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Critique de Soleney


Depuis qu'il sait marcher, Bigand est curieux. Très curieux. Trop pour son propre bien, hélas ; puisque ses voisins n'en peuvent plus d'être espionnés et le passent à tabac (alors qu'il avait à peine treize ans... Et la Protection de l'Enfance, alors ?). Pour le sauver, son père se voit contraint de l'enfermer au couvent – eh oui, autrefois, c'était radical. Mais Bigand n'est pas satisfait de cette condition. À l'aide d'un camarade dont il s'est attiré la sympathie, il va se jouer de la naïveté des moines et s'évader… Et c'est alors que sa vie commence vraiment.

C'est une histoire qui paraît extrêmement classique, mais l'humour de l'auteur a su rendre la chose plus… piquante. Certes, pour beaucoup de personnes (dont moi !) il faut se donner un peu de motivation pour se plonger dans un roman du 18e (quoique certains aient une véritable capacité d'absorption, comme Les Liaisons dangereuses). Mais ce livre vaut la peine qu'on y jette un coup d'oeil.

L'histoire est d'inspiration picaresque : le récit est à la première personne, le personnage principal est rusé, il sait mettre son intelligence à profil pour se tirer de situations périlleuses, et comme il ne peut s'empêcher de mettre son nez un peu partout, il va de rencontres en rencontres, de péripéties en péripéties. Il commence avec rien : enfui du couvent, la seule chose qu'il possède c'est son vêtement, mais il parvient petit à petit à grimper l'échelle sociale… La seule différence qu'il y a entre lui et le picaro, c'est qu'il n'est pas motivé par sa faim et l'avidité.

La Mouche est un roman assez complexe qui utilise beaucoup (trop ?) la mise en abîme : le narrateur nous raconte ses aventures (c'est le récit-cadre), dans lesquelles il raconte une histoire, dans laquelle un personnage raconte son passé, puis il rencontre quelqu'un qui lui raconte ses aventures, et enfin, il invente un mensonge de plusieurs chapitres pour se tirer d'affaire ! Curieusement, j'ai trouvé ces histoires plus passionnantes que le récit-cadre, et j'étais toujours déçue quand elles finissaient. Je dois avouer que je suis très impressionnée par l'imagination de l'auteur, qui a su écrire plus de 500 pages à ce rythme ! L'ennui avec ce type d'histoire, c'est qu'il ne faut surtout pas interrompre sa lecture. Rien qu'en lisant une demi-heure le matin dans le tram, en m'interrompant et en reprenant une demi-heure le soir je me perds !

Le langage du 18e est conservé, mais il est largement compréhensible, et quelques notes de bas de page expliquent la signification de certains mots dont le sens a changé (comme par exemple : un pistolet qui fait rat, c'est une arme qui est enrayée ; employer le vert et le sec dans une affaire, c'est faire des pieds et des mains pour réussir…). Quelques tournures de phrase font un peu pompeuses, mais c'est le siècle qui veut ça^^

Il y a juste un défaut principal : les éditeurs ont conservé la ponctuation du 18e. Donc, il y a très peu de points (souvent remplacés par des points-virgules, voire des virgules) et les dialogues n'ont pas de tirets cadratins et ne reviennent pas à la ligne… Au début, il faut un temps d'adaptation, mais ensuite on arrive presque tout le temps à savoir qui parle et à partir de quand. Et malheureusement, il n'existe pas d'édition en format poche… Si vous voulez l'acheter, il faudra en payer le prix.
Le deuxième défaut, c'est la fin, qui est tellement incohérente avec le reste de l'histoire qu'on a l'impression que Mouhy l'a écrite avant, puis l'a collée à son manuscrit.

Il y a aussi une question capitale que j'aurais aimé poser aux éditeurs : pourquoi ce jaune pipi sur la couverture ? C'est anti-esthétique et n'importe quelle autre couverture serait mieux que celle-là. Difficile de faire pire. Même du bleu serait mieux. Même du blanc, même du gris, même du marron…

Bref, c'est bien dommage, mais cela reste un livre intéressant et pas trop compliqué à lire. Par certains côtés, il ressemble au Roman comique de Scarron (l'humour de l'auteur, les rebondissements, l'ambiance comique de l'oeuvre, etc.).
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