La frénésie hallucinée du monde
se débat des griffes et brûlures
barbelisant la paix
plus rien ne la contient pas même
un battement
de cœur
TOUTE PEAU QUE L’ON SAUVE
Nous apprivoisons toute entrave
pour vivre en elle
multiplier les espaces vierges
et nourrir toute peau que l’on sauve
Elle jeûne à notre table ouverte
ou dîne aux côtés des mendiants
elle est l’inachevé
renaissant en chacun et en tous
Elle reste intacte dans les coeurs en éveil
pour les actes posés et les morts que l’on berce
Jamais elle ne se tait ni se tapit dans l’ombre
elle s’installe au grand jour
dénudée
sans démon ni faiblesse
Elle est mère de tous et l’enfant que l’on porte
Elle est la liberté
de vivre
de dire
de faire
pour que chacun s’élance
et grandisse en silence
IMASANGO
Les rencontres font germer
nos yeux ouverts et nos mains sources
Imasango - Extrait du poème La conque de nos bouches
LA MÈRE
Liane de vie étendue
à toute la planète
bonheur partagé entre les femmes
de la terre entière
Don nourri du cordon ombilical
enfantant l’avenir du monde
en réseaux de mères nourricières
au foyer ou sur les voies de l’exil
Mémoire de la mère dans l’inconscient
incrusté en rêves d’elles et de rives utérines
où parfois résonne sans crier gare
son rire cristallin tintant tel un baume
Omniprésence générique bravant l’absence
et les aléas de la vie sur terre
agitée de toutes parts par les temps qui courent
par des hordes barbares assassinant la mère
Car porteuse de vie et d’espérance infinie
face à l’expérience sans fin de l’enfantement
à toute heure du jour et de la nuit
la mère nourrit l’enfant de tous les rêves du monde
DÉWÉ GORODÉ
Mes origines sont un écho serti au corail rouge
tronc entamant l'éclosion du verbe d'un pain.
terre fleuve et foyer-mer où se tiennent d'autres frères
d'autres âmes paysages réunis sur le chemin.
Oiseau rouge émoi
sa gorge ma bouche
duvet frémissant
mes paumes
extase mes yeux
ciel contigu
l'appel au bord
ma tasse au réveil
rivage pluie
solaire au large
d'amour puissant
oiseau destin
silence incendié
vague-ventre
versée la lune
à nos pieds
nous nageons
encordés
à la marée montante
bruissant
d'asile mutuel
L'amour s'esquisse
En déserts lunes
En plages atteintes
Où nos corps et artères
Assiègent les bras mêlés
Offrant parfum
Piégeant l'asile
En cordyline de protection
sans titre
Les arbres ignorent les lois de la propriété.
Quand on pense les retenir et les enfermer, ils s’échappent par les rais de lumière. Si la lumière décline, ils oublient les frontières et imposent silencieux leur immense liberté. Ils traversent le temps qui passe en offrant la dignité de leur vieillesse. Les murs sont inutiles. Les feuilles, la sève et l’écorce, poursuivent en plein jour le cheminement insoupçonné : les racines vont loin, très loin, elles s’étalent comme des doigts pour repousser les limites devenues invisibles. La nature conquise en apparence, reste la déesse des lieux, comme l’enfant que l’on croit diriger mais qui est notre guide.
Le Silence le Souffle l'Amour
l'Horizon et le Monde
sont les doigts de ma main
que tu acceptes pour avancer
La poésie prend l'âge de nos silences et celui de notre île
nos différences créent la lueur des jours
les murs se craquellent
et se faufile la main du monde
Femmes nourricières porteuses de vie
nous sommes jardinières de lendemains possibles
nos gestes enracinés au quotidien des vigilances
rendent aux semences le soleil bâtisseur