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Critique de Thelmalit


Parfois les premiers romans sont des coups de maître. Celui-ci est d'un cynisme furieux, complètement déjanté et très drôle. Je ne sais pas comment @kingakowska réussit à camper des personnages aussi détestables et pourtant, malgré tout, attachants.

Elle nous emmène dans un huis-clos impitoyable. On voit venir le dérapage sans parvenir à le questionner. C'est énorme et pourtant c'est crédible.

Inspirée d'une histoire vraie, celle des reclus de Montflanquin, elle dresse le portait d'une grande famille bourgeoise, dysfonctionnelle comme elles le sont toutes et pétrie d'un mélange de complexes et de haute estime de soi.

Voici les Simart-Duteil.
Voici Isabella, la mère, ancienne beauté fatale, qui lutte contre les ravages du temps et règne sur ses enfants, maintenant que Claude, le patriarche, magnat des autoroutes, est décédé.

Voici Paul, l'aîné mal aimé, enfant jadis replet, dont le coming-out adolescent est accueilli avec consternation et qui depuis cherche l'amour en tant que journaliste, chroniqueur et influenceur d'extrême-droite. Il lui faut des likes, le respect des médias, il faut qu'il existe.

Voici Clothilde, la petite soeur, qui aurait pu devenir comédienne mais s'est mariée jeune, a eu 3 enfants et depuis s'emmerde.
Hypocondriaque, elle instagramme des muffins entre 2 séances de masturbation pour rester vivante, un peu.

Voici Samuel, l'enfant chéri, choisi par les parents, chirurgien esthétique fétichiste du nez.

Et voici un jour, Feras, le fils caché, syrien qui cherche à rejoindre la France et compte sur la famille.
A partir de là, ça déraille.

Paul se met en tête de lancer sa chaîne YouTube de potins politiques, Clothilde veut donner sa vie aux migrants de Lesbos et Samuel opère une Youtubeuse beauté en fantasmant sur son nez.
C'est le début de la fin.

Un portrait corrosif du poids de l'enfance, de la xénophobie confite, de la peur de l'autre et de la dictature de l'image.
La peinture acide d'une époque où l'intelligence est en jachère, ou l'analyse s'efface devant le buzz sur fond de 2015.

Jusqu'au huis-clos et au twist final qu'on ne devine absolument pas.

A lire, atterrée, comme une pièce de théâtre ou un très bon film.
Lien : https://www.instagram.com/tu..
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