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Critique de Mimi6231


Dramatique, glauque mais pas gorre. Une écriture très adaptée. Une réussite

Dans un quartier délaissé de Bordeaux, non situé dans le temps mais que nombre d'objets utilisés permettent de placer à notre époque, des enfants meurent, disparaissent ou se retrouvent estropiés. Ce monde côtoie l'opposé, le monde des affaires. Quels liens entre eux ? Pourquoi la police semble délaisser totalement cet autre monde ?

Quelques premières lignes m'ont agacé, en raison de leur destructuration grammaticale très en vogue.
Les premières pages ont capté mon attention.
Les premiers chapitres m'ont entraîné dans l'histoire.
La suite m'a rendu dépendant jusqu'à tourner les pages avec une immersion croissante, une curiosité dévorante pour savoir quel serait le devenir de cette micro société, pour connaître le dénouement.

Les personnages, bien campés, différenciés, prennent aisément vie entre les lignes.
L'écriture nerveuse, parfois heurtée et heurtante, voire impétueuse, colle parfaitement à la nature du récit, à l'ambiance, aux personnages bien souvent aux aguets, sur le qui vive, ayant besoin de s'adapter rapidement à une situation. "Nicholae se fichait royalement de savoir où il allait dormir, question oiseuse quand le futur est un concept indéfinissable et se construire un présent une entreprise extrême".

Le sujet glauque, plonge dans les misères les plus profondes, les abjections les plus sinistres et pourtant l'écriture n'est ni lourde, ni pesante, ni angoissante. Peut-être cela tient-il au fait qu'il n'y a aucune recherche de dramatiser une situation, qu'il s'agit là juste, malheureusement, d'un récit reflet.
De surcroît, de jolis passages mélangés à une forme d'humour amer mais non désespéré, ne sont pas rare, dans un style plutôt marqué où l'on devine des inspirations d'Audiard ou Dard.
"Les bulldozers n'ont pas épargné la zone pavillonnaire : des maisons éventrées tiennent encore debout par habitude, qui laissent entrevoir leur intimité toute pudeur perdue en papier peints à fleurs, placards béants, pot de chambre oublié sur un lambeau de plancher."
"Il ne considérait pas la grammaire comme un complot du gouvernement destiné à tuer le rap."

L'ensemble est très noir mais sans complaisance, on côtoie les bas fonds mais malgré tout règne une forme de solidarité, une idée de l'honneur, une volonté de dignité. A cela s'oppose une caste sociale brillante en apparence mais profondément noire une fois le vernis enlevé, sans oublier ceux navigant entre ces deux mondes, pour les faire communiquer, l'un au détriment de l'autre.

Pour moi, une superbe découverte d'auteur, quasi un coup de coeur. Un auteur dont je vais lire d'autres ouvrages.
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