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Critique de Aline1102


La rafle du Vel' d'hiv en juillet 1942 est une période de l'histoire que je connais mal. Un peu comme les personnages que rencontre Julia, l'une des héroïnes de ce roman : je sais que cela a eu lieu, mais je n'en connais pas les détails. J'ai donc apprécié le côté "culturel" de ce roman, qui m'a permis de combler quelque peu cette lacune.
Et bien que Tatiana de Rosnay prévienne d'emblée qu'elle n'a pas souhaité nous raconter la véritable histoire, vu la bibliographie qu'elle nous propose en fin de volume, je suppose que les faits qu'elle nous relate sont suffisamment précis pour améliorer notre connaissance de cette période sombre de l'histoire.

Sarah et sa famille sont des personnages fictifs. Mais la haine et le mépris qu'ils doivent endurer ont réellement existé. Et c'est sans doute cela qui rend ce roman aussi poignant. On finit par croire à l'existence de Sarah car ce qu'elle endure est gravé dans nos mémoires, que ce soit grâce à nos cours d'histoire ou à d'autres lectures au sujet de la Seconde Guerre mondiale.

Le roman alterne (du moins pendant une bonne partie du récit) les chapitres consacrés à Julia et ceux qui nous parlent de la vie quotidienne de Julia et de ses recherches sur le 16 juillet 1942. Ce partage est sans doute utile pour "relâcher" la pression et pour permettre de se remettre des horreurs lues pendant les scènes se déroulant au Vel' d'hiv' ou au camp de Beaune-la-Rolande. Mais j'ai parfois trouvé cette alternace difficile : plongée dans l'histoire de Sarah, je n'avais pas vraiment envie de retrouver le monde contemporain (et les goujateries de Bertrand, le mari de Julia... Sale type, celui-là !) tout de suite.
Mais malgré cela, l'écriture de Tatiana de Rosnay, simple et efficace, m'a totalement plongé dans l'histoire de Sarah et de Julia. Tout en douceur, sans tomber dans la caricature, l'auteur parvient à nous faire comprendre à quel point la haine de certaines personnes parvient à détruire la vie des autres. Elle nous décrit ces concierges et ces policiers qui, pour satisfaire les Nazis, décident de dénoncer / capturer des familles juives en y incluant les enfants (alors qu'à ce moment-là, les Nazis ne réclamaient que la déportation des parents). Mais même dans les moments les plus sombres, on ne tombe pas dans le mélo. Heureusement, car cela réduirait l'impact que ce roman peut avoir sur ceux qui le lisent.
L'histoire de Sarah n'est toutefois pas uniquement composée de moments difficiles : certaines personnes acceptent de lui venir en aide, au péril de leur propre vie.

Julia traverse également quelques périodes difficiles, même si ses drames personnels ne sont pas aussi terribles que ceux de Sarah. Mais ce qui m'a plu dans l'histoire de Julia, ce ne sont pas ses problèmes conjugaux mais la façon dont elle se plonge corps et âme dans son travail. Fascinée par les recherches et les lectures qu'elle a effectuées pour son articles sur la rafle du Vélodrome, elle essaye d'en savoir plus, notamment lorsqu'elle apprend presque par hasard que sa belle-famille est liée à ce drame.
Julia est en quelque sorte hantée par l'histoire de Sarah et des siens et, honnêtement, qui ne le serait pas ?

Je n'ai trouvé qu'un seul défaut à ce roman. Et encore, ce n'est pas réellement un défaut, mais plutôt une légère déception personnelle. A ce moment du récit, j'ai eu l'impression que les recherches de Julia avaient été vaines et que ma lecture l'était tout autant : tout ça pour rien ?
Mais cette façon de clore l'histoire de Sarah et de Julia était sans doute nécessaire. Comme Julia, j'ai donc dû me faire une raison et accepter l'inévitable destin de Sarah.

Elle s'appelait Sarah n'est sans doute pas une lecture indispensable pour qui veut connaître l'histoire "réelle" de la Seconde Guerre mondiale. Mais c'est un excellent roman qui vaut la peine d'être découvert, car il a le mérite d'émouvoir et de révolter ceux qui le lisent. Tatiana de Rosnay parvient à donner vie à cette période de l'histoire et nous permet de ne pas l'oublier. C'est le principal. Comme le dit Sarah :" Zakhor, al Tichkah. Souviens-toi. N'oublie jamais. "
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