AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


(II)
13. Le Maître dit : « Meng Tcheu fan ne se vante pas lui-même. L’armée ayant été mise en déroute, il est revenu le dernier. Arrivé à la porte de la capitale, il frappa son cheval, en disant : « Ce n’est pas que j’aie eu le courage de me retirer après les autres ; mais mon cheval ne marche pas. » Meng Tcheu fan, nommé Tche, était grand préfet dans la principauté de Lou. La onzième année de Ngai, l’armée de Ts’i envahit la frontière septentrionale de Lou. Les troupes de Lou rencontrèrent celles de Ts’i non loin de la capitale de Lou. Elles furent mises en déroute. Meng Tcheu fan resta seul derrière tous les autres, revint le dernier et, en se retirant, il résista encore à l’ennemi, afin de sauver l’armée. On peut dire qu’il a bien mérité de son pays. Arrivé à la porte de la capitale de Lou, au moment où tous les regards étaient tournés vers lui, il fouetta son cheval, et dit : « ]e n’aurais pas eu le courage de rester le dernier ; mais mon cheval ne peut avancer. » Non seulement il n’eut aucun orgueil de sa belle action, mais il essaya même de la cacher.

14. Le Maître dit : A moins d’avoir le talent de l’orateur « T’ouo et la beauté de Tchao (fils du prince) de Soung, il est difficile d’échapper à la haine dans ce siècle. » L’orateur T’ouo, grand préfet dans la principauté de Wei, était chargé de faire l’éloge des ancêtres du prince, de leur adresser des prières et de transmettre leurs réponses. Il était très habile à parler. Tchao, fils du prince de Soung, était remarquable par sa beauté. Ces deux hommes étaient en grand renom, à l’époque des événements racontés dans le Tch’ouenn Ts’iou. Confucius dit en gémissant : « A présent les hommes ne sont plus comme autrefois. Ils n’aiment pas la franchise, mais la flatterie ; ils n’aiment pas la vertu, mais la beauté. A moins d’avoir l’habileté de l’orateur T’ouo et la beauté de Tchao, fils du prince de Soung, il est impossible de plaire aux hommes de notre époque, et très difficile d’échapper à la haine et à l’envie. »

15. Le Maître dit : « Quelqu’un peut il sortir de la maison, si ce n’est par la porte ? Pourquoi personne ne marche-t-il par la voie de la vertu ? » Les hommes savent que, pour sortir, il faut passer par la porte, et ils ne savent pas que, pour bien agir, il faut passer par la voie de la vertu (suivre la loi naturelle).

16. Le Maître dit : « Celui chez qui les qualités naturelles l’emportent sur la politesse des manières et du langage est un homme agreste. Celui chez qui la politesse des manières et du langage l’emporte sur les vertus intérieures est comme un copiste de tribunal. Celui qui possède à un égal degré la vertu et la politesse est un sage. »

17. Le Maître dit. « Tout homme en naissant a la rectitude du cœur. Si celui qui la perd ne perd pas en même temps la vie, il a un bonheur qu’il n’a pas mérité. » (Il a perdu ce par quoi l’homme est vraiment homme, et n’a plus sa raison d’être).

18. Le Maître dit : « Il vaut mieux aimer la vertu que de la connaître seulement, et il vaut encore mieux en faire ses délices que de l’aimer seulement. »

19. Le Maître dit : « Un homme d’une vertu plus qu’ordinaire peut entendre des enseignements relevés. Un homme d’une vertu moins qu’ordinaire n’en est pas capable. »

20. Fan Tch’eu l’interrogea sur la prudence. Le Maître dit : « Remplir les devoirs propres à l’homme, honorer les esprits, mais s’en tenir à distance (c’est-à-dire, n’aller pas sans cesse à eux, comme les courtisans à leur prince, pour obtenir des faveurs), cela peut s’appeler prudence. » Honorer les esprits, c’est s’appliquer de tout cœur à leur témoigner sa reconnaissance et à leur faire des offrandes. Les esprits, dont il est ici parlé, sont ceux auxquels on doit faire des offrandes. Se tenir à l’écart, c’est ne pas chercher à faire en quelque sorte la cour aux esprits pour en obtenir des faveurs. L’homme a des règles constantes à observer dans toutes ses actions chaque jour de sa vie. Si quelqu’un, guidé par la lumière de la raison, donne toute son application aux devoirs qu’il doit remplir et aux choses qu’il doit faire ; s’il honore les esprits par des hommages sincères, tans leur faire la cour ni solliciter leurs faveurs ; la prospérité et l’infortune ne sont plus capables de le toucher ; ne doit-on pas l’appeler prudent ?

Fan Tch’eu l’interrogea ensuite sur la perfection de la vertu. Confucius répondit : « Un homme parfait met en premier lieu ce qui est le plus difficile (à savoir, la victoire sur ses passions) ; il met en second lieu les avantages qu’il en doit retirer ; alors il mérite d’être appelé parfait. »

21. Le Maître dit : « L’homme prudent aime l’eau, et l’homme parfait les montagnes. L’homme prudent se donne du mouvement, (comme l’eau qui coule) ; l’homme parfait demeure immobile, (comme une montagne). L’homme prudent vit heureux ; l’homme parfait vit longtemps. » L’homme prudent a l’esprit exempt de tout préjugé et de toute passion, très perspicace et libre de toute entrave. Il a une ressemblance avec l’eau ; c’est pour cela qu’il aime l’eau. L’homme parfait est grave et ferme par caractère ; rien ne peut l’émouvoir ni l’agiter. Il a une ressemblance avec les montagnes, et il les aime. L’homme prudent pénètre toutes choses par l’intelligence ; son activité atteint presque le plus haut degré possible. L’homme parfait pratique toutes les vertus sans aucun effort ; son cœur n’est ni troublé ni tourmenté par les passions. Son repos est presque absolu. Un homme dont le cœur est attaché aux choses extérieures, comme par des liens, rencontre des obstacles à ses désirs et éprouve mille soucis. L’homme prudent, dont l’âme est toujours pure et sereine, n’est arrêté par aucun obstacle. Comment ne serait-il pas heureux ? Un homme qui ne met pas de frein à ses passions ni à ses désirs se conduit mal et abrège sa vie. L’homme parfait jouit d’une santé forte et vigoureuse, qu’aucun excès ne vient altérer. Comment ne vivrait-il pas longtemps ?

22. Le Maître dit : « Si la principauté de Ts’i s’améliorait d’un degré, elle vaudrait pour les mœurs celle de Lou. Si la principauté de Lou devenait meilleure d’un degré, elle serait parfaite. »

23. Le Maître dit : « Un vase à vin qu’on nomme kou, c’est à dire vase à angles, s’il n’a pas d’angles, doit il être appelé kou ? » Confucius voyait que dans le monde beaucoup de choses avaient un nom sans réalité. C’est pour cela qu’il exprima sa douleur à propos du vase de vin nommé kou. Pour qu’un fils mérite le nom de fils, il faut qu’il pratique la piété filiale. Pour qu’un sujet mérite le nom de sujet, il faut qu’il soit fidèle à son prince. Il en est de même de toute autre chose.

24. Tsai Ngo dit : « Un homme parfait, apprenant qu’il est tombé quelqu’un dans un puits, se précipitera t il lui-même dans le puits pour l’en retirer ? » Le Maître dit : « Pourquoi agirait-il ainsi ? Un homme sage, en recevant cette annonce, pourra se déterminer à aller au bord du puits, (pour en retirer un homme qui se noie), mais il ne s’y jettera pas lui-même (avec la certitude d’y laisser sa vie, sans pouvoir sauver celle d’un autre). Il pourra être trompé (par un faux avis), mais non être aveuglé (au point de confondre ce qui est louable avec ce qui ne l’est pas). »

25. Le Maître dit : « Le disciple de la sagesse étudie les livres (le Cheu king, le Chou king, ...), afin d’acquérir des connaissances étendues, et il règle sa conduite d’après les vrais principes ; il parvient ainsi à ne pas s’écarter de la voie droite. »

26. Le Maître visita Nan tzeu. Tzeu lou en fut mécontent. Le maître dit, en prononçant une imprécation : « Si j’ai mal fait, que le Ciel me rejette ! que le Ciel me rejette ! » Nan tzeu, femme de Ling, prince de Wei, avait une conduite déréglée. Confucius étant arrivé à la capitale de Wei, Nan tzeu l’invita à aller la voir. Confucius s’excusa d’abord ; puis, contraint par la nécessité, il alla visiter la princesse. Anciennement, celui qui exerçait une charge dans une principauté devait, d’après les usages, faire visite à la femme du prince. Tzeu lou, ne connaissant pas cette coutume, trouvait que c’était une honte de visiter cette mauvaise femme.

27. Le Maître dit : « La vertu qui se tient dans l’invariable milieu est la plus haute perfection. Peu d’hommes la possèdent, et cela depuis longtemps. »

28. Tzeu koung dit : « Que faut il penser de celui qui répandrait partout ses bienfaits parmi le peuple et pourrait aider tous les hommes sans exception ? Pourrait on dire qu’il est parfait ? » Le Maître répondit : « Aider tous les hommes sans exception, est ce une chose qui soit possible à la vertu parfaite ? (Pour y parvenir), ne faudrait-il pas la plus haute sagesse, unie à la plus grande puissance ? Iao et Chouenn eux mêmes avaient la douleur de ne pouvoir le faire. Un homme parfait veut se tenir ferme lui-même, et il affermit les autres ; il désire comprendre lui-même (ses devoirs), et il instruit les autres. La vertu parfaite consiste, (non pas à secourir tous les hommes sans exception, ce qui est impossible ; mais) à juger des autres par soi-même et à les traiter comme on désire être traité soi-même. »
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}