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Citation de aleatoire


Les impacts des Russes soulevaient la terre dans une succession de geysers de plus en plus serrés. Nous vîmes la rafale monter vers nous. Avec un cri de désespoir et de grâce, nous disparûmes dans le fond de la position, les uns contre les autres, agités du même tremblement. Les chocs se rapprochèrent avec une violence effroyable. Des giclées de neige, des myriades de mottes de terre, dévalèrent en déluge dans notre trou. Un éclair blanc, accompagné d'un déplacement d'air formidable et d'un bruit qui nous rendit sourds, souleva le bord de la tranchée. Sans comprendre immédiatement ce qui nous arrivait, nous fûmes projetés tous en bloc sur l'autre versant et sur le blessé. La terre retomba dans un grand bruit et nous recouvrit.
Dans cet instant si proche de la mort, j'eus un accès de terreur qui faillit me faire éclater le cerveau. Emprisonné par la masse de terre, je me mis à hurler d'une façon anormale. Le simple souvenir de ce moment m'affole encore maintenant. Se sentir enseveli vivant est une impression si terrible que je ne sais comment l'exprimer. La terre était partout, dans mon cou, dans ma bouche, dans mes yeux ; mon corps entier était maintenu par une chose lourde et phénoménalement inerte. Mes plus grands efforts ne contribuaient qu'à la faire se resserrer un peu plus sur moi. Sous mes cuisses, la jambe d'un camarade bougeait avec l'acharnement d'un cheval dans les brancards d'un lourd tombereau. Quelque chose se dégagea sur mes épaules. Dans un brusque sursaut, j'arrachai ma tête à la terre et à mon casque, m'étranglant à demi avec la jugulaire. A côté, à cinquante mètre, un masque horrifié, d'où s'échappait un bouillonnement de sang, hurlait d'une façon inhumaine.
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