AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de palamede


La gouvernante écrite en 1907, alors que Stefan Zweig n'a que vingt-six ans, et Eros matutinus - en fait un chapitre du Monde d'hier, sorte de mémoires parues à la fin de sa vie - se font écho pour affirmer la position de l'auteur contre « la morale du silence et de la dissimulation » qui prévaut dans les familles quant à l'éveil à la sexualité des jeunes gens avant 1914.

Pour illustrer sa pensée, Stefan Zweig met en scène deux petites filles effrayées par la violence de la réaction de leurs parents qui découvrent la grossesse de leur gouvernante. Le silence, qui suit le renvoi et la disparition mystérieuse de celle qu'elles aiment, ajoute à leur désarroi une perte de confiance dans le monde des adultes. Une épreuve qui détruit irrémédiablement leur innocence d'enfant : « Elles sont devenues des ennemies pour leur entourage, des ennemies résolues qui ne pardonneront plus – car depuis le veille, elles ne sont plus des enfants. Cet après-midi-là, elles ont vieilli de plusieurs années. »

Dans l'Eros matutinus, l'eros matinal, celui de la puberté, Stefan Zweig prolonge sa réflexion sur les jeunes adultes, privés d'éducation sexuelle, qui découvrent que la sexualité doit rester invisible selon une morale et des conventions bourgeoises, imposées par des gens qui ne s'y conforment pas. Une hypocrisie intolérable qui engendre beaucoup de souffrance, méfiance et rancoeur de la part de la jeunesse : « Dès que nos yeux se sont ouverts, nous avons senti instinctivement qu'avec sa dissimulation et ses mystères, cette morale déloyale voulait nous prendre une chose qui appartenait de droit à notre âge, et qui sacrifiait notre besoin de sincérité à une convention depuis longtemps dépassée. »

Des pages magnifiques sur la nécessité de l'éducation et de la liberté sexuelles et sur les dangers de leur carence.
Commenter  J’apprécie          734



Ont apprécié cette critique (63)voir plus




{* *}