AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Montecristof


A la fin de cette saga familiale malaxée par l'histoire coloniale franco-algérienne, je suis perplexe.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas parfois vibré, et c'est ce que j'attends en plongeant dans un livre.
Par ailleurs, baby-boomer issu de la bourgeoisie catho provinciale où la "sale guerre" n'était pas un sujet de discussion, ayant pourtant pour beau-frère un kabyle, je ne peux pas non plus dire que je ne me suis pas senti concerné. Et je suis désormais mieux informé sur les tiraillements, voire les drames qu'ont dû vivre toutes les familles algériennes à cause de leur relation à l'Europe, et à la France en particulier. Des drames ayant des causes et des conséquences politico-sociales qui interfèrent avec les destinées des individus, ça s'appelle les histoires dans L Histoire et c'est la vraie vie. Ce roman est utile, donc.
Qui plus est, je me sens raccord avec sa tonalité un peu amère qui déplore les silences, oui, raccord avec le message final, ce sentiment de la perte comme issue inéluctable que chacun, que même un peuple peut décider d'accepter avec l'envie d'avancer. Décider de ne pas fermer la porte vers les demain à cause des hier . Même si on les garde en mémoire, ces hier qu'on a osé regarder en face !...
Mais...

Comment dire ?
Passées les deux ou trois dizaines de pages nécessaires pour mémoriser les noms des protagonistes et les situer dans l'échelle des filiations, j'ai d'abord apprécié de plus en plus le style souple et mesuré de Zeniter. Dans les épisodes ayant trait au conflit générationnel, surtout après l'installation de la famille d'Ali en Normandie et la réussite scolaire d'Hamid, j'ai même trouvé le ton assez juste, repérant au fil des pages quelques métaphores percutantes, efficaces.
Mais à partir de la rencontre Hamid-Clarisse, j'ai commencé à trouver les personnages un peu désincarnés, voire stéréotypés. Et dans la dernière partie, le voyage de Naïma n'a pas boosté mon enthousiasme autant que je l'escomptais, même si ça m'a intéressé de découvrir les différences de mentalité entre kabyles et algérois. Pendant que Naïma déambulait dans Alger, honte à moi peut-être, je me suis presque ennuyé, au point de commencer à repérer des maladresses de style...

Au total, je dirai que ce roman, qui pour moi s'essouffle un peu dans sa deuxième moitié disons, est quand même une belle lecture. Elle donne à chacun la possibilité d'entrer dans l'histoire coloniale complexe qui lie la France à l'Algérie, documentée avec objectivité et pondération.
Mais il lui manque un peu de "peps" pour être un choc inoubliable.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}