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Critique de gerardmuller


L'art de perdre /Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens 2017)
Six cent pages dévorées en quatre jours : un roman qu'il ne fallait pas manquer. Bouleversant d'une émotion qui vous tient jusqu'à la dernière ligne.
Naïma, immigrée de troisième génération, l'héroïne de ce beau roman avait toujours considéré avec distance l'Algérie dont est originaire sa famille. La Kabylie, c'était une autre planète.
Cependant en une époque où la société française est traversée par les questions identitaires, les hasards de la vie vont la conduire à revoir sa position, celle d'ignorer ce pays dont elle ne connait rien ou presque, ses parents étant toujours restés muets sur le sujet.
Harkis, le mot que l'on ne prononce presque jamais, ses grands-parents étaient des harkis. En 1962, avec leurs enfants dont le père de Naïma ils avaient choisi la France.
C'est d'abord l'histoire d'Ali, le grand-père de Naïma, un montagnard kabyle, racontée durant la première partie du livre qui se passe en Algérie. Il n'a jamais voulu ou pu lui dire pourquoi en 1962 il avait choisi la France. Quant à la grand-mère, Yema, la barrière de la langue était un obstacle majeur. Naïma ne parle pas l'arabe, et Yema ne parle pas le français.
Hamid, un des enfants d'Ali, est le père de Naïma et lui non plus n'a jamais été bavard sur le sujet. L'arrivée en France et l'installation dans des camps de transit sont restés des sujets tabous, peu connus des quatre filles d'Hamid, dont Naïma. Cet épisode fait l'objet de la seconde partie du livre.
La dernière partie concerne Naïma, ses études, son éducation, son travail dans une galerie d'art, ses conquêtes, sa quête d'identité et ce voyage en Algérie, voyage de tous les dangers pour une fille de harki, mais aussi peut-être voyage de tous les espoirs pour savoir…
Un livre magistralement construit avec des personnages que peu à peu au fil des chapitres vous voyez en chair et en os : Ali cultivant ses oliviers dans les montagnes de Kabylie après avoir connu la France dans le cadre de la Seconde Guerre Mondiale, puis les événements du premier novembre 1954 à Alger entrainant la guerre, 1962 l'indépendance et le choix d'Ali. La France et les camps. Hamid, l'homme blessé à jamais. Et Naïma sa fille, qui se sent française avant tout.
Un roman poignant abordant avec circonspection et subtilité les séquelles de la colonisation, le déracinement et le lien familial. le tout dans un beau style, sans pathos ni amertume.
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