AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Homme d'Église mais aussi homme de lettres et courtisan, grand ordonnateur de fêtes royales, Antonio Mira de Amescua semble avoir choisi la carrière ecclésiastiques pour s'assurer des revenus sûrs avant de se lancer dans la carrière littéraire. Il est l'auteur d'environ 70 pièces de théâtre, ce qui n'est pas énorme à l'époque, tout en étant conséquent. Il est présenté comme un auteur de transition entre Lope de Vega, dont il a été un temps proche, et Calderon, sans atteindre la notoriété de ses deux illustres confrères.

L'esclave du démon a pour point de départ est une légende hagiographique, celle de frère Gil de Santarém. Saint homme, il est fasciné par les sciences et la philosophie et tenté par le diable, qui lui promet de l'initier à la nécromancie, il se laisse convaincre, et mène une vie de débauche après avoir renié Dieu. Il finira toutefois par revenir à la religion, sauvé par le Vierge et il se consacrera aux pénitences, en étant fortement persécuté par le démon. On reconnaît un peu une thématique faustienne, de l'homme qui succombe aux tentations diaboliques liés au savoir et à la connaissance, mais avec une fin édifiante et heureuse.

Antonio Mira de Amescua complexifie l'intrigue, qui en devient foisonnante, et évacue l'aspect du savant prêt à tout pour acquérir des connaissances. Don Gil est plutôt entraîné par la chair et l'attrait des femmes. Marcelo a deux filles, Leonor qu'il voue à une vie religieuse, et Lisarda qu'il voudrait marier à don Sancho. Mais cette dernière aime le meurtrier de son frère, un certain don Diego. Elle souhaite qu'il l'enlève et lui laisse l'entrée dans sa chambre. Don Gil dissuade Diego d'en profiter, mais tenté, abuse de Lisarda, qui pense qu'il s'agissait de Diego, qui l'aurait ensuite abandonnée. Elle embrasse une vie de bandit, aux côtés de Don Gil, qui se livre aux pires excès sur des voyageurs et paysans. Suite à un malentendu, Marcelo pense que Diego a tué Lisarda, et Diego attribue le même crime à Marcelo. Diego est arrêté et attend son exécution. Entre temps Lisarda s'est repentie, et entre comme esclave au service de son père, sans être reconnue. Don Gil fini par invoquer la grâce de Marie, et finit lui aussi par rentrer dans le droit chemin, et sauve Diego, la mort de Lisarda démêlant l'écheveau des différentes intrigues.

Mon résumé est très simplifié, l'action de la pièce est vraiment très compliquée, voire très confuse, il y a par exemple deux Sancho, en compétition tous les deux pour la main de Leonor, et c'est parfois difficile de savoir duquel il s'agit à tel ou tel moment. C'est très foisonnant, très spectaculaire aussi, avec des scènes de combats, de violence, d'affrontements verbaux et physiques. On a l'impression que l'auteur a privilégié l'action, le mouvement, les effets de surprise, au détriment d'une réflexion sur le pêché, sur le repentir. La légende à la base du récit était une sorte de miracle, tel qu'on en a écrit au Moyen-Age, comme celui de Théophile, et ici on est plus dans une comedia de cape et d'épée comme en a produit le XVIIe siècle espagnol. La thématique religieuse semble plus un décor qu'un sujet fondamental de la pièce. Cela montre à quel point la carrière ecclésiastique de Antonio Mira de Amescua était plus une question d'opportunité, qu'un véritable choix de vie.

Une curiosité.
Commenter  J’apprécie          222



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}