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Critique de Exuline


Dorian Gray, jeune homme de l'aristocratie londonienne à la fin du XIXème siècle évolue de cercles intimes en cercles intimes. Ah cette fameuse aristocratie qui ne travaillait pas réellement, dépensait sans compter l'argent de leurs proches parents, et déblatérait à longueur de journées et de nuits sur l'art, la beauté, la place de l'homme et de la femme, tout ça entourée par un nuage de fumée un verre à la main .

Nous découvrons ce personnage à travers les yeux de Basil Hallward, jeune peintre talentueux qui voit la beauté du corps de l'âme de ce jeune adolescent ,et décide de se l'approprier d'une certaine manière en réalisant son chef d'oeuvre, une oeuvre de plein pied qui montrera à jamais la beauté et la jeunesse. J'ai véritablement apprécié ce personnage fasciné par l'esthétisme du corps de son Appolon. Il en est fou, au point qu'il cherche à le cacher à son ami Lord Henry dit Harry. Basil incarne l'amoureux transit, un amour qu'il garde pour lui comme il garde sa douleur lorsqu'il offre la plus belle de ses pièces à son modèle. Cet amour n'est pas charnel, pas démonstratif, c'est seulement l'amour de la beauté, du ravissement des sens, de l'impossible, un amour platonique, mais pourtant va bruler ses doigts puisque jamais plus il ne peindra une oeuvre équivalente.

Mais Basil n'est pas le seul qui va se bruler, Dorian lui même va se consumer de l'intérieur, lui l'adolescent qui ne connaissait pas le pouvoir de sa beauté va embrasser son image à travers les yeux de Basil et de Harry, s'aimant lui-même, aimant le beau, incapable d'aimer une femme car toujours il trouvera l'imperfection en l'être humain.

Le déclencheur de sa métamorphose psychologique est sa rencontre avec Harry, un peu dans le genre Harry, cet ami qui vous veut du bien. Non, ce personnage va insidieusement faire basculer Dorian du côté obscur et lui faire prendre le chemin pour lequel il était pas initialement prédestiné. Comme quoi une rencontre au hasard peut tout changer. Dorian va changer, mais pas son apparence, laissant le soin à son image artistique le soin de se déformer à sa place. Dorian ne vieillira plus, ne changera jamais d'apparence, sa beauté sera éternelle jusqu'à sombrer dans la folie.

Ce roman, classique dans le genre fantastique à l'égal de "La peau de chagrin" d'Honoré de Balzac, est sans aucun doute un texte pas facile à lire. Je le disais un peu plus haut, les déblatérations sur la beauté, l'art, l'esthétisme sont très souvent assommantes, l'amour des belles choses conduit les personnages à en parler pendant des heures et des heures nous perdant régulièrement dans un siècle qui n'est plus le notre. Les valeurs de la famille, de l'épouse, des amis, ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui, heureusement le temps fait son oeuvre et "c'était le bon temps" n'est plus d'actualité. Mais voilà, on comprend l'emphase de ce siècle qui est passé où chaque mot était choisi, réfléchi et bien mis ajoutant indubitablement de la lourdeur au texte mais incontestablement le rend beau.

Et pourtant, Oscar Wilde met en avant dans ce texte des évidences qui m'ont fait régulièrement m'arrêter dans ma lecture pour partir moi-même dans mes propres réflexions : sur le passage des générations qui s'interroge comme depuis des siècles et des siècles sur l'amour, le vieillissement, la mort et la beauté.

Un livre que je n'ai pas particulièrement apprécié, mais qui reste cependant un classique du genre et je n'aurais pas aimé passé à côté.
Lien : https://exulire.blogspot.com..
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