AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) le : 07/04/1952

Source : éditeur
Ajouter des informations
Bibliographie de Nichita Danilov   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Nichita Danilov
Paysage nocturne

La main oubliée dans les yeux du Poète
peint un paysage de blé et des coquelicots.
Des lys aussi noirs que des cierges allumés
fument au milieu du champ : Tais-toi,
tais-toi, mon âme, tais-toi !

Un ange aux lunettes noires
arrêtera sa limousine dans le blé.
Les mannequins quitteront la Ville
et viendront se baigner, le soir, dans la Rivière.

Leurs épaules dénudées, leurs pieds bleus
courront à travers prés étendus et montagnes…
Les poissons flotteront dans les rues,
se débattront aux portes…

Un cierge d’or s’élève au-dessus de la Ville.
Je suis allongé au milieu du champ de blé,
un livre ouvert sur ma poitrine.
Chaque épi est un cierge allumé par le vent.
Silencieux, j’observe mes mains
et je me demande : Est-ce j’ai existé ? Est-ce j’existe encore ?

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
Commenter  J’apprécie          450
Nichita Danilov
Paysage avec des mains et des ailes

Derrière chaque homme
veille un ange. L’ange derrière
mon dos est tombé
et pourtant à qui sont ces mains,
ces mains fines comme des ailes
qui, si nostalgiquement, si nostalgiquement
recouvrent mes yeux.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
Commenter  J’apprécie          371
Nichita Danilov
Au-dessus des choses, le néant

Vous ne verrez pas ma face, car elle
est par trop en face de vous.
Le bien et le mal, la partie et le tout,
la lumière et le noir
et ce chemin infini
qui finit en toutes choses.
Vous ne verrez pas ma face
ni ne sentirez mon ombre,
car mon ombre est toujours dans votre ombre :
le bien et le mal, la partie et le tout,
la lumière et le noir
et ce chemin infini
qui finit en toutes choses.

(traduit du roumain par Emanoil Marcu)
Commenter  J’apprécie          340
Nichita Danilov
Poème pour l’absence

Le jour de ses trente ans il disparut.
À table il avait ri, il avait bu. Il avait diverti ses hôtes.
Personne ne se rendit compte de son absence. Ils continuèrent
à manger, à boire. La danse battait son plein dans
la salle. Tous se lâchèrent.

… Il se dirigeait lentement sur un chemin de soirée.
Paisiblement se levait derrière lui
la poussière du chemin. Paisiblement croissaient les cendres…
Commenter  J’apprécie          323
Nichita Danilov
Le XXe siècle

Je suis mort alors que Dieu
n’était pas encore né
et je suis né alors que Dieu
était déjà mort !

Le XXe siècle était finissant,
Márquez avait déjà écrit Cent ans de solitude
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
L’homme avait déjà fait son premier pas sur la Lune,
Des cieux tombaient
les anges morts !

À l’horizon on entrevoyait
une troisième guerre mondiale.
Einstein était mort
et Dieu également était déjà mort !
S’achevait la fin d’un monde
et commençait le début d’un homme
dans lequel plus personne ne croyait.
Les rues étaient balayées par un vent de plus en plus noir,
dans le ciel les vautours tournaient en rond
de manière de plus en plus inquiétante.
Un tintement de cloche de plus en plus funeste
annonçait un nouveau commencement.
Alléluia !
Commenter  J’apprécie          250
Nichita Danilov
Ombre dorée, mélancolie

Qui dans ton immensité ne craindrait pas ton cri ?

Mais lui, dont on soupçonne à peine l’ombre
parmi les ombres des choses, de qui est-il l’ombre ?
La joie et le cri, la vague de terreur et la vague de froid
et une autre vague qui mélange les choses.
Nuit blanche inondée de sphères.
Et voici ton visage qui grandit à l’horizon
et les pas qui toujours s’éloignent… Pas le moindre battement d’ailes,
ni drapeaux flottants, ni les trompettes
de la nuit, mais seulement un immense silence et ton visage
comme un ciel lumineux englouti dans la pourpre du soir.
Les yeux lourds dont s’élève la vapeur
de la mort. Combien de fois jaillit cette fontaine
dont tu es l’eau ? Visage détaché d’une autre visage :
tu t’éloignes, image effacée, brisée
par une autre image. Le miroir d’un autre miroir,
l’heure d’une autre heure. Le temps d’un autre temps.
Douleur nostalgique des choses,
l’ombre de quel ciel es-tu, mélancolie ?
Commenter  J’apprécie          181
Nichita Danilov
Rivage

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
lave ses plaies dans la Rivière,
s’écoule une rouge eau,
s’écoule une rouge eau
depuis Je fus vers Je serai.

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
perle des tintements froids sur ta joue
s’écoule une limpide eau,
s’écoule une limpide eau
depuis Hier vers Aujourd’hui.

Prépare-toi, mon âme,
il est tard, ah, il est tard !
L’arc-en-ciel de cloches,
l’arc-en-ciel de cloches
a bu tout notre sang
toute notre quiétude dans la Rivière.

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
colle ses plantes des pieds blanches à la vitre,
s’écoule une trouble eau,
s’écoule une trouble eau
depuis Je Fus vers J’étais.
Commenter  J’apprécie          171
Nichita Danilov
Clés

Les maisons se chevauchent
l’une l’autre dans la rue
comme des animaux
en période de rut…

Depuis les portes et les fenêtres grandes ouvertes
se fraye un chemin dans la nuit
un fou rire de lumière…

… Je marche avec empressement,
de plus en plus pressé dans les rues.
Je m’arrête devant
chaque vitre,
je palpe mes clés dans les poches
et j’éclate de rire…
Commenter  J’apprécie          150
Nichita Danilov
Un autre siècle

Mon ange guérisseur
n’a pas d’aura, ni d’ailes.
Il pose son doigt sur ma plaie et me dit :
« Tu existes, Danilov, tu existes ? »
« J’existe, j’existe, je lui réponds.
Depuis plus d’un quart de siècle
je ne fais qu’exister. »

« Dans ce cas, sois un peu plus sûr de toi
et fais en sorte d’exister vraiment ! »
« J’existe, j’existe », je lui réponds.

« À ton âge, j’étais autrement, me dit-il.
Toi, on dirait que tu n’as pas du sang dans les veines,
que tu n’as pas de vie, pas de démon. »
« J’existe, j’existe, je lui réponds,
Depuis plus d’un quart de siècle
je m’efforce d’exister. »

« Dans ce cas, cherche ton autre moitié
et fais en sorte d’exister vraiment ! »
« Mon autre moitié est
restée de l’autre côté. De l’autre côté, je lui réponds.
Amène-moi dans un autre temps, dans un autre siècle ! »
Commenter  J’apprécie          100
Nichita Danilov
Nuit éternelle

Le pied tournait en rond, tout seul, dans la chambre.Tantôt rouge de colère,
tantôt blême de froid, il s’arrêtait ou, vaguement fébrile, reprenait sa promenade d’un coin à l’autre de la pièce. A un moment donné, il jeta nerveusement son métatarse sous le lit et sortit.
Dehors, il faisait nuit, une nuit éternelle, une nuit sans fin.

(traduit du roumain par Emanoil Marcu)
Commenter  J’apprécie          100

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nichita Danilov (2)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a écrit cette oeuvre?

Qui a écrit 1984 ?

H.G Wells
O Wells
S Beckett
G Orwell

11 questions
10579 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}