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Critique de Taraxacum


Au plaisir de Dieu, c'est le récit d'une famille et le récit de sa mort, mais aussi le récit du dernier siècle qui par ses transformations a accéléré cette fin. Au plaisir de Dieu, c'est aussi très difficile à résumer tant il s'agit d'une oeuvre riche que j'ai trouvé passionnante. Il y a de l'ironie, de la grandeur et de la petitesse, de la douleur et de l'orgueil. Il y a une certaine forme de tragédie aussi. L'avouerai-je? A trois reprises, j'ai pleuré, mais je ne vous dirais pas où!
La famille du narrateur a participé à l'épopée de la France bien avant que celle-ci trouve sa forme moderne. Ils mourraient pour Dieu et le Roi, ils étaient grands parfois, terribles souvent, ils étaient catholiques ou de la Réforme, ils s'étaient réinventés dans des branches aux quatre coins de l'Europe, ils étaient plein de panache souvent, mais bien rarement de génie. Mais surtout ils étaient une famille et leur nom était leur bien le plus précieux. Leur nom, et puis Plessis Les Vaudreuil, le domaine familial où on revenait mourir, ou plutôt s'endormir dans le giron de la sainte mère Église.
Seulement le monde a changé et il n'est plus question de nos jours de mourir pour le Roi et pour Dieu. le Roi de toute façon....Un Orléans, pouah!!
Quant à Dieu, il semble bien décidé après avoir été leur devise pendant des siècles, à les abandonner. Au sein même de la famille, les dissensions commencent, tandis que la politique et l'histoire les rattrapent. Et si avant on mourrait pour la France par habitude, même la France Républicaine, voici que les fils de la famille se retrouvent dans des camps opposés dans la guerre d'Espagne...

Arrêtons nous là pour le récit: on ne résume de toute façon pas une telle oeuvre. Pour un homme qui aime tant les digressions, D Ormesson a un étonnant talent à ne pas dire trop. Jamais ses personnages ne sont décrits et pourtant ils prennent vie et on les aime. Pour leur aveuglement, leur douleur, pour cette lente agonie de ce monde qui n'en finit plus de mourir.La partie où peu à peu, ils vendent, vendent, vendent, dans l'espoir fou de sauver au moins la maison....
Le Roi est mort et ses fidèles ont commis l'erreur de lui survivre : rattrapés par le siècle, ils se cherchent un destin. Ceux qui tombent en Ardenne sont finalement les plus heureux: rien de plus terrible que ce pauvre grand-père qui survit à son monde. Que reste-il quand tout ce qui constituait votre être a disparu, et pire; se trouve brocardé?
Ce roman est aussi celui de l'histoire moderne de France, tout du moins du siècle dernier: à se chercher, les membres de la famille en viennent à aimer tous les partis, les uns ou les autres, ou les uns après les autres, et c'est une promenade historique par le petit bout de la lorgnette, parfois finalement les promenades les plus instructives.
Un grand roman.
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