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Critique de elea2020


Nouvelle "La Gouvernante" :

J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui, en l'espace d'une quinzaine de pages, nous narre un drame familial étouffé, tel que surpris par deux fillettes, qui tentent de comprendre, parce qu'elles aiment leur gouvernante, ce qui se trame contre cette dernière. En effet, "Mademoiselle", d'habitude stricte, lorsqu'elle les instruit, ou alerte et gaie lorsqu'elle les emmène en promenade, a changé : elle soupire, paraît lointaine, perdue dans des pensées tristes.

Les deux enfants sentent qu'un drame se prépare, et qu'on ne leur dit rien : elles commencent à épier, surveiller les faits et gestes de tous dans la maison, et de fil en aiguille apprennent l'essentiel : mademoiselle attend un enfant d'Otto, un cousin plus âgé qui vit chez son oncle le temps de ses études. Ce n'est pas pour rien qu'il les accompagnait partout ces derniers temps... Seulement, celui-ci ne compte pas donner suite à ses responsabilités, et éconduit la demande d'aide de la jeune femme.

Les fillettes restent rêveuses et entrevoient un peu de ce qu'est la vie. En ce moment où le destin de leur gouvernante risque de basculer, elles ne savent pas comment lui montrer leur attachement et l'aider ; de plus, tout le monde les laisse livrées à elles-mêmes. le drame se noue et elles se sentent impuissantes à comprendre, à agir, mais surtout elles perdent leur confiance en leurs parents, elles se sentent environnées de mensonge et de méchanceté.

La trame de l'intrigue n'est pas très originale, mais Stefan Zweig a réussi à nous présenter ce moment initiatique du point de vue de deux enfants, sur le seuil de la féminité, et à nous faire ressentir, avec une grande finesse psychologique et sensibilité, ce qui arrive lorsque des enfants sont confrontés à des secrets adultes, et qu'ils apprennent le mensonge et l'hypocrisie sociale, au lieu de l'amour et du respect. Il aborde avec humanisme la situation de cette jeune femme piégée par sa condition, en détresse et aux abois, en butte à la lâcheté d'Otto, à l'incompréhension et à la cruauté méprisante de son employeuse, qui condamne sans rien savoir. C'est un récit triste et éprouvant, mais une belle réussite de style et d'analyse psychologique. On ne peut qu'y croire et se laisser emporter, souhaitant aux deux fillettes une meilleure entrée dans la vie adulte par la suite.

Note : je n'ai pas lu la nouvelle dans cette collection, aussi ma critique ne porte que sur "La Gouvernante".
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