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Critique de LoupAlunettes


"Robin des Graffs", c'est une rencontre. de celle bien providentielle mais qui commence mal aussi, hélas, on en conviendra, devant l'évidence. Mais l'auteure, jamais au grand jamais ne tombe dans le pathos. Il y a méprise et quiproquo, votre honneur. Il suffit donc de quelques fractions de secondes pour que Lilibelle "Bonny", 6 ans, sauve à priori la mise à Sam, un jeune adulte, se baladant dans les couloirs non autorisés d'un commissariat de police...et le mette dans de sales draps. Sam est le graffeur mystérieux qui donne du fil à retordre aux forces de l'ordre et qui pond des oeuvres sur les sommets( dégrade les biens publics, vu sous un autre angle) et fait parler de lui dans les médias pour son talent créatif et sa vivacité à filer entre les doigts.
Ses graffs sont des messages! Mirabelle, la généreuse boulangère , intriguée par le jeune homme s'en doute.Ces images sont des clichés de l'enfance qui feront écho à une amie de Sam, vivant dans la même ville, on le suppose. Une bouteille à la mer.
La clé nous sera révélée avant la fin. Pourquoi Sam recherche t-il cette jeune fille, quelle est leur histoire commune pour qu'il se mette en danger? On devine un caractère intrépide ( ou irresponsable) chez Sam à grimper les toits, entrer dans les bureaux de police pour suivre les avancées d'enquête le concernant et, surtout, ne pas ramener cette petite fille qui l'a adopté et a décidé de le suivre. Lilibelle est une gentille petite rêveuse plus que menteuse à laquelle il s'attache. Elle charme, on craque pour son caractère pétillant, spontané et son imagination fertile à réinventer l'absence de sa maman.
Au fil du récit et de la recherche de la petite fille "enlevée" dans le commissariat ( détail qui fait la farce des médias), on découvre à coups de détails et d'échanges verbaux l'objet de sa garde à cet endroit. Lilibelle était en voie d'être placée.
Les autres personnages de Muriel Zürcher sont tout autant en marge, dans une parenthèse, parfois prôche du purgatoire selon les situations. La vieille Christiana n'a pas de toît sur sa tête. Sam préfigure une catégorie de jeunes qui graffe et souvent sans le sou ni situation professionnelle.
Entre les tentatives de Sam d'apposer ses messages graphiques sur des hauteurs les plus visibles qui soient ( comme la coupole du Panthéon), s'intercale des temps de la petite vie du Capitaine Nora Laval en charge des deux affaires. Cela n'a pas toujours vocation d'apporter un envers de la situation côté police même si cela semble proposé ainsi. C'est un autre destin qui s'ajoute et est proposé, du côté du système. C'est un biais également pour s'ouvrir sur la grande mécanique administrative et médiatique. le mari de Nora travaille dans le foyer où l'on recroisera Lilibelle. C'est une femme à responsabilités très mariée à son métier et qui en paye le prix sur le plan personnel, les lecteurs le verront. Ce personnage se heurte aussi à la difficulté de déployer des forces de police sur des personnages qui ne sont pas des criminels en soi mais oeuvre dans l'illégalité, la nuance apportée est importante pour l'ensemble du récit. Sam croisera d'ailleurs un groupe réparant les monuments historiques sans autorisations. Il y a bien une marge définie, une ligne, une frontière et le franchissement du mauvais côté reste assez flou tel que semble le présenter l'auteure. le ton est bien plus mélancolique que la dureté de certains faits. Il y a de beaux sentiments qui percent la grisaille, des tentatives de pointer sur des lieux qui en manquent, comme des phares. C'est à découvrir et à proposer à des grands ados et des adultes aussi.
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