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Critiques de Le magazine littéraire (15)
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Le Magazine Littéraire, n°508 : Cioran, Désespo..

Ce numéro 508 du Magazine Littéraire contient un très intéressant dossier sur Cioran mais pas que.



Dans son éditorial Joseph Macé-Scaron s’interroge : « Peut-on être asthmatique ou dépressif à longueur de jours et de nuits, et devenir totalement neuf parce qu’on se met à écrire ? ».

Dans la rubrique « Analyse » Anne Sauvagnargues (avec des chouettes illustrations de Catherine Meurisse) établit un parallèle entre « littérature et philosophie, ces deux domaines qui ont longtemps été artificiellement opposés alors qu’ils recherchent pareillement de nouvelles manières de percevoir, d’expérimenter ou de penser ». Elle pense en somme que « nous enseignant la grammaire des passions, la littérature a été le creuset de toutes les sciences humaines : psychologie, sociologie, histoire ethnographie, etc. » tandis que « la philosophie assume la tâche de transformer notre expérience à la manière de la science-fiction, en résolvant une énigme comme le fait un roman policier ».

Dans la rubrique « Critique », Pierre Assouline revient sur les « Manuscrits de guerre » de Julien Gracq aux éditions José Corti avec une présentation de Bernhild Boie : « Gracq au front, en errant, en écrivant », et Joël Chandelier sur Marc Bloch qui disait en 1928 : « cessons, si vous le voulez bien, de causer éternellement, d’histoire nationale à histoire nationale, sans nous comprendre. Un dialogue entre les sourds, dont chacun répond tout de travers aux questions de l’autre, c’est un vieil artifice de comédie, bien fait pour soulever les rires d’un public profond à la joie ; mais ce n’est pas un exercice intellectuel bien recommandable ».



Les pages 46 à 82 sont donc consacrées au dossier « Cioran, cent ans de finitude ».

Ce dossier est coordonné par Maxime Rovere qui établit la chronologie de la page 50-51 et qui souligne qu’il ne s’agit pour Cioran ni d’articuler des idées en système ni de produire du concept. Le dossier comporte les interventions de nombreux spécialistes de l’œuvre de Cioran ainsi que de nombreuses photos dont une superbe vue de nuit de Sibiu (p. 57).

Les écrits et la vie de Cioran ont fait couler beaucoup d’encre comme en témoigne partiellement la bibliographie sélective (page 82) établie par Patrice Bollon (qui signe également un article où il affirme que « les aphorismes de Cioran loin de tout jugement définitif, font de la contradiction un art, sinon une vérité poétique ») et on peut dire qu’ils trouvent encore pas mal de lecteurs.

Vincent Piednoir revient sur la jeunesse de Cioran et nous rappelle qu’avant son départ de Roumanie, en 1941, il a été partisan d’un nationalisme extrémiste qu’il abjura par la suite. « Sans renier ce passé, [celui-ci] a peiné à forger un récit rétrospectif clair ».

Peter Sloterdijk juge que « l’œuvre de Cioran peut-être considérée comme un ensemble d’exercices, à mi-chemin entre gymnastique et ascèse, expérimentant toutes les positions de l’homme sans position ».

Nicolas Cavaillès se penche sur la curiosité littéraire et les faux-fuyants de l’érudition de ce grand lecteur, en concluant qu’il « ne guettait pas des arguments salvateurs » mais « plutôt des frères en fatalisme ».

En partant de l’analyse de la quasi-absence du mot « dor » dans ses écrits roumains, Constantin Zaharia affirme que « l’écrivain a expérimenté tous les degrés de la mélancolie, indissociable de la pensée ».

Pour Simona Modreanu, Cioran est « un disciple des saints », « hanté par la fièvre des mystiques », qui a puisé « dans diverses traditions ou hérésies religieuses ».



Mon article préféré est celui d’Eugène Van Itterbeek (p. 64-65) : « Les Montagnes magiques ». « Presque toute son œuvre roumaine a été écrite à la montagne ». « Durant ces exaltations de jeunesse, le futur piéton de Paris conspua le primitivisme de ses Carpates natales. Mais le souvenir de leur paysage se révéla par la suite essentiel ».



Ce dossier fut également l’occasion pour la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet de nous dévoiler deux textes inédits : « Progrès de l’ironie » et « Le sentiment que tout va mal », présentés par Aurélien Demars.

Pierre Assouline écrit, sous le titre fort à propos « En voie de recomposition », un article sur la brocanteuse qui a sauvé en 1997 des manuscrits de Cioran et de la bataille juridique qui s’en est suivie.



Enfin, je retiens encore de ce numéro 508 un texte inédit de Jean Giono : « Le noyau d’abricot », publié dans « Le noyau d’abricot et autres contes », sur ce lutin oriental de la race des djinns.
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LIRE les 100 livres de l'année

Un sommaire assez éclectique pour ce numéro spécial mais qui garde la part belle à deux gros dossiers;

- Les 100 livres de 2021 avec des parties pour les différents thèmes littéraires, français, étranger, premier roman, polars ....

- Un retour sur le mondialement célèbre journal d'Anne Frank; pour ceux qui l'ont lu rien de bien nouveau si ce n'est le témoignage d'autres contemporains et l'impact de cette lecture sur leur vie.

Abonnée, souvent satisfaite parfois moins quand les sujets sont trop "autocentrés", connotés et trop individuels.



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Magazine Litteraire, n°577

Cet exemplaire, avec François Cheng en couverture, gisait oublié dans mes étagères depuis... bien trop longtemps.



Le Magazine littéraire, devenu depuis Le Nouveau Magazine littéraire, est une publication de qualité pour les amoureux de la lecture. Si je reconnais que, selon les sujets, tous les articles ne sont pas toujours d'un abord facile, ils recèlent néanmoins une mine d'informations et de savoirs.



Ce numéro comportait deux dossiers qui m'intéressaient tout particulièrement. Le premier était un grand entretien avec l'écrivain, poète et philosophe François Cheng. Né en Chine puis naturalisé français après plusieurs années passées dans l'Hexagone, ses propos sont comme sa littérature : posés, réfléchis, empreints d'une douceur et d'une profonde humanité. Il raconte ici comment, petit, il a assisté à certaines des atrocités du massacre de Nankin perpétué en 1937 par l'armée japonaise durant sa campagne d'invasion de la Chine. Épisode traumatisant s'il en est. En lisant ce passage, je me suis interrogée : comment espérer encore en l'homme, en la bonté et même la beauté et la vie après avoir vu l'horreur et la barbarie la plus crue? Et pourtant, sans tomber dans l'angélisme, François Cheng montre qu'il y est parvenu. Grâce à sa foi chrétienne, très importante pour lui - il a d'ailleurs choisi son prénom français en hommage au saint d'Assise (très révélateur non?). Grâce au savoir et aux lettres qui occupent une place prépondérante dans son existence.

Cet entretien permet d'entrer un peu plus dans l'intériorité d'un homme toujours en quête de réponse à de nombreuses questions, en quête de sagesse et de l'amour de la Beauté. Aussi passionnant à lire qu'interpellant sur mes propres interrogations. J'échange sans hésiter tous les livres de développement personnel et de feel good qui s'éditent treize à la douzaine contre ces quelques pages d'entretien.



Le second dossier concernait l'écrivain Romain Gary, lui aussi interpellant, pour d'autres motifs. Lui aussi s'interrogeait beaucoup. Trop peut-être au vu de sa fin.

Le dossier comprend articles de fond et entreties avec des personnes ayant aapproché l'écrivain. On en apprend beaucoup sur lui, son rapport aux femmes, sur le coup magistral que fut la révélation de son pseudonyme Émile Ajar, sur son rapport à la France et à la langue française, ... C'est vraiment passionnant à lire. J'y ai découvert un être complexe, héros de la Résistance et admirateur inconditionnel du Général de Gaulle (ce qui lui valait le dédain d'intellectuels de gauche comme le couple Sartre-Beauvoir qui detournaient la tête quand il le croisait... comme quoi grands esprits ne riment pas toujours avec point de mesquinerie), un homme fantasque. Et un écrivain d'un immense talent, ce dont j'avais pu me rendre compte en lisant notamment La promesse de l'aube et Les racines du ciel.



En conclusion, j'ai bien fait de faire du tri dans mes étagères et de retrouver ainsi cet exemplaire.
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Le Magazine Littéraire, n°462 : L'Inde, du Ma..

Moi qui ai d'énormes lacunes en ce qui concerne l'histoire, la géographie, la culture et surtout la littérature indienne, j'ai trouvé ce numéro, datant déjà de quelques années, très intéressant!

Le dossier est vaste, fouillé et bien documenté. On y aborde la littérature indienne du point de vue de l'histoire mais les auteurs contemporains sont mis en avant. On y apprend que beaucoup ne vivent plus en Inde mais y retournent régulièrement et portent un regard plus distancié et plus libre sur leur pays. On y parle bien sûr de Salman Rushdie - que je n'ai même pas lu, quelle honte!- mais aussi de Suketu mehta, Kiran Desai, et Anita Desai, tous inconnus au bataillon pour moi.

Bien sûr, les auteurs anglais ne sont pas en reste: Kipling, Foster...

Il y a enfin un article intéressant sur les classes de lecteurs en Inde (en 1990, il y avait 48% d'analphabètes, et les "très nombreux nouveaux riches ne lisent pas; ils dépensent leur argent en bijoux et articles de mode."

Ce magazine fait partie de ceux que j'ai trouvés les plus intéressants car il faut bien le dire, tous ne se valent pas.
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Louis Ferdinand Céline

Louis Ferdinand Céline est le plus grand écrivain du 20e siècle pour ma part. Son plus grand ouvrage "voyage au bout de la nuit" a été l'objet de nombreuses critiques.

D'abord médecin avant de devenir écrivain, Louis Ferdinand Céline s'est vite imposé avec ce livre. Ses éditeurs, Denoël et Gallimard on ensuite fait l'éloge de nombreux débats.

La première fois que j'ai lu Céline, j'ai cru que c'était son prénom. J'ai mis plusieurs jours à comprendre qu'il s'agissait là de son nom. Erreur stupide sans doute. Voyage au bout de la nuit m'a passionné. J'ai su le dévorer en à peine quelques jours, et ce magazine littéraire le concernant est d'autant plus passionnant qu'il donne une culture absolument complète sur ce grand auteur qu'il a été.



Dans tous les cas, c'est avec un grand plaisir que je continuerai à le lire.
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Le Magazine Littéraire, n°439 : Saint Augusti..

En effectuant des recherches sur le net sur la fantasy je suis tombée sur le début d'un article intitulé "Adieu fantasy" de Philippe Curval. Bien entendu il fallait être abonné pour avoir accès à l'article entier. J'ai donc déniché le numéro en question sur ebay.



Voici l'accroche :



"Je ne cesse de m'interroger sur l'intérêt d'écrire et de publier ce que l'on nomme fantasy. (...) Puisqu'il n'est réservé chez les éditeurs qu'aux production de masse attestant que nous vivons aujourd'hui sous la férule des dieux, des mages, des fées, des dragons, des grands anciens. Une surproduction qui submerge les étals des librairies sous un déluge de foutaises à 90%. Parfois bien ficelées, rédigées avec talent, ce qui les rend plus subversives. "



Une fois que tu as l'article sous les yeux tu constates qu'il ne va pas plus loin dans son raisonnement car c'est une critique du livre Sayonara Baby de Fabrice Colin.



Selon lui, lire de la fantasy répondrait à un "désir foetal de fermer les yeux sur le réel, l'avenir". Oui et alors??? J'en lis pour m'évader, je lis des romances pour me détendre et me vider la tête, je lis aussi des livres de cuisine pour apprendre de nouvelles recettes, etc.



Qui lit quoi et pourquoi? L'important est d'y trouver son compte ;-)
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Le Magazine Littéraire, n°476 : Les romancières..

Sur la couverture du magazine, les visages de Jane Austen, Virginia Woolf et Zadie Smith illustrent une théière: littérature féminine anglaise en deux symboles!



Ce dossier est composé de plusieurs textes abordant la littérature du XIXe siècle avec les soeurs Brontë, Jane Austen et George Eliot, à une époque où, plus que dans les précédentes, le rôle des femme est extrêmement codifié. Ces romancières s'en affranchissent par des textes qui, pour cette époque, apparaissent comme une lutte contre ces codes.

Suit un texte sur la modernité, à travers les oeuvres de Woolf, Mansfield et Sinclair et une écriture "phénoménologique, elles suivent les variations les plus infimes de la conscience".

Lessing, Murdoch et Carter représentent une littérature plus engagée socialement, correspondant bien à ce que nous retrouvons en France dans les années 50 -60.

Il y a enfin un essai sur les reines du crime, Agatha Christie, Anne Perry, P.D James.



Le dossier est introduit par la dualité entre féminisme et féminité, et se clôt sur une sortie imaginaire au pub entre l'auteur du texte et certaines écrivains: l'idée est originale, malheureusement le résultat, lui, est peu concluant et inintéressant.



Certains de ces textes mériteraient d'être moins universitaires et pour le coup plus abordables par ceux et celles qui ont quitté les bancs de la fac, ou n'y sont jamais allés et pour qui ce vocabulaire est (re)devenu obscur.

Le thème du dossier m'intéressait mais les textes en eux-mêmes ne m'ont pas spécialement captivés, soit parce qu'il faudrait avoir lu toutes ces oeuvres présentées pour comprendre, soit parce que ç reste, parfois, trop anecdotiques.
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Le Magazine Littéraire, n°543 : Tout sur leur..

Ce numéro présente un dossier qui m'a particulièrement plu: le rôle joué par les mères d'écrivains, leur influence et leur perception à travers les oeuvres. On y retrouve "les adorées", "les modèles d'ambiguité" et "les vénéneuses", à travers l'oeuvre de Albert Cohen bien sûr, Colette, Marguerite Duras, Baudelaire, et aussi Doris Lessing, Maxime Gorki et Roland Barthes, Toni Morrison, entre autres, et ajouté à ça, un essai sur les marâtres dans les contes.



Hormis ce dossier, un entretien intéressant avec Tom Wolfe, dont je ne suis pourtant pas férue.

J'ajouterais que j'apprécie beaucoup la nouvelle formule du Magazine Littéraire: plus petit en taille, papier mat et épais, plus clair, et belles couvertures.
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Le Magazine Littéraire, n°527 : Tolkien, la f..

Édité par le magazine littéraire, dans la collection Nouveaux regards, cet ouvrage est un recueil très intéressant rassemblant les analyses de plusieurs auteurs sur l'œuvre de Tolkien, mais aussi sur sa personnalité, sa conception du monde, ses lectures, ses rencontres, ses affinités, sa relation avec ses créations....

Même pour le profane que je suis en matière de fantasy, je dois avouer que ce livre m'a donné l'envie de me plonger dans le monde de Tolkien et d'entrer dans son univers extraordinaire.

Ce livre est une bonne grille de lecture pour ce, comme moi qui ne connaissent pas (et oui il y en a ) les ouvrages de J.R.R Tolkien, mais également pour ceux qui les connaissent car il pourrait révéler des aspects ou un sens plus profond qu'une simple lecture pourrait laisser entendre.

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Le Magazine Littéraire, n°443 : New York et s..

Ce magazine date de 2005. Il y a une superbe présentation des écrivains américains -mais pas que - dont l'intrigue des livres est situé sur un plan de New York en préambule du dossier.On y retrouve donc, évoqué, divers quartiers de la Grosse Pomme et aussi beaucoup d'écrivains que j'aime: Paul Auster (of course), Georges Perec, Jack Kerouac, Ginsberg, Siri Hustvedt, John Dos Passos, Truman Capote...



Il y a ensuite une chronologie littéraire, des articles thématiques (le polar, la Génération Perdue, la Beat Generation, les Français à New York et le 11 Septembre), le tout accompagné de belles photos en noir et blanc, de ces écrivains, de la ville et de ceux qui la composent.



Il ne me reste plus qu'à aller sur leurs traces, et visiter cette ville mythique.
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Le Magazine Littéraire, n°269 : Les Frères Gonc..

Le Goncourt, le plus célèbre des prix littéraire français, a été souvent violemment critiqué, son fondateur ne pouvait prévoir ni la prodigieuse extension de la presse écrite, radiophonique, puis télévisée, et encore moins internet, les réseaux sociaux aujourd'hui. Les conséquences sur le plan de la publicité, les tirages en milliers d'exemplaires. Tous les prix littéraires sont contestables, ils entretiennent la foire littéraire; ils découragent l'initiative du public...et parfois même encouragent la paresse des écrivains, qu'ils assassinent avec un maillet d'argent. À cette critique générale s'ajoute dans le cas du Goncourt, la désapprobation suscitée par le choix d'auteurs bien souvent médiocres. Un prix Goncourt apporte de l'argent aux éditeurs et permet de publier des livres qui étaient à l'époque destinés à un public restreint, devenus de nos jours beaucoup plus accessibles à l'égard du grand public.
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Le Magazine Littéraire, n°532 : Les romancières..





N°662– Juillet 2013.

LES ROMANCIÈRES AMÉRICAINES – Le Magazine Littéraire n° 532 -Juin 2013.





Je fais partie de ceux, nombreux sans doute, pour qui la littérature américaine est surtout un univers d'hommes. Certes il y avait Harriet Beecher Stone [« La case de l'oncle Tom »(1852)] et Margaret Mitchell [«  Autant en emporte le vent »(1937)] mais elles faisaient en quelque sorte figure d'exception. Le dossier du Magazine Littéraire fait une liste non exhaustive de femmes de lettres qui ont enrichi par leur créativité et leur diversité la culture d'Outre-atlantique. Certaines sont nées au XIX° siècle telles Edith Wharton (1862-1937), traduite en français et dont un roman, « Le temps de l'innocence » a été porté à l'écran par Martin Scorsese aussi classique que Gertud Stein (1874-1946) était une adepte du modernisme, célébrant à la fois Matisse et Picasso. Toutes deux ont vécu en France, ont admiré Proust et Henry James mais se sont superbement ignorées. Dorothy Parker (1893-1967) poète, romancière et critique qui se caractérisait par un esprit aiguisé et subtil, rendra compte de la littérature américaine de son temps. Cela lui vaudra aussi d'être victime du maccarthysme. Hitchcock fit de Patricia Hightsmith (1921-1995), et un peu malgré elle, un auteur de roman policier à succès (« L'inconnu du Nord-Express »). C'est le cinéma qui a aussi apporté la célébrité à Annie Proulx (née en 1935) avec « Le secret de Brokeback mountain », une nouvelle portée à l'écran en 2005, mais c'est William Faulkner qui adouba Willa Carther (1873-1947) malheureusement mal connue en France. Nombre de ses romans ont pour cadre les grandes plaines des États-Unis.

Moins paisible est sans doute, sinon l’œuvre, à tout le moins la vie de la sulfureuse Anaïs Nin (1903-1977) dont le « Journal », commencé à l'âge de 11 ans explore certes le « moi », mais surtout l'érotisme, hésitant parfois entre diariste et fiction, rend compte de sa vie privée très riche en rencontres et en liaisons amoureuses.

Avec Eudora Welty (1909-2001), c'est le sud qui est mis en scène. Célèbre pour ses romans (Prix Pulitzer 1975 pour « La Fille de l'optimiste »), mais aussi pour ses nouvelles, elle s'interroge sur la vie, sur la mort, sur le racisme et toutes les formes de violences qu’elle associe au Mississipi notamment pendant la période de la « Grande Dépression ». Avec Kay Gibbons ( née en 1960) c'est toujours le sud dont elle est un peu la mémoire qui revient sous sa plume. Ces deux auteurs écrivent un peu dans l'ombre de William Faulkner. Carson McCullers (1917-1957) incarne aussi ce sud avec son racisme, sa géographie, son climat mouvementé mais aussi la solitude de cette société très compartimentée et, la lutte qu'elle mena contre la maladie qui l'emporta. Ses romans sont volontiers provocateurs. Chez Flanery O'Connors(1925-1964) qui elle aussi était minée par la maladie, c'est la Géorgie qui est mise en scène dans une œuvre réduite mais lucide avec un style lapidaire, caustique et une violence contenue. Elle est considérée comme une voix importante de la littérature américaine.

Avec Alison Lurie (née en 1926), à la fois prix Pulitzer 1984 et Prix Fémina étranger 1988, écrivain et universitaire, c'est le nord qui est évoqué dans ses romans, avec des personnages petits, ambitieux mais timorés. Elle se moque volontiers des enseignants et des écrivains dont elle fait partie. Le tableau serait incomplet s'il ne comportait aussi la figure de Toni Morrison (née en 1931), afro-américaine qui, à son tour traque les fantômes de l’esclavage. Insoumise et volontiers provocatrice elles est reconnue comme un écrivain national bien qu'elle se sente exclue de cette société majoritairement blanche et gouvernée par des hommes. Son style est cinglant, décrit la misère des noirs du début du XX° siècle et le ségrégationnisme américain tout en explorant les registres du merveilleux, du fantastique et de l’irrationnel. Son œuvre a été couronnée par le prix Pulitzer en 1988 et le Prix Nobel en 1993. Louise Erdrich (née en 1954) quant a elle est d'origine indienne et est souvent comparée à Toni Morrison. Elle parle de la spoliation des indiens, de leur perte d'identité et de leur culture, de l’alcool. Elle est d'une profonde tendresse et son style est alternativement dramatique et humoristique. Joan Didion (née en 1934) est davantage journaliste que romancière et ses œuvres n'ont reçu Outre-Atlantique qu'une consécration tardive. A 78 Ans elle fait pourtant autorité, incarnant véritablement l'écrivain californien. Elle se concentre sur l'observation d'elle-même, de l'Amérique et de ses habitants. A titre personnel son introspection porte aussi sur les deuils qu'elle a subi à la suite de la mort de son mari et de celle de sa fille. Elle parle de la solitude, de la maladie, de la mort à venir, raconte sa vie, ses périodes dépressives qui ont fait suite à des phases plus fastes. Face à ses épreuves, l'écriture est pour elle une sorte de baume contre l'adversité. C'est à peu près la même démarche à laquelle se livre Joyce Carol Oates (née en 1938). Brillante universitaire et écrivain à succès, elle aussi parle d'elle, de sa vie, des faits divers mais il lui semble difficile de connaître ceux qui l'entourent et qui sont pour elle une énigme angoissante. Elle parle de l'enfance malheureuse, de la séduction exercée par les adultes, de l'échec conjugal mais aussi peint l'Amérique de l'ouest sans ménagement et sans rien cacher de la violence, de l'alcool, de la drogue, de la sexualité, des trafics... Pour elle aussi, l'écriture est un bouclier. Enfin Susan Minot (née en 1956) est surtout scénariste et n'a écrit que 4 romans. Elle obtenu le Prix Fémina étranger en 1987 mais n'a rien publié depuis 2003. Elle a choisi d'évoquer des scènes familiales dans la Nouvelle-Angleterre fortement teintées d'autobiographie entre révoltes soumissions, affrontements, jalousies et joies simples. Les personnages, surtout celui du père et de la mère sont caractéristiques mais le portrait qu'elle fait de la famille symbolise toutes les familles du monde.



Il s’agit d'un catalogue certes incomplet, d'un tableau rapidement brossé tant les femmes de lettres sont nombreuses Outre-atlantique. Leurs romans ont été couronnés notamment par le prestigieux prix Pulitzer mais pas seulement et le rayonnement de leurs œuvres a largement dépassé les frontières du pays. Ce numéro du Magazine Littéraire fait sur cette question un point intéressant et suscite l'intérêt du lecteur.







© Hervé GAUTIER - Juillet 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com


































































































Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Albert Camus

Pourquoi relire une revue 10 ans après ? En me livrant à cet exercice je pensais simplement rafraichir ma mémoire mais entretemps une partie des protagonistes ont disparu, des contemporains d’Albert Camus, qui l’avaient réellement connu, travaillé avec lui, partagé des amours. Et voilà que le texte prend une autre signification, une autre dimension, plus personne ne pourra décrire comme Max-Pol Fouchet, Pascal Pia, Roger Grenier ou Charles Poncet « L’homme Camus ».

La revue est découpée en quatre cahiers :



- Parcours et engagement

- Les œuvres

- Affinités

- Repères



Pour les raisons citées plus haut ce sont évidemment le premier et le troisième cahier qui m’ont le plus intéressé.



Avec Max-Pol Fouchet on replonge dans l’Alger colonial des années trente la complicité immédiate des deux hommes à travers « Les Iles…un curieux mélange de tendresse et d’ironie » écrit par leur professeur de philosophie Jean Grenier. C’est aussi les premiers engagements politiques de l’un et l’autre mais aussi des discussions au café Fromentin où ils avaient « l’impression d’inventer la littérature ». Les premiers signes de la démarche émergent, le « tu vois il ne répond rien » de Camus montrant le ciel après avoir vu un enfant arabe renversé par une automobile qui ne s’était pas « arrêtée pour si peu ». C’est enfin une amitié liée par un déchirement car Simone H. abandonnera Max-Pol Fouchet pour Camus. La suite est connue mais lire le devenir de ces deux adolescents m’a ému, un témoignage sur la vie dont Camus dira, bien plus tard, dans une lettre à Max-Pol Fouchet « On le dit et on s’en va »

Pascal Pia, qui précise qu’il a été « son compagnon, non son confident » évoque Camus journaliste à Alger républicain avant de l’être à Combat. Pia raconte la rigueur et l’honnêteté du journaliste, notamment lors de sa relation du procès du cheikh El-Okbi. Suivent aussi quelques anecdotes sur le jeu avec la censure et quelques réflexions sur l’ambiguïté même du Journal à travers ses actionnaires.

L’article célèbre « Misère en Kabylie » et son peu de retentissement est évoqué dans l’article d’Alexis Brocas qui le replace dans son contexte historique, à savoir la seconde guerre mondiale qui éclatait trois mois plus tard.

Roger Grenier dans une interview retrace la parcours de Camus au journal Combat, j’en retiendrai surtout l’évocation de sa rigueur et de son esprit d’équipe. Il y a quelques années j’était tombé par hasard chez un bouquiniste sur un petit opuscule écrit par les ouvriers du livre à Combat lors de sa mort qui témoignaient aussi des qualités humaines de l’écrivain. C’est un point clef car des personnages importants ont parfois souligné le côté cassant du personnage. Camus n’a jamais oublié ses origines et la noblesse du monde ouvrier.

Enfin Charles Poncet conclut cette partie par les dessous de l’échec du projet de trêve civile et la réunion du 22 janvier 1956 dont l’échec avait tellement déstabilisé Camus.



Je m’attarderai moins sur les œuvres car c’est un peu une succession de courts articles sur les grands textes de l’auteur. Roger Grenier y signe un article sur les « Carnets » ouvrant quelques voies sur « le ressort intime » de l’écrivain. Enfin, un entretien avec Olivier Todd et Alain Finkielkraut permet de replacer le « Premier Homme » dans l’œuvre de Camus, mais aussi de replacer le philosophe dans cet entre-deux qui lui a valu tant de haine de factions diverses, penseur des limites de la révolution et du terrorisme, « penseur de la gratitude envers le monde ».



Dans la troisième et dernière partie de la revue cinq articles s’attachent à retracer les influences de Nietszche, l’amitié avec René Char à travers lequel on peut dire que Camus a découvert la poésie, le débat avec Roland Barthes et un très court texte de Sartre (1 page !) sur Camus.



La revue se clôt par une chronologie et une bibliographie à la date de sa parution.



Un lecture nostalgique pour les lecteurs inconditionnels du prix Nobel.

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Tolkien

Intéressant, malgré des articles de qualités inégales.
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Le Magazine Littéraire, n°321 : Verlaine

Je l'ai ramené avec plaisir du Salon du lib=vre.
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