AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de HoneyMoony


Entre les feuillages légers et les houppettes jaunes du grand mimosa planté au coin de la terrasse, la vibrante clarté du soleil méridional s’étendait sur les vieux visages émus, sur le vêtement usé de M. Labarède et sur la robe noire, un peu verdie, de sa femme. Des parfums passaient autour d’eux, venant des pinèdes toutes proches et des plantations en terrasses qui formaient le jardin de la bastide Sainte-Marie, la petite propriété de M. Labarède, située au flanc de la montagne boisée entre Cannes et Antibes.

Devant la maison, modeste bâtisse d’un rose cuit par le soleil, s’étendait une terrasse en partie pavée, celle où se trouvaient en ce moment les deux époux. On découvrait de là le golfe de la Napoule, la rade d’Antibes, Villefranche – vision d’or fluide, de bleu ardent, de lumière doucement brûlante à l’heure de midi, s’éteignant le soir en clartés reposantes ou devenant flamme et pourpre sur les escarpements sombres de l’Esterel. Les bruits d’en bas, de la rive élégante et cosmopolite, mouraient dans le grand espace lumineux sans atteindre jusqu’à la solitude où vivaient les vieux époux, leur petite-fille Annonciade et leur servante quinquagénaire.

Dans le jour ensoleillé, M. Labarède descendit les étroits degrés de pierre qui menaient aux plantations. De celles-ci, le vieillard s’occupait assidûment, avec l’aide d’un garçon du village. À l’époque des fleurs d’oranger, il prenait quelques personnes pour la cueillette. Ce jardin lui rapportait un petit revenu dont l’absence, aux mauvaises années, se faisait sentir dans le modeste budget.

Sur l’une des terrasses, la plus large, s’étendait la plantation d’orangers. Dans un petit bassin ovale luisait une eau verte et frissonnante, amenée par une conduite du grand bassin cimenté d’en haut. Tout près de là, une jeune fille agenouillée cueillait des narcisses. Elle tourna un peu la tête en entendant le pas de M. Labarède et la douceur profonde de ses beaux yeux s’anima d’un sourire très gai.

– Tu n’as pas fini ta cueillette, Annonciade ?

– Si... grand-père... deux ou trois encore... Voilà !

Elle se redressa, en un souple et vif mouvement de tout son jeune corps gracieux. La lumière éclairait les contours délicats, la blancheur mate de son visage auquel montait un peu de chaleur. Ses mains retenaient un bouquet de narcisses dont le parfum se répandait autour d’elle, dans l’air tiède.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}