Atar et ses habitants ne m'aimaient pas. Ils me dévisageaient, hilares, comme si je venais du ciel, ou d'une contrée bizarre, ils chuchotaient, ils ricanaient, je les entendais bien, "C'est une bédouine !", et alors ! répondais-je en moi-même, croyez-vous que j'en ai honte, croyez-vous que vos saletés de citadins, vos yeux perdus sans destin, les prisons où vous habitez, les montures sans vie que vous utilisez, croyez-vous que tout cela me tente, vous croyez-vous meilleurs, vous qui ne vous arrêtez pas pour parler, qui ne vous saluez même pas quand vous vous croisez, ou si peu, pressés pour survivre, seulement survivre, sans goûter au temps ?