- Lorsque tu m'as promis de ne pas poignarder mes convives, j'aurais pensé que cette courtoisie s'étendrait à ma personne.
Ses prunelles renoncèrent à leur retraite pour revenir affronter les miennes.
- Et lorsque vous avez livré des humains en divertissement à vos hôtes, je n'aurais pas pensé que cette courtoisie inclurait ma personne.
— Ah. C’est dommage, parce que… Aïe. Faites attention, vous avez failli me coincer le pied dans la porte.
— Pardon. Reculez encore un peu…
— Comme ça ?
— Oui. Voilà, ne bougez plus.
— Donc, je vous disais…
La porte claqua sur lui, manquant lui arracher un bout de nez au passage. Renan resta figé sous la pluie, dans une immobilité stupéfaite et un peu amusée. Puis il finit par se résoudre à quitter les lieux.
« Savez-vous comment les araignées se nourrissent ? Certaines araignées ne tissent pas de toiles. Elles chassent à l’affût, sur une feuille, une fleur. Elles laissent ces coquilles vides derrière elles. Mais d’autres… Vous devriez voir avec quel soin elles emmaillotent leur proie dans leur soie, après les avoir mordues. Le toucher délicat de leurs pattes, manipulant et caressant le corps pétrifié, comme s’il était la chose la plus précieuse qu’elles possèdent. Ce sont des créatures patientes, qui attendent la parfaite maturation, la consistance idéale pour s’assurer le repas le plus savoureux. Est-ce ce que vous projetez ? Le changement que vous attendez, en m’habillant de soie ? Que je me… dissolve… sous vos lèvres ? »
— C'est... un kilt ? Mais je croyais que tu étais Irlandais, pas Écossais. Et ceci n'a jamais fait partie de l'uniforme réglementaire de...
— Les Irlandais aussi portent des kilts ! Nous avons hérité ça du Lein-croich. Regarde le motif répété sur le tissu, c'est typique de la région où est né mon père.
Renan tourna sur lui-même, juste assez vite pour que le tissu vole et dévoile un peu plus de cuisse noueuse.
— Ce sont... des carreaux.
— Rhaaa, Paul ! Je sais que le safran n'est pas ta couleur préférée, mais tout de même, admets que ça me va bien ? Et je suis sûr qu'une question te brûle les lèvres...
— « Qu'est-ce que la brigade Irlandaise a fait pour mériter ça ? »
— Tu te demandes ce que je porte en dessous. J'ai animé assez de kermesses de la police pour savoir que c'est la première question qui passe par la tête des gens ! Si tu veux, je te donne un petit indice : « jingle bells ».
Seule les survivants ont une histoire à raconter. Peu importe avec quel sang ils doivent l'écrire.
"Déjà à cette époque, il démontrait un certain goût de la mise en scène. Si un dieu avait dû me punir pour mes actes, je lui en ai fourni bien assez de raisons. Je devrais redouter de me voir confronté au jugement divin et pourtant, cette nui-là, les seuls à trembler à l'idée de leur trépas prochain étaient ces hommes d'Eglise. Je n'ai jamais compris les gens de foi, si véhéments dans leur désir de mériter une place au côté de leur supposé créateur, et cependant terrifiés par l'acte qui leur permettrait de le rejoindre"
Il ne faut jamais regarder une bête sauvage trop longtemps dans les yeux, disait Nouna. Elle risque de te voler une partie de ton âme, et de laisser à la place une part de la sienne.
« Lorsque mes dents percèrent sa chair, sa respiration se suspendit et je m’infiltrai de nouveau dans les couloirs de sa psyché. Mes doigts affirmèrent leur prise sur la chair de ses fesses, écrasant son bassin contre le mien. »
Renan aurait dû se faire rentrer dans le crâne à coups de marteau qu’il y avait autant de chances que Paul s’intéresse à lui que de voir l’Irlande instaurer un « Mois de la sobriété »
« Isolés du reste du monde, loin des villes peuplées d’immortels, loin des rares camps d’humains rescapés de l’esclavage, qui osaient encore se dénommer libres. Ils avaient l’air heureux. »