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Critique de CarlmariaB


Hoke Moseley, sergent de la police de Miami, vit dans une chambre d'hôtel minuscule où personne ne fait jamais le ménage et tous les soirs il met ses dents dans un verre.
Charles Willeford est mort en 1988 et Miami Blues, son premier grand succès a paru quatre ans avant. Il a écrit quatre romans dans la série du flic Hoke Moseley, comme si Ed Mc Bain était mort après la quatrième enquête de Steve Carella, au lieu d'en écrire cinquante-trois. J'aurais adoré qu'il me reste cinquante-deux histoires de Hoke Moseley à lire! Willeford aime la littérature et il en parle dans ses polars; ici les Haïkus animent les conversations entre Freddy, ex-taulard culturiste, Susie qui fait des passes et qui voudrait étudier, et les flics. Et tout le monde compte les pieds : 5-7-5. Willeford, comme Susie, rêvait de fac de lettres. La fac a renvoyé Willeford quand elle a compris qu'il n'avait pas le bac. Il est retourné ferrer des chevaux. Bien plus tard, après trois romans, l'Université de Miami l'a accepté. Willeford fait tout un peu plus tard que tout le monde. Il rate son départ, à l'instar de son flic qui fait réellement son entrée dans le roman un peu plus tard que tous les flics de romans. Seul dans la tête du malabar taulard pendant 60 pages magnifiques, le lecteur prend de l'avance sur l'inspecteur. Une ironie dramatique relative et jouissive. On sait ce qui attend Hoke quand Freddy croisera sa route. Cent pages plus loin on quitte Hoke pour retourner là, où, lecteur infâme et honteux, on est vraiment mieux: dans la tête du voleur, ce balèze, malin et complètement idiot. Malin dans sa logique limpide de machine violente, persuadé qu'il va y arriver; complètement idiot, parce qu'il ignore le contexte : Miami, où il vient de débarquer ; la vie mystérieuse des gens honnêtes, quand on a passé toute sa vie entre la maison de redressement de Whittier et la San Quentin State Prison, où Johnny Cash ne jouait pas tous les soirs. Freddy voit juste, mais tout est faux. Willeford disait « écrivez la vérité et ils diront que c'est de l'humour noir ». Miami Blues est un mille-feuille : 100 pages brillantes, 100 pages molles, 100 pages brillantes. Et ça s'arrête là. Mon Haïku à la mémoire de Freddy :

Le soleil se lève
Si la merde est ton destin
Il se couche quand même
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