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Critique de Fleitour


Un lieu comme une réserve où puiser des innocents : bouleversant chef d'oeuvre.

Au 209 de la rue Saint-Maur, Paris X ème. Un immeuble de 300 âmes.
Mais il y a déjà si longtemps, si longtemps que la mémoire se froisse...

La vie s'est arrêtée le 16 juillet 1942...La vie a repris pour ses derniers locataires le 19 août 1944.


Les fenêtres se sont refermées une à une
depuis le jour où la police
déclencha la rafle du Veldiv.
Ils sont vieux, ils sont jeunes, ce sont des artisans, souvent des étrangers.
Au troisième étage sur le bord de la fenêtre un carré de tissu blanc
est abandonné dans le noir.



Ils étaient venus chercher l'espoir,
la liberté, la bienveillance,
Paris pour eux avait un goût de paradis,
de délivrance. Ils nous faisaient confiance.
Au troisième étage sur le bord de la fenêtre un carré de tissu blanc
est délaissé ce soir encore.



Certains avaient passé avec la concierge
un pacte, une surveillance.
La fenêtre a secoué son balai.
La police parisienne a refait son ménage.
Au troisième étage sur le bord de la fenêtre un carré de tissu blanc,
trône encore comme un mouchoir.



La folle ronde des jours grince
en contrepoint la dissonance des noms rayés.
la Muette sillonne les couloirs,
les locataires vont s'emmurer.
Au troisième étage sur le bord de la fenêtre un carré de tissu blanc
s'égoutte dans la nuit.


Il y a déjà si longtemps
ma soeur aînée avait quatre ans.
Un visage incrusté dans un carreau
fixe la cours où l'on recherche des survivants.
Au troisième étage sur le bord de la fenêtre
on distingue Ruth Zylb...Toujours lisible sur le carré de tissu blanc .
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