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Critique de Tandarica


Le communiqué de presse qui accompagnait ce livre reçu dans le cadre d'une opération masse critique et pour lequel je remercie chaleureusement l'éditeur mentionne dans la catégorie « genre » : « Narrative Nonfiction ». Voici donc 336 pages que j'ai littéralement dévorées, tant le sujet est intéressant. C'est un travail d'investigation de grande qualité que l'auteur a terminé, selon la dernière ligne du livre, le 30 mars 2016. Pour le synopsis je renvoie dans un premier temps à la présentation éditeur qui me semble très bien construite. Je ne connaissais rien sur les Moluquois avant cette lecture édifiante à plus d'un titre sur le combat mené par eux pour l'indépendance de la République des Moluques du Sud. Leurs actions terroristes aux Pays-Bas sont tracées symboliquement sur une carte en page 23 (5 prises d'otages en 1975, 1977 et 1978) et décrites, analysées et commentées tout le long de l'ouvrage. Pour comprendre brièvement qui sont le Moluquois je cite un assez long passage (p. 61-62) :
« Leurs pères étaient officiers dans la Koninklijk Nederlandsch-Indisch Leger, (l'armée royale des Indes néerlandaises) ou KNIL, fidèle à la Maison d'Orange. Pendant les "actions policières”, deux guerres coloniales en 1947 et 1948, fidèles à leurs maîtres hollandais, ils ont vaincu les combattants pour l'indépendance. Leur position a basculé quand, en 1949, l'Indonésie s'est libérée du joug des autorités néerlandaises. Les Moluquois, dans leurs uniformes de la KNIL, ont alors été précipités du mauvais côté de l'Histoire : chrétiens dans un pays musulman, et collaborateurs de l'ennemi chassé du pays. La plupart des officiers moluquois souhaitaient être démobilisés à Ambon, la République autoproclamée des Moluques du Sud mais, en décembre 1950, ce minuscule État, la RMS, fut, après une courte période d'existence de sept mois à peine, violemment repris par le nouveau pouvoir indonésien.
En 1951, sur ordre de l'armée, les militaires de la KNIL, n'ayant d'autre échappatoire, embarquèrent pour Rotterdam, eux et leurs familles. Une solution provisoire, selon les autorités. Sur le quai, à peine descendus de la passerelle, les militaires furent informés de leur licenciement avec effet immédiat. En l'espace d'un instant, ils se retrouvèrent dégradés, chômeurs et apatrides. Ce groupe de 12 500 âmes fut dispersé à travers le pays sans plus de cérémonie, relégué dans les baraquements, notamment les anciens camps de concentration nazis de Vught et Westerbork.»
Suit un travail complexe de recherches et de réflexion sur les implications socio-politiques de ces actions terroristes qui comporte des comparaisons, notamment avec la Tchétchénie, mais pas uniquement.
La conclusion du livre est, en peu de mots, celle de la page 315 : « "La police protège la démocratie. Dans les situations d'urgence, elle intervient en s'imposant. Là où d'autres reculent, les hommes de la police avancent. Par la violence s'il le faut.”
Tandis que je recopie ces lignes, j'ai envie de les compléter. Je me rends compte que le policier est aussi un verbalisant. Il rédige des procès-verbaux. Il ramène une situation de violence à des mots, que le juge confrontera à la loi. La langue n'est pas le tissu conjonctif d'une société libre et ouverte, elle en est la musculation.
L'épée ne peut se passer des mots. Mais l'inverse est vrai également : la plume a besoin de l'épée. Un attentat est une tentative d'aliénation collective, de prise en otage. La réponse de Mahatma Gandhi – climb to the moral high ground and cling to it (affirmer sa hauteur morale et s'y agripper) – ne suffit pas, mais celui qui ne l'applique pas tombera inévitablement.»

Je conseille vivement cette lecture.
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