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Critique de berni_29


La Pesanteur et la grâce, il est fort difficile de parler de ce texte de la philosophe Simone Weil.
Je vais vous épargner toute analyse de ce texte, je préfère vous en faire une lecture enrichie de mon ressenti.
Simone Weil est une personnalité exigeante avec elle-même et les autres. Cela se ressent dans son écriture et sa pensée. J'ai aimé cette forme de pensée dans l'exigence d'aller sans cesse contre soi-même, ne rien céder.
J'ai découvert que le livre dont je veux vous parler n'est pas
Il semble que La pesanteur et la grâce est sans doute le livre le plus connu de Simone Weil. Or, il n'est pas réellement d'elle, du moins pas tout à fait sous cette forme...
La pesanteur et la grâce est sans doute le livre le plus connu de Simone Weil. Le titre n'est pas d'elle même si les mots sont d'elle, le choix des textes n'est pas d'elle mais celui d'un ami auprès duquel elle avait confié ses cahiers, Gustave Thibon, philosophe qui l'avait hébergée chez elle.
Le texte, tel qu'il nous est livré, fut publié après la mort de Simone Weil, survenue en 1943. Il est un recueil de plusieurs textes, classé par thèmes. Découvrant la pensée tumultueuse de Simone Weil, il n'est pas certain qu'elle aurait fait elle-même ce choix
C'est un texte à la fois séduisant, déroutant, exigeant.
Pourquoi séduisant ? Cette idée d'une grâce qui peut nous toucher, du moins si nous en faisons l'effort, l'effort pour tenter de l'atteindre est en effet fort séduisante. Simone Weil nous montre une forme de chemin. J'aime cette idée de quelque chose de plus grand que nous qui nous pousse à grandir, l'idée d'une grandeur et pourquoi pas spirituel me séduit... Laïc assumé s'agissant de la vie de la cité, agnostique par ailleurs s'agissant de mon cheminement personnel, l'idée d'une spiritualité ne me semble pas contradictoire avec mes valeurs fondamentales. Simone Weil m'a réconcilié avec parfois mes questionnements.
Effectivement, parfois je me pose des questions dans cette dichotomie entre laïcité et spiritualité. Il pourrait y avoir des déchirures. Chez moi je tente d'en faire des chemins et je tente d'en faire bien la part des choses.
Oui, la lecture de ce livre m'a aidé, m'a réconcilié avec quelques doutes sur mes cheminements. Quelle richesse, la pensée de cette femme ! Totalement toujours elle-même en contradiction avec sa pensée, une pensée contre elle-même... Mais parce qu'en même temps elle décortiquait tout, toute pensée jusqu'à l'os.
Lire Simone Weil, c'est un peu entrer dans une zone d'inconfort, entrer dans la tempête, mais c'est aussi prendre le risque de peut-être se régénérer, penser contre soi-même...
J'ai aimé cette idée de la grâce et de la pesanteur qui font partie de nos vies.
Mais c'est quoi la grâce ? Simone Weil nous dit que la grâce est un don sans condition sans raison sans mérite, c'est une faveur, une bénédiction qui nous est accordée. La grâce, c'est accorder quelque chose à quelqu'un sans que cela ne lui soit dû.
Simone Weil nous dit que l'attention, l'attention à nous aux autres, est une manière de favoriser cette grâce.
À l'inverse, posséder c'est souiller. Aimer purement, nous dit Simone Weil, c'est consentir à une forme de distance.
L'attention, la pureté, c'est une façon de dénoncer la volonté de puissance, l'exercice de la puissance. C'est donc un texte actuel. Lu dans le contexte actuel, j'ai ressenti que ce texte ne prenait pas une ride, était plus que jamais actuel.
L'attention nous arrache aux tentations idolâtriques. Elle est abandon à la grâce.
L'attention nous déconstruit et nous reconstruit.
J'aime ces paroles écrites dans les années 40, déconnectées des textes de développement personnel qui affluent plus que jamais, surtout en ce moment.
Il s'agit d'accueillir, faire le vide dans sa pensée, ajourner ses idées, avoir un éclair d'attention.
Il faut former les éveils à cette attention.
Peut-être qu'il y a quelque chose à retenir pour l'école, les élèves, apprendre et cultiver l'attention.
Attention, oui mais à quoi ?
A la vérité. Dans son rapport au bien. Elle est attente. Attente de la vérité qui est bien.
Bien sûr, Simone Weil évoque Dieu... Son image est celle d'une philosophe marquée par la religion. Or, il n'en est rien.
Dans son travail d'exigence, elle est sans concession avec la religion, juive ou chrétienne...
Elle a une idée d’un Dieu épuré et non providentiel.
Elle croit en un athéisme purificateur, passage nécessaire qui conduit à un Dieu épuré, vide de toute idolâtrie.
Simone Weil nous dit que Dieu s'est retiré du monde après la création de ce monde, mais que Dieu, en se retirant du monde, fait venir un espace neuf à combler...
J'aime cette idée...
Je retiens de cette lecture que la grandeur ne peut être que spirituelle. Simone Weil nous révèle que nous avons besoin de grandeur, de choses plus grandes que nous, il ne faut pas placer la grandeur au mauvais endroit car cela mène à la barbarie. Il faut chercher une grandeur spirituelle.
À chacun d'y mettre les mots, les gestes, les actes, qui peuvent nous permettre d'être plus grands que nous, individuellement ou collectivement...
Ce texte est farouchement d'actualité.
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