AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Daphné B. (18)


Quand je me maquille, je n'ignore pas tout l'argent que je dilapide en poudre et en crème. Je sais que mes dépenses me plombent, comme elles plombent le monde, que je sature de mes déchets. Quelque part sur Reddit, j'ai même trouvé une feuille de calcul qui permettait de déterminer combien d'années d'ombres à paupières je possédais . En me basant sur le nombre de fards que j'ai chez moi, j'ai découvert que j'avais six ans de fards devant moi. Et ça, c'est si je me maquille sept jours sur sept, en utilisant toujours au moins trois couleurs. Je consomme peut-étre autant parce que j ai un trou dans le coeur, un cratère de la taille d'un rouge à lèvres Ruby Woo. J'essaie de remblayer ma béance rouge-bleu vif, maculée de la nuance de rouge à lèvres MAC qui s'écoule à raison de quatre tubes par minute. J'imagine les tubes en forme de balle qui s'accumulent. Ils forment des tas de munitions racontent une guerre mondiale perpétuelle.
Commenter  J’apprécie          70
Les cosmétiques, qu'il [Ovide] conçoit comme les armes nécessaires d'un «combat» hétérosexuel, donneraient à voir un spectacle choquant. Le poète demande aux soldates de prétendre qu'il n'y a tout simplement pas de conquête à mener. Seuls les hommes ont le droit d'en entreprendre (et de les multiplier). Les femmes qui manifestent leur désir délibéré de plaire risquent de passer pour des prostituées. La toilette féminine paraît obscène, parce quelle met en évidence une recherche de plaisir, mais aussi parce qu'elle traduit une situation où la femme est l'auteure de sa propre image. Le spectacle qu offrent ses « petites boites alignées sur la table», ce sont toutes les techniques, savoirs et connaissances qu'elle possède pour en user, et qui semblent menacer celui ou celle qui n'est pas initié-e.
Commenter  J’apprécie          01
On dirait que le maquillage ne nous semble acceptable que lorsqu'il se cache, occulte le geste même qui l'a fait naitre. On tolère l'artifice s'il est doublement mensonger et quil camoufle sa véritable nature. Ça passe quand ce n'est pas voyant et que ça a l'air «naturel». On applaudit le «no makeup» makeup look, ce maquillage savamment invisible, qui ne dit pas ce qu'il est. On aime les looks qui subliment subtilement une beauté préexistante sans venir modifier drastiquement les traits du visage. Pas de métamorphose, mais un éclat délicat, une touche de fard qui se déguise en vraie peau, qui tente par tous les moyens de ne pas crier: fiction! Lornement ne doit pas se voir, mais faire voir il lui faut montrer sans se montrer. C'est ça, dit-on, le bon goût.
Commenter  J’apprécie          00
On est porté à railler les visages fardés plutôt qu'à louer le talent artistique qu'ils démontrent. On aime se moquer des filles qui se poupounent «trop », parce qu'elles usent de l'artifice, qu'on oppose à la beauté. Comme la fioriture, le maquillage est élé- gant, jusqu'à ce qu'il devienne excessif ou de mauvais goût. C'est peut-être pour cette raison-là qu'un jour, une autrice avec qui je parlais de mon intérêt pour le maquillage s'est empressée de me dire qu'elle ne s'était jamais maquillée et qu'elle était fière de ça. Alors, moi qui suis maquillée, devrais-je avoir honte? Suis-je une enquiquineuse, une illusionniste en chef, une magicienne à deux cennes avec zéro lapin dans mon chapeau, mais beaucoup trop de noir sous les yeux?
Commenter  J’apprécie          10
j'ignore si je me noie dans les noyades des autres
mais je sais que je voudrais toutes les empêcher
comme si j'étais responsable d'une douleur toujours ailleurs
au loin, hors de portée
p. 70
Commenter  J’apprécie          00
…peut-être que l'amour c'est faire attention
aux choses qui se brisent
en ratant toujours un peu son coup
p. 40
Commenter  J’apprécie          00
Je chante les histoires d’amour absurdes
qui finissent en pouce bleu
Commenter  J’apprécie          00
l'entreprise Guerlain aurait tester des dizaines de tube de rouge avant de choisir le boîtier le plus silencieux pour que les retouches de maquillage en public n'attire pas l'attention. La journaliste beauté Arabelle Sicardi, que ce genre de souci pour les détails a le don d'attendrir, voit pourtant dans ce type d'effort une énième façon d'invalider l'expérience des femmes. Ce serait un autre exemple de la manière dont on a façonné la réalité des femmes dans le monde afin qu'elles soient vues, jamais entendues, connues, mais jamais crues; désirées, mais jamais digne de confiance. Il est vrai que j'aimerais parfois faire comprendre et entendre à quel point ça me coûte d'être cute.
Commenter  J’apprécie          00
Et est-ce que ce n'est pas ça que l'on fait, quand on se maquille ou qu'on écrit? On se donne un début, une fin. On exprime notre propre cosmogonie: il était une fois qui je suis.

p.192
Commenter  J’apprécie          00
Plus qu'une substance, le plastique est l'idée même de sa transformation infinie [...] il est moins objet que trace d'un mouvement. Sa mobilité incarne à elle seule l'essence de la mondialisation : la libre circulation des marchandises. Mais le mouvement du plastique est morbide, ne génère jamais de vie. Matière inerte, stérile, ce sont les autres qui le transportent, qui le charrient. Il choit ou se laisse choir, là où on se départit de lui: dans les dépotoirs, les océans et les cimetières de ce qui ne meurt jamais vraiment. Si le médium est le message, alors le plastique nous chuchote peut être l'issue de la modernité: une apocalypse qui ne féconde rien.

p.166
Commenter  J’apprécie          00
La toilette féminine paraît obscène, parce qu'elle met en évidence une recherche de plaisir, mais aussi une situation où la femme est l'auteure de sa propre image.

p.121
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui est lumineux éblouit et risque donc d'aveugler. Ainsi, on reproche aux surfaces brillantes, comme au maquillage, de dissimuler la vérité ou alors, d'en compromettre l'accès. Ce sont des artifices qui masqueraient le réel. Pourtant, le maquillage explicite plutôt la vérité même du corps comme paraître. On pourrait dire la même chose des figures de style et des images poétiques. Elles mettent en lumière la vérité même du poème comme écriture.

p.117
Commenter  J’apprécie          10
Pour m'extraire du temps monétisé, je me maquiller. Devant mon miroir, je n'arrive plus à le compter, je cesse de rentabiliser. Parfois, je me farde et me sors même pas de mon lit. Je travaille toute la journée dans ma chambre, sous les couvertures, à l'abri des regards. En fait, quand je me poudre ou que je me crème, je me rapproche de ce corps que je passe ma vie à ignorer. Je lui redonne de l'importance, un peu de dignité. Je lui trace un sourire et je rougis ses joues. Je prends soin de lui, de moi, de nous. Je me dédouble pour mieux m'enlacer.

p.116
Commenter  J’apprécie          10
Or, l'opulence présuppose la rareté, car elle fleurit sur la misère des autres.

p.8
Commenter  J’apprécie          00
En ne voyant qu'une manifestation de notre décadence dans la culture de la beauté, dans ce qui a trait à l'ornementation des corps, on enferme le maquillage dans une vision sexiste qui associe les ravages du capitalisme à la femme, et plus particulièrement aux soins du corps.
Commenter  J’apprécie          50
Les mots utilisés à tort et à travers par des gens abîmés
ne veulent plus rien dire. L’amour, c’est quoi ça. Je tiens
le verbe « aimer » au creux de ma paume et il ressemble
à une personne qui a le hoquet. Il faudrait qu’elle retienne
son souffle et compte jusqu’à 10, cale un verre
d’eau, une cuillère appuyée sur le front. Quand j’ai dit
que je t’aimais, c’est que je ne savais pas quoi dire.

J’avais quitté le zoo complètement déprimée. Un immense
gorille assis à deux pouces de la vitre en plexiglas
nous avait dévisagés en soupirant.
Il n’allait pas y avoir de statut Facebook. Des photos de
flamants roses oui, des chicanes et des assiettes pétées
peut-être. Ce jour-là, entre deux pandas et une crème
glacée, on avait cessé de se trouver beaux.
Commenter  J’apprécie          00
Si je m’écris aujourd’hui, c’est pour m’assurer d’avoir existé.
Commenter  J’apprécie          20
Les lézards à queue bleue viennent de l'île Christmas, entre les îles Cocos et l'île de Java. Ils abandonnent leur queue derrière eux quand ils ont peur. Pendant qu'ils détalent, leur prédateur est distrait. Il regarde la couleur qui scintille, incapable de saisir ce qui est en train de se produire, de comprendre que le lézard s'enfuit.

Moi aussi, je suis distraite. Je monte et descends la montagne. Le passé s'accroche dans mes yeux comme une queue de lézard. Je suis mon propre spectacle, mon propre film d'amour touchant, je suis toute les histoires que je me raconte.

S'il y a une frontière à franchir, c'est celle du souvenir. Elle rayonne comme les étoiles collées à mon plafond d'enfant.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Daphné B. (83)Voir plus

Quiz Voir plus

Les chaussettes de l'Archiduchesse....

Mise en bouche : Les chaussettes de l'archiduchesse, sont-elles sèches, ..............?............, ?

Archie Shepp
Arcimboldo
Archi-sèches
Architecte
Archiépiscopales

12 questions
37 lecteurs ont répondu
Thèmes : chaussettes , vision du monde , vocabulaire , grammaireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}