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Critique de Melopee


Mariah Kin Santos vit avec sa mère dans l'innocence de l'enfance. Coral, sa mère, est celle qui la berce de mots et lui enseigne leur musique. La petite fille ne voit pas la profonde dépression dans laquelle sa mère plonge. de plus en plus isolée, celle-ci décide de partir arpenter les routes afin de donner un sens à sa vie. Elle laisse Mariah, âgée de 7 ans, chez ses tantes dans le Sud, en Géorgie.

Entre tante Faith au caractère entier et intraitable et tante Merleen, plus compréhensive mais néanmoins étrangère, la fillette se cramponne aux mots maternels glissés dans les poches par le passé. de la quête de soi censée ne pas s'éterniser, Mariah guette le retour dans la peur de l'abandon et tente de trouver des causes à la perte incompréhensible de l'être aimé. Jour après jour, Mariah épanche la souffrance sur ses cahiers d'écolière, sur les murs et sur le goudron qui jalonne ses pas. L'espoir demeure mais l'attente se fait plus pesante. La fillette s'imprègne de son nouveau domicile : elle découvre la musique, la ségrégation imposée aux Noirs dans le vieux Sud. A l'épreuve du racisme, elle appose un flegme et une attitude bien adulte et déjà inflexible. Puis vient le temps des premiers émois où le corps prend le dessus sur l'esprit.

Mariah cherche à recoller les débris de passé et vient à évoquer son père avec qui elle parvient à renouer. Lui, surnommé Matisse est peintre à Los Angeles. Il est la face cachée qui redonne un semblant d'ordre familial à la vie chaotique de notre adolescente fragilisée. Son premier cadeau, un dictionnaire donne le ton du pouvoir des mots inconnus qui sont tout un symbole sur le renouveau à venir. Mais l'arc-à-ciel après la pluie est souvent éphémère et l'averse n'est jamais loin.

Je vais peut-être en attirer plus d'un(e)s si je vous dis que ce livre m'a fait penser à Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. de un car il met en lumière le racisme dont ont fait l'objet les Noirs dans le Sud traditionaliste des États-Unis. Enfin, ce point de vue de petite fille pour conduire la narration est un autre point commun qui donne une force indéniable au récit.
J'ai trouvé que l'histoire regorgeait de poésie et on sent qu'effectivement Shay Youngblood est accrochée à l'esthétique des mots, à leur consonance et à leur signification. Je pense que c'est un livre qui devrait se lire d'une traite car le charme opère dès les premières pages et la trame laisse peu de place pour relâcher l'attention. En un sens cela pourrait être qualifié de qualité car c'est un récit très oral et actuel, de l'autre cela m'a quelquefois posé problème car en reprenant mon volume j'avais l'impression d'avoir du mal à réintégrer le fil narratif. Mais le soufflé est bien monté de mon point de vue et j'ai aimé jouer sur la vague des romans du sud : Beignets de tomates vertes, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur... car quelque part on comprend mieux les problèmes de l'époque. le racisme est un thème récurrent mais sa mise en scène est ici bel et bien originale.
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