'est Léo Sirota. Grand concertiste autrichien d'origine juive. En 1928, il donne une série de concert au Japon. Il y fait grande impression et accepte un engagement de six mois pour former les jeunes pianistes japonais. La crise financière de 1929 et l'évolution politique de son pays de naissance transformeront ce voyage en un exil de 17 ans.
Devenu professeur reconnu et chef d'orchestre chevronné, il ne pâti pas des lois anti-juives que le régime nazi tente, sans succès, de faire adopter à son allié asiatique. Il en sera autrement à compté de 1941 et de l'entrée en guerre du pays. En résidence surveillée, rationné, malmené par la police politique, la vie sera dure pour cet artiste qui ne pensait pas la guerre si proche quand il monte dans ce dernier bateau pour Yokohama...
Léo retournera au Japon dans les années 60 pour y donner une ultime série de concerts. Lui qui ne s'était senti " qu'offensé " par le traitement qu'il avait subi. Sans haine...

La fille, c'est Béate Sirota Gordon. Petite fille qui passe son enfance au Japon. Japon si familier qu'elle en devient l'interprète pour ses parents. En 1941, elle entame des études supérieures aux USA. Elle y arrive avec ses parents à l'été 1941. A bord d'un autre navire, le Tatsuta Maru, resté dans L Histoire comme le dernier bateau ayant importé de la soie aux États-Unis avant la guerre... Ses parents repartiront en fin d'année pour Yokohama...
Elle retourne au Japon en 1945 dans le sillage du Général Mac-Arthur appelé à diriger le QG des Forces Alliées. Une ambition pour ce service : Rédiger la nouvelle Constitution. Acte fondateur d'une nouvelle démocratie auquel elle participe par ses recherches, ses talents de traductrice et ses convictions. Élaborée dans des délais extrêmement brefs, elle sera, selon le titre de son autobiographie, " la seule femme dans la pièce ". Elle en rédige l'article 24 qui assure l'égalité des sexes. Elle a alors 22 ans.
En 1947, elle rentre avec ses parents aux États-Unis. Jusqu'en 1991, elle deviendra une immense personnalité culturelle. Une passerelle qui organisera et présentera plus de 10 000 représentations pour faire découvrir les traditions artistiques japonaises et asiatiques aux américains. Un travail qui la fera qualifier de légende par le chorégraphe Peter Sellars.

Béate Sirota Gordon est morte le 30 décembre 2012. Presque jusqu'à son dernier souffle, elle participera à des conférences, elle donnera des interviews pour expliquer sa contribution pour l'égalité des femmes et pour son inscription dans les textes fondamentaux de pays comme Afghanistan par exemple...

" Existe-t-il aujourd'hui des gens de son calibre . " Demande l'un des auteurs...
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}