Seulement, je n'ai jamais appris. Je n'ai qu'un cri sale et désordonné. J'aimerais savoir raconter, savoir dire ce qui ne se dit pas, ou ce qui a été mal dit, je voudrais dire en travers, dire à l'envers, pour mieux saisir l'importance, toucher à l'intouchable, dire les choses, raconter pour saisir, pour comprendre, par l'imaginaire, et surtout pour adorer.
J'ai peur d'être seule, parce que, seule, l'écriture m'aspire, et alors je ne dépends plus de moi mais d'elle. Elle prend possession de moi, me menace, me domine, m'engloutit, m'aliène, m'enferme, me force... me viole.
Il y a des choses qui ne s'expliquent pas, celle-ci en fait partie : l'écriture.
[ Incipit ]
Tais-toi, s'il te plaît.
Et vous aussi : taisez-vous.
Les hommes parlent trop ; les femmes, c'est encore pire.
Je perds le fil des gens et le fil du temps, mon époque n'est qu'un nerf dont je ne ne comprends pas le fonctionnement.
Il faut se taire ou bien hurler.
Écrire, ce n'est pas se faire violence, c'est être violence.
Certains disent que l'écriture vient peu à peu, qu'il faut s'entraîner, que c'est une rencontre lente.
Moi je dis que c'est foudroyant.