C’est le début de l’été. Les vacances approchent à grands pas. Dans deux semaines, les élèves de CM2 que j’ai suivis pendant trois ans partiront fièrement, mais un peu angoissés, au collège. Ils sont prêts. Ils jouent déjà aux grands dans la cour de notre petite école de village.
La fin d’année est douce et paisible. Avec ma collègue Valentine, nous discutons des différents évènements qui ont jalonné nos cinq ans de collaboration fructueuse.
Elle a obtenu une mutation pour s’occuper d’enfants en situation de handicap. En fait, elle sature de syllaber et de compter jusqu’à cent chaque année. Cette routine commence à ronger sa vocation. Alors, elle a décidé de sauter le pas. Un nouveau challenge. Et je l’admire pour ça.
Notre conversation légère est soudain interrompue par des insultes entre deux élèves. Ils s’apprêtent à en venir aux mains. Je sépare les deux bagarreurs. Ils s’expliquent, s’excusent et se séparent. Chacun part dans un coin de cour. Je retourne auprès de Valentine.
Je suis contente pour elle. Sincèrement. D’ailleurs, c’est aujourd’hui que sa remplaçante doit venir. Notre conversation évolue vers d’autres sujets, légers comme cette brise d’été qui caresse nos visages.
Soudain, une chaleur envahit mon plexus solaire. Mon coeur s’emballe de manière irraisonnée. Je sens les pulsations au niveau de mes tempes, comme si le sang bouillonnait dans mes veines. Que m’arrive-t-il ?
Puis je comprends. Dans une brume cinématographique contrastée par le soleil d’été, elle apparaît. [...]