AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LightandSmell


Vous ne voyez pas très souvent le mot coup de coeur apparaître sur ce blog et pour cause, je n'en ai quasiment jamais, alors je suis heureuse de vous annoncer que cette BD l'a été. Dans une atmosphère aux teintes mauves, exaltant la douceur et la puissance des souvenirs, les lecteurs découvrent une magnifique histoire teintée de nostalgie, de douleur, mais aussi de bonheur.

Joies, peines, heureux et tragiques événements, émotions, espoirs... Fantine dessine et écrit ce qu'elle vit et ressent depuis qu'elle est enfant. Des partages qu'elle transforme depuis des décennies en magnifiques oiseaux en origami, qui ont d'abord envahi l'espace familial, avant d'être exposés dans une volière construite par son défunt et regretté mari. Page après page, nous découvrons, aux côtés de sa petite-fille, et grâce aux oiseaux en origami qui, une fois déployés, nous offrent une belle plongée dans le passé, l'histoire de cette adorable et bienveillante grand-mère.

b0ccbgxh4h.01.s008.jumboxxx-2

D'emblée, j'ai été touchée par la magnifique relation intergénérationnelle unissant Fantine et Louison, la grand-mère et la petite-fille étant extrêmement proches et complices. Les nombreuses scènes pleines de pudeur, et pourtant incroyablement fortes, qui retranscrivent leur amour m'ont profondément émue. Cela passe autant par leurs échanges pleins d'amour, de compréhension et d'acceptation, que des petits gestes tendres qui en disent beaucoup. de ce lien fort et unique, les lecteurs s'en font les témoins privilégiés et émus, d'autant que si cet amour familial est important en soi, il devient une force indispensable pour permettre de surmonter les épreuves…

Le sentiment de perte est, en effet, présent, sans être pesant, qu'il s'agisse de la perte d'un être aimé, ou de la perte symbolique d'une mère trop enfermée dans sa propre douleur pour s'occuper de sa fille. Ainsi, avec beaucoup de sensibilité, Valérie Weishar Giuliani nous permet de faire le parallèle entre les deuils subis par trois générations de femmes d'une même famille. Celui de Fantine pour son mari, qu'elle a surmonté seule grâce à ses oiseaux de papier, oubliant que sa fille, bien qu'adulte, aurait eu besoin de traverser cette épreuve à ses côtés. le deuil de sa fille pour un mari parti trop tôt dans un accident de voiture, il y a 6 mois. Un deuil qu'elle n'arrive pas à faire, obligeant Louison à jouer le rôle de parent quand cette adolescente aurait tellement eu besoin de l'épaule de sa mère pour partager sa propre peine.

Finalement, Fantine et sa fille se ressemblent plus qu'elles ne le pensent dans la gestion du poids des absents. Une prise de conscience que l'autrice leur permet de faire sans jamais les brusquer. Elle rappelle également avec une certaine délicatesse, que si on a le droit d'être triste, il est important de ne pas s'oublier dans son propre désespoir, a fortiori quand on a dans son entourage des personnes qui ont besoin de nous. À cet égard, difficile de ne pas être touchée par Louison qui doit s'occuper de sa mère, dont la vie est comme en suspens, en plus de devoir panser son propre coeur et d'affronter une source d'angoisse supplémentaire. Cette adolescente suscite compassion, bienveillance et beaucoup d'admiration, en plus de servir de liant entre cette grand-mère qu'elle adore et qui la soutient, et une mère qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. À moins que les souvenirs du passé ne permettent d'éclairer le présent…

Si le thème du deuil est en trame de fond, La volière aux souvenirs est une ode au pouvoir cathartique du partage, qu'il passe par les mots que l'on couche sur du papier, des dessins dans lesquels on se dévoile, ou ces instants précieux passés avec les gens que l'on aime. C'est aussi une magnifique histoire de souvenirs qui refusent de rester couchés dans un tiroir, préférant s'exposer poétiquement sous forme d'oiseaux de papier qu'il suffit de déployer pour s'en imprégner. Et c'est, enfin, une douce et poétique relation intergénérationnelle entre une grand-mère et sa petite-fille, qui rayonne au-delà du papier pour se nicher profondément et durablement dans le coeur des lecteurs.

Bienveillance et amour viendront illuminer cette BD d'une grande douceur, dont les tendres illustrations nimbées de nostalgie heureuse, se révèlent parfaites pour faire le pont entre passé et présent, entre douleur et bonheur, et refléter la croyance en un avenir baigné de chaleur. Merci à Valérie Weishar Giuliani et Nina Jacqmin pour ce coup de coeur qui allie la beauté et la sensibilité du fond à l'expressivité et la chaleur de la forme.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}