AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de isabroot


Voici une très singulière fresque familiale, tragique et poignante, mais aussi pleine d'humour, dont le destin et la voix des protagonistes ne vous lâchent plus. L'histoire de la famille Toimi, qui vit dans une ferme à l'extrême nord de la Finlande, composée de 14 enfants (dont 2 décédés), de la mère Siri, aimante, courageuse et soumise, et du père, froid, dur et perpétuellement en colère. le roman se construit sur les 9 mois de grossesse d'Annie, l'aînée de la famille, qui vit à Stokholm et revient fêter Noël avec les siens à la fin des années 80. Annie qui a toujours su qu'elle partirait un jour loin de la ferme, loin des tensions et de la violence familiale. Mais cette année, les ainés se sont assigné une mission : convaincre leur mère qu'elle doit divorcer. La bestialité et la méchanceté de leur père ayant atteint, selon eux, les limites du supportable. Mais selon Siri ?
Le roman met en lumière chacun des membres de la famille l'un après l'autre, y compris le père, taiseux mais capable d'écrire à sa femme une longue lettre. L'histoire familiale se reconstitue et défile dans un récit dense et bouleversant, selon le vécu et la sensibilité des uns et des autres. Les (nombreux) secrets de famille font surface et éclairent les mécanismes de fonctionnement du clan. Comment le père est-il devenu cet être sauvage, violent et despotique, tandis que la mère, rayonnante d'amour, porte la famille à bout de bras ? La diversité des caractères et du vécu de chacun des enfants (selon leur âge et leur place dans la famille) permet d'appréhender l'histoire dans toute sa subtilité et ses nuances. Se dessine alors cette tragédie intime, qui s'est jouée bien avant la naissance des enfants encore envie et continue de torturer les parent, l'un de ces innombrables accidents de vie comme il en arrive tant, particulièrement à une époque et dans une situation sociale difficiles. La mort d'enfants.
L'originalité de ce roman tient dans le contexte géographique, une ferme isolée dans une région rude et recluse, à la frontière avec la Russie, durement touchée par la seconde Guerre mondiale, puis soumise à l'URSS durant la Guerre froide. Les lieux de la tragédie, reclus dans une solitude qui a gelé le passé, poursuivent la famille comme une malédiction. La forme du texte est aussi particulière, avec ses didascalies au tout début du récit et de chacun des chapitres, comme pour une pièce de théâtre. Ces introductions qui dévoilent le contenu du chapitre sans en dire trop créent l'interrogation et l'expectative. Les expressions anglaises qui parsèment le récit marquent un décalage entre la voix narratrice, très présente, et celle des protagonistes. L'humour enfin, acéré et cynique, permet d'alléger un propos souvent grave. L'écriture est concrète, précise, parfois volontairement elliptique, certaines évidences se laissant deviner seules. L'écriture s'arrête là où commence l'imagination du lecteur qui n'a plus qu'à relier les fils.
Commenter  J’apprécie          121



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}