AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apoapo


Ce livre est un traité, dont il possède la structure, la rigueur et le style jusque dans son érudition, dans son léger humour et dans sa riche et belle iconographie, qui n'est pas sans faire songer à un oeuvre des Lumières. L'anxiété concernant le statut social qui est aussi opportunément que précisément défini d'emblée, est rattachée à la thèse psychologique très contemporaine de la quête infantile de l'amour pour son soi ontologique ; elle est aggravée proportionnellement aux incertitudes et aux instabilités de l'économie post-moderne. Néanmoins la démonstration ne se fonde ni sur la psychologie ni sur la critique économique. Elle se base sur le relativisme, une approche philosophique bien contemporaine, elle aussi. L'analyse historique des très divers critères censés représenter la réussite et l'échec à travers les âges et les civilisations a pour vocation de déconstruire le système de valeurs qui nous est propre, déconstruction qui est définie comme la conscience politique. de même, la diversité des « solutions » apportées à l'angoisse du statut, toujours dans une optique historique et culturelle multiple, qui ne se gêne pas à juxtaposer le christianisme et la bohème, favorise la dédramatisation des angoisses personnelles. D'après la définition donnée à la politique, conformément à la symétrie parfaite qui est accordée à des visions opposées de la réussite et de l'échec, à cause enfin d'une tendresse indéniable à l'égard du passé (y compris à des époques mois démocratiques et par rapport aux références au christianisme), le lecteur peut se demander parfois si l'auteur, avec son nom qui semblerait français et ne l'est pas et qui pourrait être orné d'une particule, n'est pas un conservateur invétéré, un antibourgeois d'origine aristocratique – tout à fait respectable au demeurant –, un cynique plus qu'un révolutionnaire, en somme plutôt un Voltaire qu'un Rousseau. Rousseau répond présent, mais Tocqueville aussi, Marx est là, mais Tolstoï aussi, et surtout, d'abord et principalement, les auteurs anglais – sachant que Botton vit à Londres et écrit en langue anglaise. Cette question peut occuper le dogmatique, mais pas le philosophe qui, lui, se satisfera de la démonstration, se réjouira grandement de la foison des références à tous les arts occidentaux, à des époques variés, à des corrélations inattendues. Sans pesanteur universitaire ni appareil bibliographique normalisé. L'on sort jubilant de cette lecture, et sans doute très soulagé dans son ego qui trouvera sans doute, ici ou là, sa propre image et consolation. Je voudrais enfin tirer un fier coup de chapeau au traducteur, qui a su rendre un rythme parfait, et aux éditeurs du Mercure de France, qui ont produit un livre d'une excellente facture.



« Table :

CAUSES

I. Absence d'amour : le désir de reconnaissance sociale. L'importance de l'amour.
II. Snobisme
III. Espérances : Progrès matériel. Égalité, espérances et envie.
IV. Méritocratie : Trois vieilles idées consolantes au sujet de l'échec – 1. Les pauvres ne sont pas responsables de leur condition et sont les plus utiles dans la société ; 2. La notion de statut social n'a pas de connotation morale ; 3. Les riches sont dépravés et corrompus et doivent leur richesse au vol des pauvres. Trois nouvelles idées anxiogènes au sujet de la réussite – 1. Ce sont les riches qui sont utiles, pas les pauvres ; 2. La notion de statut social a une connotation morale ; 3. Les pauvres sont dépravés et corrompus et doivent leur pauvreté à leur stupidité.
V. Dépendance : Facteurs de dépendance : […] un talent capricieux, […] la chance, […] un employeur, […] la rentabilité d'un employeur, […] l'économie globale.

SOLUTIONS

I. Philosophie : Honneur et vulnérabilité. Philosophie et invulnérabilité. Misanthropie intelligente.
II. Art : Introduction. Art et snobisme. Tragédie. Comédie.
III. Politique : Types humains idéaux. Une approche politique de l'anxiété contemporaine liée au statut social. Changement politique.
IV. Christianisme : Mort. Communauté. Deux Cités.
V. Bohème »
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}