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Critique de horline


Une correspondance électronique entre un auteur et ses lecteurs peut-elle suffire à faire un roman ? Oui pour l'auteur Zoran Zivkovic. Dans L'écrivain fantôme, il malmène un homologue dont on ne connaitra jamais le nom en plongeant cet homme doux et quelque peu naïf dans un enchevêtrement de conversations virtuelles loufoques.
Au cours d'une même matinée, le narrateur, auteur reconnu et estimé, reçoit de la part de lecteurs admirateurs plus ou moins apprentis romanciers des demandes d'aide ou de collaboration qui se transforment très vite en demandes pressantes de cession de paternité ou de rédaction de roman avec choix imposé.

Accepter de prêter sa plume et devenir un écrivain fantôme pour le compte d'amis virtuels ? Voilà une hypothèse que le narrateur maintenant célèbre et qui conserve une vision épurée de la littérature n'avait jamais envisagée. Est-ce qu'il va se contenter de décliner simplement toutes les propositions ? Non, sinon il n'y aurait pas matière à faire un roman.
Trop poli pour opposer des refus catégoriques, trop sensible aux flatteries dont les admirateurs se montrent peu avares, le narrateur se retrouve maladroitement pris dans un piège à l'issue surprenante …


Zoran Zivkovic est un auteur facétieux : avec une langue classique, il construit le récit autour de personnages énigmatiques dont les ombres chinoises alimentent l'intrigue. Un homme campé sur ses conservatismes mais curieux qui n'emploie jamais de phrases implacables susceptibles de blesser autrui face à cinq interlocuteurs dissimulés derrière des pseudonymes numériques propres à faciliter toutes les extravagances et qui se révèlent déterminés à obtenir ce qu'ils veulent, c'est ce contraste saisissant qui structure le récit et le rend séduisant. Il fait naître un suspense grandissant au fur et à mesure que les personnalités s'affirment. On se laisse guider par l'intuition du narrateur sans se rendre compte qu'on se fait berner.
Car, oui, Zivkovic maîtrise l'art de la manipulation. En dissimulant derrière ces personnages une bonne dose d'ironie et de fausse naïveté, il privilégie la dimension vaudevillesque… au détriment du noeud de l'intrigue, le processus de création littéraire. C'est dommage car au final ce récit au rythme étrange pêche par un manque de consistance, un défaut d'attention à la polyphonie des personnages et le sentiment d'une absence de relief à la banalité des mots.
Le récit demeure malgré tout divertissant.
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