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Critique de frandj


Pendant son parcours d'internat, une jeune femme nommée Jean Atwood doit faire un stage en gynécologie médicale. Très brillante, elle a une mentalité de "mec" et porte en elle une féroce ambition. Elle aurait espéré se former avec un patron bien plus prestigieux. C'est donc avec arrogance qu'elle se présente au docteur Franz Karma, le responsable du petit service où elle a été affectée. Elle est très énervée par tout ce qu'elle observe. Elle ne dit presque rien, mais les réactions très grossières se bousculent dans sa tête. Elle est irritée par la proximité du personnel avec le médecin. Mais surtout la pratique de F. Karma, dans ses consultations, va à l'encontre de ses conceptions: il examine à peine les patientes et prend énormément de temps pour les écouter. Pour Jean, la médecine doit être efficace, technique, expéditive. L'opposition entre ces deux points de vue étant flagrante, il semble presque impossible à Jean de travailler avec Franz. Pourtant elle continue son expérience dans le service, en traversant divers conflits. Peu à peu elle finit par comprendre la justesse d'une approche thérapeutique "soft", qui lui était tout à fait étrangère au début. Elle en arrive à renoncer à d'alléchantes propositions qu'elle avait convoitées autrefois. Vers la fin du roman, le récit prend un tour inattendu: il s'agit d'une sombre histoire familiale (ancienne et compliquée), dans laquelle Jean Atwood et Franz Karma sont tous deux personnellement impliqués.
J'ai déjà lu, de Martin Winckler, "La maladie de Sachs", un autre roman où un médecin joue le rôle principal et que j'avais beaucoup apprécié. On retrouve dans "Le choeur des femmes" le même type de personnages: en particulier un héros positif, presque idéal, avec juste ce qu'il faut de (petites) faiblesses pour le rendre très humain et attachant. A l'inverse, la jeune Jean apparait d'abord comme une "tête à claques", avant d'évoluer dans le bon sens (comme il se doit…) et de contribuer à un "happy end". Mais justement, même si des personnages de ce type peuvent se rencontrer dans le monde de la médecine, ils ne sont pas vraiment représentatifs et me semblent peu réalistes. de même, on ne saurait trop encourager les médecins à prendre du temps avec leurs patient(e)s; mais c'est une image d'Epinal que nous peint M. Winckler - me semble-t-il. A trop vouloir prouver, on finit par ne pas convaincre.
Autre reproche: le manque de concision. Sincèrement, je pense qu'il n'était pas nécessaire d'écrire près de 600 pages sur ce sujet. Quant à la fin du roman, je suppose que l'auteur a voulu donner un éclairage particulier sur Jean - qui m'apparait comme un "prototype" sans réelle épaisseur, plutôt qu'un personnage réel décrit avec les nuances que j'aurais espérées. Mais ce dénouement est bizarre et même raté, à mon avis.
Après toutes ces critiques, je dois quand même écrire que j'ai aimé certains passages du livre, notamment ceux où les patientes ont la parole et s'expriment avec une authenticité qui me semble généralement indiscutable et émouvante. Bien sûr, de tels témoignages peuvent être trouvés ailleurs que dans un roman. Mais ils donnent un poids d'humanité à ce choeur des femmes. Et j'ai maintenant le désir de relire "La maladie de Sachs", pour me refaire une opinion.
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