Petit éloge des cafés

Il y a le café du coin de la rue, le bistrot de passage, celui des vacances. Les grands cafés de Paris et d'ailleurs dont les murs ont été les témoins d'une bonne partie de la vie littéraire, voire de moments de la grande Histoire. Léa Wiazemsky en fait le fil conducteur d'une balade dans le temps et dans ses souvenirs, souvent heureux mais aussi douloureux. Question de moments, de rencontres, de confidences échangées, de chagrins consolés. Les noms défilent, célèbres ou moins. On y puise quelques repères historiques, de l'origine de la boisson dont ils tiennent leur nom au développement des différents établissements qui deviendront l'emblème de Paris. On y a fomenté des discours de Révolution, signé des traités, palabré pendant des heures. On y a écrit des romans, des pamphlets, des chansons, on en a fait des décors de cinéma pour célébrer le lien, l'amitié, la convivialité ou sceller des ruptures. L'autrice y parle d'elle, bien sûr, de ses célèbres parents mais elle accueille aussi d'autres témoignages d'amis qui disent leur bistrot préféré ou racontent un souvenir particulièrement fort dans l'un d'entre eux. Chacun reconnaitra des lieux qu'il a fréquentés ou aura envie d'aller voir s'ils existent toujours. Mais surtout, ce tour d'horizon stimule la propre mémoire du lecteur amoureux des troquets, le ramène à ses propres souvenirs, ses émotions, des moments particuliers au comptoir ou attablé au fond d'une salle enfumée à l'époque où.
L'exercice en lui-même est forcément restrictif, il ne s'agit pas d'une encyclopédie ou d'une histoire exhaustive des cafés, mais plutôt d'un récit très personnel qui en inspire un autre, celui du lecteur. Personnellement, comme l'un des invités de ce livre l'explique, je n'ai pas de machine à café chez moi, pour moi le café se boit au café. Alors des souvenirs, j'en ai et certains me sont d'ailleurs revenus lors de cette lecture. Ainsi, chacun en fera une lecture différente, personnelle voire intime.