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Critique de cindyabouchacra


Siham observe une photo du tribunal de Nuremberg dans son manuel d'histoire. « Lorsque les conflits se terminent, les criminels de guerre sont jugés : c'est ce que suggère l'illustration en noir et blanc. »
Et pourtant, à l'école, on n'arrête pas de dire à la jeune fille qu'il faut penser à autre chose, qu'il faut pardonner, parce que la vie doit continuer…
Mais « Siham a tout vu. du haut de l'arbre, elle a tout vu. » Elle a vu se dérouler, sous ses yeux, le massacre de toute sa famille par des miliciens… Elle a vu le visage de ce monstre et l'a reconnu. Comment peut-on lui demander d'oublier ? Elle, enfermée dans ses souvenirs, elle ne pense qu'à se venger. le temps semble s'être arrêté au moment du massacre, au moment où ces 4x4 apparus au loin comme des bêtes féroces, s'introduisent dans la terre de Yarcoub et la violent. Au moment où la jeune fille a vu son monde paradisiaque basculer en enfer.
On suit le parcours tragique d'une adolescente anéantie, perdue dans ses visions et ses idées noires… On voit Siham grandir, mûrir, se poser des questions, essayer de comprendre… On ne peut que s'attacher à elle et ressentir vivement sa douleur. le récit est d'une grande intensité. La plume de Ramy Zein est d'une poésie prodigieuse et a le don de décrire les images les plus brutales, les plus poignantes avec une certaine pudeur ; ça vous secoue, vous révolte, vous laisse sans voix, sans jamais vous repousser.
« La levée des couleurs » est une réflexion sur la vengeance et le pardon. L'auteur illustre les séquelles que la guerre a laissées sur ses survivants et fait référence au travail de mémoire qui n'a pas été fait au Liban depuis l'amnistie. Croire aujourd'hui que la guerre civile c'est de l'histoire ancienne est une grande erreur. La guerre n'a jamais pris fin. Il suffit aujourd'hui de dire un mot de travers, parler du mal d'un parti politique ou d'une confession pour voir ressurgir la haine et la violence dans le coeur de certains Libanais.
Ce roman m'a permis, à travers le regard d'une jeune fille innocente, de mettre des images sur le passé de mon pays dont j'ai longtemps entendu parler, mais vaguement, par bribes de mots ou selon différentes versions, différentes histoires dont chacun se prend pour le héros.
Là, avec Siham, il n'y a aucun parti pris, aucune prise de position.
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