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Critique de chocobogirl


Il y a des pays qui fascinent. Pour Astrid, c'est la Russie. Il y a quelques années, l'auteur nous avait déjà conté sa rencontre avec le peuple des nenets dans Au bord du monde, un récit qui m'avait véritablement passionné. Aujourd'hui, elle nous revient avec un nouvel ouvrage où elle déroule encore une fois son amour pour les terres russes et pour ses hommes aussi.

En 2010, Astrid part une nouvelle fois en Russie. Elle a décidé de retourner à Tcheliabinsk, une ville qui était autrefois le berceau de l'industrie métallurgique. Une ville pleine de symbole, où elle a connu surtout une belle histoire d'amour avec Micha, un jeune chanteur de rock qui a continué de la fasciner même après son expulsion du pays. Une histoire arrêtée en plein vol qui la pousse 15 ans après à retrouver Micha. de fait, le jeune homme est toujours là. Il a peu changé, toujours volage et semble montrer un intérêt limité à son ancienne amie. C'est la déception pour Astrid qui, amère, décide de partir au coeur de l'Oural pour un voyage qui devrait la mener du Nord au Sud, en compagnie de Dima, un ami de Micha. Un voyage à la rencontre de cette nouvelle Russie, revenue des mirages du communisme, qui tente de se trouver un nouvel équilibre entre capitalisme à outrance et pauvreté extrême. Un voyage à la rencontre d'elle-même aussi qui permettra à la jeune femme de grandir, d'oublier le passé pour mieux appréhender l'avenir.

Astrid Wendlandt est une femme assez fascinante. Elle semble aller au bout de ses envies, de ses passions et ne craint pas l'échec malgré la peur. Elle s'envole donc vers le passé, retrouver un Micha fantasmé. Elle devra faire son deuil : celle qu'elle a aimé n'est plus. Ou plutôt, il est toujours le même, tandis que notre voyageuse porte un oeil différent sur les choses, riches de ses nombreuses expériences. La confrontation avec la réalité est rude. Astrid nous confie sans fards ses sentiments, sa douleur et ses déceptions. le récit est très introspectif et nous plongeons dès le début dans cette histoire d'amour qui n'est pas la notre alors que nous aimerions qu'elle nous parle de la Russie. Cette dernière pourtant se dévoilera plus tard, peu à peu, dans le voyage au long cours qu'Astrid entreprend. Un voyage destiné à oublier le passé, avec un compagnon de voyage pas forcément facile, ni très causant.
Cheminant dans une vieille voiture cabossée, Astrid et Dima vont découvrir l'Oural. Une terre multiple où se mélange des villes au passé métallurgique déchu, comme Magnitogorsk où la population survit péniblement avec de rares ressources et où la corruption a pris le pas sur les lois, à des lieux spirituels comme Arkaïm où les croyances d'autrefois continuent de survivre. Une étrange chamane prédit à Astrid qu'elle sera mère d'ici un an. A l'image du cheminement intérieur d'Astrid, on passe de l'ombre à la lumière. Elle apprend à apprécier Dima, à oublier Micha, à faire le tri entre ses rêves, ses envies, ses attirances. Et la Russie, toujours là comme une mère protectrice, semble lui rendre la confiance et l'optimisme vers l'avenir que la jeune femme attendait. Sa quête se termine à Alexandrovka, un éco-village où l'utopie se matérialise en mode de vie auto-suffisant, loin des contraintes sociales et pécuniaires.

Voyage au coeur de la Russie, à la rencontre de ses habitants aussi divers que le pays lui-même, l'Oural en plein coeur émeut. La quête un peu naïve de cette jeune femme amoureuse se transforme peu à peu en une ouverture vers le monde, vers l'autre qui se matérialisera de manière significative pour Astrid. Son regard contrasté sur les choses et son envie de partage permet au lecteur de découvrir un pays en butte à l'autorité, aux problèmes d'argent, à la difficulté de se trouver dans une société minée par la corruption et le chacun pour soi.
On aurait peut-être aimé que l'aspect personnel ne prenne pas le pas sur le récit de voyage que l'auteur nous offre mais il semble finalement indissociable du cheminement intérieur qui veut que la Russie après sa chute trouvera à se relever grâce à ses habitants, certainement une de ses plus grandes richesses.

Comme Keisha, j' attendais plus de ce récit qui m'a semblé prenne son envol assez tardivement. Pourtant à rebours, je garde une image forte et lumineuse de cette femme, de son parcours qui me fait dire qu'il est bon de s'égarer dans ses lignes.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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