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Critique de gouelan


« Tu peux venir d'un pays sans lui appartenir, suppose Ifren. Il y a des choses qui se perdent... On peut perdre un pays. » Une phrase qui illustre bien le thème de ce roman.

Ali est riche et respecté dans son village. Il possède des champs d'oliviers. Devenu harki, en pensant protéger les siens et son village de la violence du FLN, il doit fuir son pays lorsque l'Algérie devient indépendante. C'est le début du parcours d'une vie en tant qu'immigrés.

Ali et sa femme Yema vont perdre leur vie d'avant. Leur Algérie est morte, leur façon de vivre au fil de la nature, sans regarder la montre, de penser l'argent seulement comme un moyen de dépenser, de partager, mais pas comme un bien en soi. Ne pas compter le temps, ni l'argent.

Puis on regarde l'histoire avec le regard d'Hamid, le fils aîné de la fratrie. du camp de Rivesaltès et de ses barbelés, jusqu'en Normandie dans la tour HLM grisâtre. Hamid est bon élève, il pourrait aller loin.
Bientôt les enfants oublient la langue natale et le père n'a plus son rôle de patriarche. Ali s'enfonce dans son silence, alors les mots manquent à Hamid pour comprendre les actes de son père, pour lui redonner son éclat d'autrefois, sa force, sa fierté.

Naïma, la fille d'Hamid prendra le relais. Elle a un sursaut de prise de conscience après les attentats de 2015. À son tour elle voudra réveiller la mémoire de sa famille, de son grand-père Ali. Remplir les silences. Comprendre qui elle est, quelle image elle reflète en tant que descendante d'immigrés algériens et musulmans. Mais, autant chercher les racines du brouillard, comme disait sa grand-mère Yema.

Un voyage en Algérie, jusque dans le village perché dans la montagne, lui fera comprendre que ce qui n'a pas été transmis se perd. L'Algérie n'est pas son pays. Pourtant, souvent en France on pense qu'elle vient d'ailleurs, qu'elle a quelque chose à voir avec les terroristes…

Un roman qui éclaire un peu mieux sur les obstacles que rencontrent les immigrés. La barrière de la langue, de la culture, de la religion. le regard de l'autre, la méfiance à l'égard de l'étranger. L'exploitation d'une main d'oeuvre bon marché qui n'a pas les outils pour se défendre dans un milieu qui lui échappe. Des familles déchirées par la guerre à qui on ne propose que la survie sans leur offrir les moyens d'être vraiment libres.

Trois générations pour s'implanter, pour accepter de perdre ce qui ne peut pas se replanter ailleurs. Trois générations pour tenter de comprendre les choix du passé, entre un camp ou un autre, et ses implications pour l'avenir.

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