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4.25/5 (sur 4 notes)

Nationalité : Iraq
Né(e) à : Baghdad , 1399
Mort(e) le : vers 1428
Biographie :

Abd al-Karīm b. Ibrāhīm al-Jīlī, descendant du cheikh ‘Abd al-Qāder al-Jīlanī, naquit en 1366 à Jīl (d’où son nom) dans la région de Baghdad.

Il eut pour maître le cheikh Sharaf ad-dīn Ismāïl b. Ibrāhīm al-Jabartī et vécut au Yémen et en Inde.

Il est comme l’émir ‘Abd al-Qadīr un maître dans la lignée akbarienne et ses écrits portent la marque de l’enseignement métaphysique du cheikh b. ‘Arabī.

Il écrivit une trentaine d’ouvrages dont les plus connus sont avant tout son exposé sur la doctrine de l’Homme universel (Al-insān al-kāmil fī-l-ma’rīfa) et son commentaire des Futūhāt d’Ibn Arabî.

Source : Wikipédia
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Bibliographie de Abd-el-Karim el-Jîlî   (2)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Quand Dieu Se révèle à Son serviteur dans une de Ses Qualités, le serviteur plane dans la sphère de cette Qualité jusqu’à ce qu’il en ait atteint la limite par voie d’intégration (al-ijmâl), non par connaissance distinctive, car ceux qui réalisent les Qualités divines n’ont pas de connaissance distinctive si ce n’est en vertu de l’intégration. Si le serviteur plane dans la sphère d’une Qualité, et qu’il la réalise entièrement par intégration [spirituelle], il s’assied sur le trône de cette Qualité, en sorte qu’il se l’assimile et en devient le sujet ; dès lors, il rencontre une autre Qualité, et ainsi de suite jusqu’à réaliser toutes les Qualités divines.

Que cela ne te confonde pas, mon frère, car, pour ce qui est du serviteur, Dieu, voulant Se révéler à lui par un Nom ou par un Qualité, l’éteint, annihilant son moi et son existence ; puis, quand la lumière créaturelle s’est éteinte, et que l’esprit individuel est effacé, Dieu fait résider dans le temple (haykal) créaturiel, sans qu’il y ait pour cela localisation (hulûl)(1) divine, une réalité subtile qui ne sera ni détachée de Dieu ni conjointe à la créature, remplaçant ainsi ce dont Il le dépouilla, car Dieu Se révèle à Ses serviteurs par générosité.
(…)
A certains, Dieu Se révèle par la Qualité auditive (as-sam’), en sorte qu’ils entendent les énonciations des minéraux, des plantes et des animaux, de même que le langage des anges et diverses langues ; les choses éloignées se manifestent à eux comme les proches. C’est que le serviteur auquel Dieu Se révèle par la Qualité auditive, entend en vertu de l’unité de cette qualité toutes ces diverses langues comme aussi les appels subtils des minéraux et des plantes.

Dans cet état de dévoilement j’entendis la science de la Béatitude-Miséricorde (ar-rahmâniyah) énoncée par Le Clément (ar-rahmân) ; de là j’appris la récitation du Coran ; j’étais le rythme, et Il en était la mesure. Mais cela ne le comprendront que les « gens du Coran », qui sont les élus parmi les hommes de Dieu.

(1) C’est pour éviter l’erreur de « localisation » ou « inhabitation » de Dieu que l’Islam rejette le dogme chrétien de l’incarnation ; pour la même raison, la doctrine chrétienne insiste sur la distinction des deux natures du Christ. (pp. 72-73 & 76)
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L’homme universel n’est pas vraiment distinct de Dieu ; il est comme la Face de Dieu dans les créatures. Par l’union avec lui, l’esprit s’unit à Dieu(1). Or, Dieu est tout et en même temps au-dessus de tout, Il est à la fois immanent et transcendant ; de même, l’esprit, dans cet état d’union, s’unit aux créatures dans leurs essences, par une intuition directe ; en même temps, il est comme un diamant qui ne se mêle à rien et qui n’est pénétré par rien, parce qu’il participe à la Réalité divine qui se suffit à elle-même.

La connaissance unitive peut se traduire dans une certaine mesure sur le plan de la conscience distinctive, soit que son éclair transperce soudainement le voile de cette dernière, soit que son actualité toujours présente rende transparentes les choses qui s’offrent à l’expérience humaine.

Dès lors, on pourra dire que le Soufi connaît toute chose, alors qu’il en ignore beaucoup, et l’on pourra dire qu’il ignore les choses de ce monde, bien qu’il les connaisse toutes dans leur essence. En tout état de cause, la qualité de l’omniscience n’appartiendra jamais à l’homme, quel que soit le degré de sa « transparence » spirituelle à l’égard de la Lumière divine.

(1) La théologie chrétienne en dit autant du Logos. (pp. 8-9)
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Son Nom « Allâh » provient de « al-ilâh » (« le dieu ») ; seulement le Alif médian a été supprimé et le (premier) Lâm a été absorbé dans le second, de telle manière que (ce mot) est devenu le mot « Allâh » (Al-Ilâh s’est contracté en Allâh).

Mais, originellement, il est bâti (aclu-h) sur sept lettres : six sont visibles dans l’écriture (raqmiyah) et la septième est le wâw qui ressort lorsqu’on prolonge le ha (dans la prononciation mais qui n’apparaît pas dans l’écriture usuelle) comme on peut voir : A.L.I.L.A.H.W. (Ces lettres) sont les essences des sept Qualités (fondamentales) qui constituent (et réunissent) l’idée de la Divinité (ulûhah).

- 1° - Le premier Alif est l’essence de Son Nom « Le Vivant ».
Ne vois-tu pas comment la Vie d’Allâh se propage dans toute l’Existence ? Or nous t’avons montré que c’est de la même manière que le Alif se propage dans toute l’écriture (litt. Les lettres).

2° - Le premier Lâm : il est la Force-volitive (Énergie propensive ou productrice : al-Irâdah), à savoir la première orientation (tawajjuh) de l’Être-pur (al-Haqq) tendue vers la manifestation du Monde (ou cosmos : ‘âlam) du fait de l’Amour, comme l’indique le hadîth « J’étais un Trésor caché ; Je n’étais point connu. J’aimais à être connu… » Or l’Amour (dont il est question dans ce hadîth) n’est autre que la Force-volitive (al-Irâdah).

3° - Le second Alif : c’est la Puissance (Qudrah) qui se propage dans tous les êtres existenciés, lesquels sont tous placés sous l’empire de la Puissance.

4° - Le second Lâm : c’est la Connaissance (ou Science) qui n’est autre que la Beauté d’Allâh relative à Son Essence à Ses créatures (à la fois) : la partie dressée (qâ’imah) du Lâm est le lieu de Sa Connaissance de l’Essence, la partie en boucle (ta’rîqah) est le lieu de Sa Connaissance des créatures ; la lettre elle-même étant la connaissance totale en soi-même.

5° - le troisième Alif : c’est l’Audition (ou l’Ouïe as-sam’). (Or il faut comprendre que) c’est l’Auditeur qui est énoncé (mantûq) : « Il n’ya pas de chose qui ne glorifie par Sa louange » (Qor. 17, 44).

6° - Le Hâ : c’est la Vue (ou le Regard) d’Allâh. Le cercle (dâ’irah) du Hâ indique la pupille de Son Mystère (ghayb) encerclant (muhît), par lequel Il regarde le Cosmos (litt. la totalité du Monde), le Monde étant (alors figuré) par le blanc à l’intérieur, dans l’œil du cercle (formé par le) Hâ.

Cela symbolise le fait que le monde n’a d’existence (ou d’être : wujûd) que par le regard d’Allâh le Très-haut. S’Il ôtait Son Regard du Monde, celui-ci s’éteindrait entièrement. De même, si le cercle du Hâ ne tournait pas autour du point blanc, celui-ci n’aurait aucune existence ; et d’ailleurs, bien que doué d’existence, il demeure néanmoins dans l’état de néant (‘adam) qui est le sien ; en effet le blanc qui se trouve là avant d’être entouré (istidârah) par le Hâ est toujours là après (cet encerclement) ; il en est de même du Monde vis-à-vis d’Allâh quant à sa situation avant qu’Allâh le crée. Comprends-donc !

Médite bien sur ce secret étrange et mesure ce que je mentionne à l’aune de ce qui se trouve en ton for intérieur ; car le but visé ici n’est autre que ta félicité et la découverte (wuqûfuka’alâ) de ta source (ou ton être profond : ‘aynika).

7° - La septième : c’est le Wâw, dont la valeur numérique ressort au sixième degré (comme on l’a vu plus haut). Cette idée renvoie à la Parole (kalâm) d’Allâh. Ne vois-tu pas comment les six directions – qui trouvent leur achèvement extrême dans la perfection du Trône Rahmânien doté de toute direction – elles entre dans la Présence du « Kun ».

De même que la Parole d’Allâh n’a pas de limite (nihâyah), de même le créé, qui entre sous le globe (haytah) du Trône, est « possible » (mumkin) ; or le possible n’a pas de fin.

Observe comment la non-limitation (ou l’inexistence de la limitation : ‘adam an-nihâyah) de Celui qui est Nécessaire par Soi (al Wâjib al wujûd) se traduit dans le contingent, qui est sous un certain rapport et n’est pas sous un autre rapport.

Tels sont les sept Noms qui constituent l’idée même d’ « Allâh », dont le Nom et l’Essence ne sont pas autre que Lui et dont ces Noms sont la forme même. (pp. 245-249)
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Le nombre (valeur numérique de la lettre) du Alif est un.

Or l’un est un nombre qui ne fait pas partie des nombres. En effet, le nombre est un nom (indiquant la simple) répétition de l’unité à deux degré et plus ; sa fonction (fâ’idah) est celle de l’intelligibilité quantitative du nombré ; au degré (logique) de l’altérité. Mais l’unité, en soi-même, est dépourvue d’altérité, car il n’y a rien d’autre. De ce point de vue, l’Unité n’entre donc pas dans les limites du nombre. Elle n’y entre que du point de vue (où l’on peut) comprendre (ta’aqqul) (par elle) l’absence totale d’altérité qu’elle comporte en soi-même.

(L’Unité) est donc un nombre pas comme les nombres, comme lorsque les philosophes (‘uqalâ) disent « Allâh est une chose pas comme les choses. »

Le secret de la correspondance du Alif avec le nombre un réside dans le fait qu’il n’est éloigné du point que d’une seule dimension (bu’d), à savoir la longeur (tûl). En effet, le point n’a ni longueur (tûl) ni largeur (‘ard) ni profondeur (‘umq) ni hauteur (samk) ; or le Alif est une longueur (tûl) au point, une seule (dimension) ; c’est-à-dire le trait rectiligne.

Quant au Bâ’, il apparaît au degré numéral de deux (la dualité), car il est fait selon deux dimensions : longueur (tûl) et largeur (‘ard) ; sa tête est largeur, son corps (jasad) est longueur. (pp. 212-213)
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Il nous semble légitime d’appeler le Soufisme « mystique musulmane », à condition toutefois de donner à l’expression « mystique » son sens originel et précis : le Soufisme a pour but une connaissance dont la nature intime est « mystère », qui ne peut donc être pleinement communiquée par la parole ; ceci ne signifie nullement qu’elle soit incertaine ni qu’elle soit vague dans ses manifestations ; au contraire, elle rayonne dans l’ordre humain selon des lois strictes. La logique ne saurait la circonscrire ; en revanche, la vraie connaissance mystique est souveraine à l’égard de la raison et peut se servir de cette dernière pour retracer, comme par une projection inversée, les réalités qu’elle atteint d’une manière directe et au-delà de tout contour mental.
 
Son organe n’est pas le cerveau, mais le cœur où la connaissance et l’être de l’homme coïncident. En dehors de ce centre inaccessible à la pensée toute perception apparaît comme distincte de la nature de son objet ; c’est dans le cœur seulement que l’homme est ce qu’il connaît, et qu’il connaît ce qu’il est.
 
Cependant, là où la Connaissance rejoint son propre être, et où l’Etre se connaît lui-même dans son immuable actualité, on ne saurait plus parler de l’homme. Dans la mesure où l’esprit plonge dans cet état, il s’identifie, non pas à l’homme individuel, mais à l’Homme universel (al-insan al-Kâmill), qui constitue l’unité interne de toutes les créatures. L’Homme universel est le tout ; c’est par une transposition de l’individuel à l’universel qu’on l’appelle « homme » ; essentiellement, il est le prototype éternel, illimité et divin de tous les êtres.
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Abd-el-Karim el-Jîlî
L'homme dans son essence est la Pensée cosmique qui prend chair et relie l'être absolu au monde de la Nature.
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