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Critique de HundredDreams


Un titre qui amène à la réflexion, une belle couverture qui ressemble étrangement à un tableau du Douanier Rousseau. Pourquoi l'éditeur a-t-il choisi de mettre en scène un tigre dans cette illustration ? Ce félin paraît apeuré, sur la défensive, mais en même temps on sent qu'il peut être dangereux et qu'il peut sauter à tout moment sur sa victime et l'égorger.

L'art de perdre, c'est sans doute l'art de perdre son pays, sa position sociale, ses biens, ses amis, une partie de sa vie, ses repères et ses morts que l'on laisse derrière soi pour fuir son pays.
Homme important et écouté de son village en Kabylie, Ali et sa famille doivent s'enfuir de leur village comme des pestiférés, abandonner leurs terres et deviennent des moins que rien une fois arrivés en France, des invisibles parqués dans des camps de transit et de reclassement comme celui de Rivesaltes.

L'art de perdre, c'est aussi l'art de perdre son identité, sa mémoire.
Ali et son fils se refusent à évoquer ces évènements. Aux questions posées par les proches et la descendance d'Ali, se heurtent deux silences.

« La première, celle de 39-45, il en est ressorti en héros et alors son silence n'a fait que souligner sa bravoure et l'ampleur de ce qu'il avait eu à supporter. On pouvait parler de son silence avec respect, comme d'une pudeur de guerrier. Mais la seconde, celle d'Algérie, il en est ressorti traître et du coup son silence n'a fait que souligner sa bassesse et on a eu l'impression que la honte l'avait privé de mot. »


Alice Zeniter s'est très bien documentée : la montée du FLN, la façon dont les Français ont instrumentalisé les harkis, les massacres, la peur, les attentats, les accords d'Evian, l'exil, le racisme et les humiliations. Mais je suis désolée de dire que j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. On navigue entre le récit et le documentaire, et cela m'a déstabilisé. Je suis « sortie » plusieurs fois de l'histoire, et c'est ainsi que je me suis surprise, plusieurs fois, à lire certaines pages en diagonale, tant elles me paraissaient sans fin.

Je suis tout de même très contente d'avoir lu ce roman et d'avoir appris beaucoup sur la guerre d'Algérie qui reste encore un morceau d'histoire tabou. Un texte indispensable sur le devoir de mémoire. Un hommage aux harkis.
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