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Critique de motspourmots


"Qu'avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter cette chienne de vie ? Nous ne sommes pas plus méchants que d'autres ?" Éternelle question sans réponse pour ce superbe premier roman à l'écriture puissante et charnelle qui nous plonge dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince en Haïti. Dès la scène d'ouverture, les couleurs et les bruits vous envahissent et vous happent, vous transportent dans cette agitation quotidienne qui rythme les rues de la ville et les heures des brasseurs.

Brasser, c'est se débrouiller. Vendre ce que l'on peut pour rapporter quelques sous et gagner de quoi nourrir sa famille. Avec cinq enfants à charge, il faut brasser un peu plus, forcément. Au risque de ne pas être trop regardant sur ce que l'on vend. Pourquoi pas son corps, si c'est pour survivre ? Pour raconter l'histoire de cette famille, les voix des parents se mêlent dans une drôle de mélodie portée par une langue chaude et imagée, où l'on sent tout le poids des légendes et des traditions. le quotidien est violent et on s'arrange comme on peut avec sa conscience.

L'auteur montre les ravages de la pauvreté sur les individus réduits à un instinct de survie. Mais il le fait avec beaucoup d'empathie et refuse de renoncer à parler d'amour. Il refuse de juger et met le lecteur au défi d'en faire autant. Que ferions-nous à la place de ces parents ? Privilégier la morale ou l'estomac ? Ils sont engagés dans une spirale qui les dépasse, se persuadent en permanence qu'ils n'avaient pas le choix... Vraiment ?

"Pourquoi enfanter nous condamne à la misère ? Un acte qui procure tant de joie aux parents. Pourquoi nos enfants doivent souffrir ?" Quand la misère est là, l'enfant plaisir devient rapidement une charge. Alors dès qu'il peut contribuer, quels que soient ses talents, il est plus facile de le laisser faire. Cela donne des légions de petits trafiquants et caïds en tous genre et des nuées de prostituées.

A travers le destin de cette famille, c'est celui d'un pays abîmé et martyrisé que nous raconte Evains Wêche, et celui d'un peuple qui lutte seul pour éviter d'être englouti. C'est violent, cru mais superbement mis en scène.

Une vraie découverte parmi ces premiers romans de la rentrée d'hiver dont on parle moins et qui méritent un peu de lumière.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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