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4.29/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 13/01/1804
Mort(e) à : Paris , le 24/11/1866
Biographie :

Gavarni, dit Paul Gavarni, pseudonyme de Sulpice-Guillaume Chevalier, est un dessinateur, aquarelliste et lithographe français. Il fit de très nombreuses illustrations. Ses premières lithographies datent de 1824. Il publia à partir de 1830 dans les revues, puis, en album, chez Aubert et à la Librairie Nouvelle. En 1847, il entreprit un voyage en Angleterre et prit part à l'exposition de la Royal Academy en 1850. De retour en France, il entreprit de nouvelles séries. Le total de son oeuvre atteint quelques huit mille pièces.

Il est le père du peintre Pierre Gavarni (1846-1932)


Source : Wikipedia
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Bibliographie de Gavarni   (14)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
CONSEILS À UNE PARISIENNE

Oui, si j’étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
À toute la terre
Faire les yeux doux.

Je voudrais n’avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris ;
Et, de pied en cap, être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.

Je voudrais garder, pour toute science,
Cette insouciance
Qui vous va si bien
Joindre, comme vous, à l’étourderie
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.

Je voudrais pour moi qu’il fût toujours fête,
Et tourner la tête
Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l’âme,
L’amour dans les yeux.

Je détesterais avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune
Comme un clair de lune
En capuchon noir.
Car c’est si charmant, et c’est si commode
Ce masque à la mode,
Cet air de langueur !
Ah ! que la pâleur est d’un bel usage !
Jamais le visage
N’est trop loin du cœur.

Je voudrais encore avoir vos caprices,
Vos soupirs novices,
Vos regards savants.
Je voudrais enfin, tant mon cœur vous aime,
Être en tout vous-même.
Pour deux ou trois ans.

Il est un seul point, je vous le confesse
Où votre sagesse
Me semble en défaut.
Vous n’osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne ;
Pourtant il en faut.

Je ne voudrais pas, à la contredanse,
Sans quelque prudence
Livrer mon bras nu ;
Puis, au cotillon, laisser ma main blanche
Traîner sur la manche
Du premier venu.

Si mon fin corset, si souple et si juste,
D’un bras trop robuste
Se sentait serré,
J’aurais, je l’avoue, une peur mortelle
Qu’un bout de dentelle
N’en fût déchiré.

Chacun en valsant, vient sur votre épaule
Réciter son rôle.
D’amoureux transi ;
Ma beauté du moins, sinon ma pensée,
Serait offensée
D’être aimée ainsi.

Je ne voudrais pas, si j’étais Julie,
N’être que jolie
Avec ma beauté.
Jusqu’au bout des doigts je serais duchesse.
Comme ma richesse,
J’aurais ma fierté.

Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes
Sont très-inconstants.
Il faut éviter surtout leurs moustaches ;
Cela fait des taches
Les trois quarts du temps.

Quand on est coquette, il faut être sage.
L’oiseau de passage,
Qui vole à plein cœur,
Ne dort pas en l’air comme une hirondelle
Et peut, d’un coup d’aile,
Briser une fleur

Alfred de musset.
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Monsieur Prudhomme, c’est toute cette incarnation collective : la nullité auguste ; la verbosité solennelle ; la critique à rebours ; l’impression triviale de toute idée noble, et vice versâ ; la propriété dans le lieu commun ; l’imposance dans le saugrenu ; la bonhomie aigre ; la fleur de rhétorique dans l’inepte ; l’emportement dans la platitude ; l’égoïsme doucereusement brutal ; la consolation qui désespère ; la gaieté qui navre ; le scepticisme bête ; l’hilarité vulgaire ; le sérieux dans la futilité. — Il a forcément le port décisif, le geste magistral, le son de voix raisonneur et la physionomie délibérante.
Monsieur Prudhomme est le plus radical incurable de cette maladie des intellectualités médiocres que le vocabulaire dérobé de l’art a nommé le Poncif. Le Poncif, c’est la formule de style, de sentiment, d’idée ou d’image qui, fanée par l’abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet.
Le Poncif est la cérémonie du banal. Exemples : « C’est plus qu’un bon livre, c’est une bonne action. » — « To be or not to be, comme dit Hamlet. » — On ne remplace pas une mère. » — « Un pareil fait n’a pas besoin de commentaires ».
Le Poncif est encore la pépinière des substantifs tout adjectivés : le meilleur des pères, l’aventure la plus piquante, la mâle fierté, les intraitables convictions, les bons et simples habitants des champs.
(…)
Monsieur Prudhomme est donc l’étiquette d’un ordre de faits et d’idées plus saillant dans la basse classe, plus circonspect dans la classe moyenne, presque effacé dans la haute classe. C’est en effet à la petite bourgeoisie que commence et à la grande bourgeoisie que finit ce type laborieux ; nous avons dit pourquoi ni le peuple ni l’aristocratie ne comprennent guère de Prudhommes.
(…)

Quant à la poésie, qu’il prononce pouahsie, quand il vous a révélé que c’est de la viande creuse, il ajoute : « Eh mon Dieu ! des vers ! qui n’en a pas fait !… Moi aussi, dans mon temps, je versifiais très-joliment !… »

C’est encore lui qui vous riposte quand vous vous plaignez du froid : Si vous étiez en Sibérie, qu’est-ce que vous feriez ?
N’avez-vous que vingt-cinq ans, et êtes-vous fatigué d’avoir monté sept étages, il vous dit ironiquement : Un jeune homme !
Ses idées sur le mariage consterneraient George Sand : « Après tout, décrète-t-il, une femme est une femme, la beauté est un don éphémère » Quant à l’esprit, il ne sert qu’à faire des sottises ; aussi épouse-t-il une femme qui est à la fois un zéro et un épouvantail.

Quant à l’amour, il hausse les épaules en en parlant, et il ajoute : J’aime mieux qu’un jeune homme aille voir les filles que d’avoir une maîtresse ; au moins il ne se ruinera pas.
Des romans de Balzac, il prétend qu’ils farcissent l’imagination.
D’un homme qui, en dehors du mariage, aura aimé dix ans la même femme, il dira qu’il s’adonne à la débauche.
Ses enfants construisent un château de cartes : le château fond ; il leur dit en levant les yeux au ciel : Voilà l’image de la vie ! Il répand partout que sa dame ne lit pas, et un compère lui réplique Vous êtes bien heureux ! (…)

(Au théâtre)
Une de ses malices est celle-ci : une pièce s’appelle, par malheur, « la Journée des Dupes » : « Tout bien considéré, j’ai bien peur que la journée des dupes n’ait été pour le public. »
La pièce était passable ; tant pis ! il fallait qu’il fît son mot.

Orateur, il monte à la tribune en s’écriant :
« Messieurs, le Pou-âr (c’est la prononciation parlementaire de pouvoir, comme cûeur est la prononciation dramatique de cœur), le Pou-âr veut nous mener aux abîmes ; ne le suivons pas sur ce terrain ! »

Économiste, il croit devoir démontrer la légitimité de la propriété, et il tire ses arguments de l’exemple des castors, ces industrieux animaux qui possèdent réellement animo domini (avec intention de posséder) ; journaliste, il s’exprime ainsi à la veille des cataclysmes :

« Nous ne sommes pas de ceux qui, dans les circonstances telles que celles où nous sommes momentanément placés, croiraient devoir exercer sur l’opinion de leurs concitoyens une influence par trop décisive. C’est pour nous un droit, nous irons plus loin, c’est un devoir de nous abstenir en pareille occurrence, et nous n’apprendrons rien à personne en disant avec Marcus Tullius Cicéron qu’il est des temps incertains où une réserve prudente est plus fertile en résultats fructueux qu’une agressive témérité. »

Le mobilier de Monsieur Prudhomme varie suivant la position sociale ; quelques généralités suffiront ; il a beaucoup aimé l’acajou, il le trahit maintenant pour l’imitation d’écaille ; de même qu’il avait abandonné les vases de fleurs artificielles pour les produits de la potichomanie (imitation de vases chinois) ; il a un petit jardinier en bois colorié au fond de son parterre, et dans son cabinet il entretient sous un globe de verre un Napoléon en chocolat. Il vénère le ruolz ; il met de fausses manches pour faire aller sa chemise un jour de plus.

Monsieur Prudhomme est de tout. Il compose studieusement sa future épitaphe, et attache à sa personne un tas de petits titres dérisoires et abstraits, comme on attache des grelots au cou d’un épagneul : Président du comité de surveillance des intérêts locaux, secrétaire-archiviste du comité central de désinfection publique, correspondant honoraire de l’athénée du Beauvaisis, délégué cantonal, rapporteur, commissaire, etc. Nul n’est plus heureux que lui quand il peut dire, en parlant de lui-même, à sept ou huit personnes qui bâillent : Votre président, messieurs, ne se dissimule pas, etc. Enfin le signe de l’honneur aidant, avec la cravate blanche, et la calvitie, bien entendu, il arrive à être un homme considérable ; c’est alors qu’il se donne le plaisir de prononcer quelques discours sur la tombe de ses amis ; dernièrement on enterrait Lefébure, un de ses pairs ; Monsieur Prudhomme, qui tient à la vie, s’est écrié d’un ton pathétique :

« Puisqu’il nous est défendu de te suivre, ô Lefébure, adieu, nous nous reverrons dans un monde meilleur. »

Et il est allé déjeuner, en arrosant ses mets d’un vin généreux, toutefois sans excès ; car, dit-il, je ne suis pas partisan des libations trop copieuses ; mais je vais sur mes cinquante-six ans, et, nul n’en ignore, Bacchus est le lait des personnes d’âge.

(Notes : Ce Monsieur Prudhomme est un personnage fictif dont le nom est synonyme de bourgeois médiocre, imaginé à l’origine par Henri Monnier puis souvent repris comme référence par d’autres auteurs au 19ème siècle)
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— Ne va pas te tromper! Si c'est un Mosieu qui t'ouvre, tu diras ce que je t'ai
dit; si c'est une Dame, tu ne diras rien, tu donneras ça; si c'est une bonne aussi, ou une petite fille.
— Il n'y a toujours que le Mosieu qui ne doit pas voir.
— C'est ça.
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Cependant, comme le but de toute chose, en ce monde, n'est pas le vrai, mais le bien , il s'agit de s'entendre un peu à ce sujet. — Ces délicates attentions des femmes pour toute vérité qui nous est blessante; ce respect touchant pour notre bonheur, quand elles savent que ce bonheur n'existe plus ; ces douces et inquiètes prévenances pour éloigner tout soupçon de notre esprit lorsque nous avons perdu leur amour ; vous appelez cela fourberies? Eh bien, soit, va pour fourberies. Mais alors comme les femmes nous sauvent autant de douleurs par leurs ingénieux mensonges que vous en causez par votre sotte franchise, Dieu nous conserve leur fourberie, et nous garde de votre vertu
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Dix napoléons d'or sont une bonne aubaine
En tout temps , mais surtout au temps du carnaval.
— D'oripeaux pailletés c'est tout un arsenal
D'imbroglios d'amour c'est toute une semaine
C'est du bonheur en germe et du plaisir en graine,
Après un souper fin, c'est l'intrigue du bal.

Mais aussi, qui n'a pas, en retournant sa poche,
Dix napoléons d'or, quand il veut , sous la main ! —
Qui? — J'en connais plus d'un... mais soit dit sans reproche,
Car je suis optimiste, et pour le genre humain
J'estime qu'un plaisir dont nul autre n'approche.

C'est d'être riche un jour, pauvre le lendemain.
Donc , c'est aujourd'hui fête , et vos yeux sur l'affiche
Ont déchiffré le nom de l'auguste Musard ;
Gueux trois cents jours par an , mi bienheureux hasard
Vous ayant au réveil, ce matin , laissé riche.
Si Dieu ne vous a fait thésauriseur ni chiche
Du bal de l'Opéra vous voulez votre part. ...
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Ce que Gavarni a jeté çà et là dans les journaux, dans les livres, dans les publications illustrées, dans les revues, d'esprit écrit et dessiné, est vraiment prodigieux. Son oeuvre complète, si quelque infatigable collectionneur parvenait à la réunir, formerait déjà plus de trente volumes in-folio. Malheureusement , ces petits chefs-d'oeuvre faits sans prétention, comme tous les chefs-d'œuvres, le vent de la publicité, en soufflant dessus, les a éparpillés aux quatre points de l'horizon ; qui ne serait charmé d'avoir dans son portefeuille : les Lorettes, la Vie de jeune homme, les Etudiants, le Carnaval, les Débardeurs, les Actrices, les Fourberies des femmes, les Enfants terribles, Paris le malin, Paris le soir, etc., c'est-à-dire, l'existence parisienne comprise à fond par un philosophe, et rendue par un artiste?
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En effet, à entendre les hommes quand leurs ruses vulgaires ont échoué devant la candeur habile de la femme qu'ils voulaient tromper, ne dirait-on pas que leur propre vertu est la seule cause de leur insuccès? Ne retournent-ils pas constamment leur maladresse en franchise, et leur sottise en loyauté? Voyez-les surtout lorsque, dans leur grosse finesse, ils ont interprété au rebours la simplicité d'une femme. Une fois dans le piège qu'ils ont creusé de leur propre doute, que d'imprécations, de colères et de gémissements! Une bête fauve, prise par la patte, montre vraiment plus d'héroïsme et de dignité.
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De ce moment, toutes les secourables condescendances des femmes pour notre jalouse irritabilité ; toutes les exquises tendresses de leur coeur; tous les délicieux raffinements de leur sensibilité ; tous les voiles protecteurs qu'elles mettent, avec tant de grâce et de poésie, entre les yeux de ceux qu'elles aiment et la vérité trop vive; toutes ces merveilleuses délicatesses de leur âme et de leur esprit, ne sont plus que dissimulations, coquetteries et mensonges. — Mais écoutons-les toujours, car c'est alors que les hommes sont superbement niais.
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Gavarni est fantasque, mais non fantastique, ce qui est bien différent; quoique son crayon soit d'une légèreté extraordinaire , il s'astreint â la réalité ; tous les détails indiqués, môme par le trait le plus fugitif, sont justes et vrais; nos divans, nos fauteuils, nos chapeaux ont bien cette forme; sur la cheminée de la lorette, Gavarni ne mettra pas la pendule d'un bourgeois, et ainsi de suite.
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-Qu'est-ce que tu peux venir chercher ici, philosophe ?
- Je ramasse toutes vos vieilles blagues d'amour, mes colombes... on en fait du neuf.
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