Anormally

Nouvelle lecture d’un album publié par les Éditions des trois canards, une maison d’autoédition de BD militantes qui parlent de questions de genre, de féminisme, de luttes, de celles et ceux qui sont toujours du mauvais côté de la barrière…

Des féministes dans quel genre ? Pour un féminisme trans’inclusif d’Anormally, une mini BD dense et réflexive.



Dès la première page, Anormally se présente et explique son postulat : que penser d’un féminisme centré sur la question de genre quand on se définit comme féministe tout en étant « une personne queer non binaire, assignée femme » ?

Tout comme Anormally, je suis souvent un peu perdue quand on parle de féminisme, surtout vis-à-vis de certains sujets… J’ai donc particulièrement apprécié le rappel sur la théorie féministe et les problématiques liées au genre…

Je ne m’étais jamais penchée sur les différents courants féministes, tous plus ou moins cis-centrés, surtout les plus extrémistes tels le féminisme matérialiste, axé sur les rapports de genre et prônant la non-mixité politique, le féminisme radical (TERF) en faveur de l’exclusion des personnes trans, le féminisme lesbien… Mais je me suis déjà intéressée à la richesse des possibilités de la théorie Queer.



Une chose est certaine : si les personnes trans sont souvent rejetées par les courants féministes, elles subissent pourtant aussi le patriarcat…

D’où la nécessité d’évoluer vers un féminisme plus inclusif, incorporant le genre assigné à la naissance, celui auquel on s’identifie et le genre projeté sur l’individu par les autres… Eh oui, même les plus belles causes véhiculent des préjugés…



Sur le plan graphique, j’ai adoré le graphisme épuré figurant Anormally, comme personnage de sa BD, accompagnant les lecteurs au fil des pages. Les planches monochromes sont didactiques, claires, pertinentes.



Un grand merci à Anormally pour ce travail de vulgarisation et les pistes de réflexion proposées…


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Je viens de découvrir les Éditions des trois canards, une maison d’autoédition de BD militantes qui parlent de questions de genre, de féminisme, de luttes, de celles et ceux qui sont toujours du mauvais côté de la barrière.

Je commence par À quoi tu joues ? d’Anormally et Crouch, un livre pour enfants qui traite de l’identité et des stéréotypes de genre.



Quand Nao arrive à l’école, tout le monde se pose la question : est-ce une fille ou un garçon ?! Noa veut s’intégrer et jouer avec ses nouveaux camarades, mais les footeux le renvoient vers les filles et les virtuoses du jeu de l’élastique ne veulent pas d’un garçon parmi elles…

Face à la perplexité, puis au désespoir de Noa, un cercle d’élèves se forme et, ensemble, les enfants vont décortiquer et analyser leurs préjugés… À travers les jeux, la façon de s’habiller, les aspirations et les goûts de chacun(e)s, les jugements hâtifs, le machisme ambiant, les différentes formes de parentalité, le débat s’enrichit et les mentalités des enfants évoluent.

À la fin du volume, une licorne posée sur un arc-en-ciel énonce quelques bases sur les théories de genre et la liberté de choix en la matière.



Plutôt sensible aux diverses problématiques développées dans cette BD, j’avoue que j’ai adoré l’approche, la polyphonie des points de vue et des parcours, l’humour, le message final.

Le format paysage est bien conçu avec une image par page, voire par double page. L’ambiance est colorée, dynamique, les physionomies des personnages sont expressives malgré un trait minimaliste, le texte est vivant, percutant…



Une belle réussite !


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Juste un bisou... et puis quoi encore ? d'Anormally et Croüch, Éditions des trois Canards, 2011



Les jeunes enfants ont parfois du mal à comprendre certaines conventions sociales établies (pas toujours judicieuses, d’ailleurs) comme dire bonjour, embrasser les gens, se laisser embrasser par les gens…



Cet album illustré raconte l’embarras de Sacha lors de la visite de sa manie et de ses tontons. L’excellente journée est assombrie par l’obligation de faire un bisou : les joues d’un de ses tontons piquent et mamie est trop insistante devant son refus de l’embrasser…

Heureusement il y a d’autres alternatives que le fameux bisou pour se saluer, notamment en langage des signes ou encore avec un « tcheck » ou un « clap » personnalisé. Le récit explique que le baiser contraint n’est pas une forme d’amour contrairement au câlin choisi avec sa maman.



J’ai adoré les illustrations de cet album qui rendent vraiment bien les émotions de l’enfant, son malaise, son désir de disposer de son corps. La narration est pertinente, factuelle, pédagogique pour les enfants et les adultes. Certaines planches sont très drôles comme quand Mamie apprend comment tchéquer ou émouvantes comme quand Sacha réclame un bisou à sa maman…

Sur chaque page, certains mots sont illustrés en langue des signes.

Les « auteurices », Croüch au scénario, dessin et encrage et Anormally au scénario et aux couleurs ont réalisé un superbe album sur un sujet très sensible. Il n’est pas toujours évident de trouver les mots pour expliquer à un enfant que son corps lui appartient et qu’on peut tout à fait préférer une parole ou un autre geste à un bisou mal vécu.



Cet album parle à l’enfant que j’ai été, à l’adulte que je suis devenue, très mal à l’aise avec certaines promiscuités physiques. Je le destinais à ma petite fille de trois ans et demi pour Noël ; elle non plus n’aime pas trop les bisous.


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