Citations de Leila (45)
Ces coups de poing et ces coups de pied qui pleuvaient sur mon corps nu, c'était la pire des choses. Le sentiment que j'ai eu à ce moment - là est indéfinissable. C'était l'impudeur totale, l' humiliation, l'horreur de la femme lapidée.
Il y a des marches à monter, un hall, un panneau indiquant "Bureau du Maire".
Je m'appelle Leila, vingt et un ans, née en France et Marocaine de tradition. Cette tradition est aujourd'hui encore toute- puissante à mes côtés : mon père.
Il a fait le tour, déboulé dans la salle de bain. Il m'a plongé la tête sous l'eau, je me suis débattue, j'ai réussi à sortir la tête de l'eau, je l'ai griffé à ce moment-là, si fort qu'il en a gardé longtemps les marques. Il m'a attrapée à bras-le-corps et jetée par terre. Et il a commencé à cogner avec ses poings, ses talons, partout sur le visage et le corps, il m'a massacrée en quelques secondes.
En France, comme dans de nombreuses régions du monde, des adolescentes et des jeunes femmes sont encore contraintes d'accepter pour époux un homme qu'elles n'ont ni choisi, ni parfois même rencontré. Au nom de l'intérêt des parents. " J'avais 20 ans et je rêvais d'un mariage d'amour... " Cet homme elle ne l'a jamais vu, elle n'en a jamais entendu parler, il a quinze ans de plus qu'elle, et pourtant elle va l'épouser. " Mon père m'a dit : c'est lui et personne d'autre et tu seras heureuse avec cet homme. " Le mariage est arrangé au Maroc et enregistré légalement en France. " J'ai supplié jusqu'à la dernière minute. J'ai dit oui d'une voix qui n'était pas la mienne, signé un papier que je ne voyais même pas, tant mes yeux étaient brouillés de larmes. " Cet homme qu'elle n'aime pas va la frapper et va tenter de la soumettre. Avec un courage inouï, Leila se bat contre le poids de la tradition, pour conserver sa liberté et sa dignité. Aujourd'hui elle ne vit plus avec son mari et va même demander le divorce. Leila témoigne aujourd'hui pour que cesse cette horrible pratique.
J'ai toujours subi l'intrusion. On fouillait mon cartable, mon sac, ma tête, et maintenant on ne se souciait pas de mon sommeil.
Ces rencontres secrètes, dissimulées aux parents, l'utilisation de combines qui ne tiennent que par la complicité des copains ou des copines, du cousin qui est au courant mais ne dira rien puisqu'il ne s'agit pas de sa sœur. Nous reconstituons dans les quartiers une sorte de village arabe des temps anciens, où les relations entre les êtres passent par un véritable labyrinthe de cachotteries, de non-dits. Tout cela aboutit à un manque de sincérité total sur soi-même.
Qui je suis ? ... Qu'est-ce que je cherche ? ... Où est mon identité propre ? J'appartiens à un père qui ne m'aime pas, comment serais-je capable d'aimer moi-même et surtout de me l'avouer ? Dans une société qui proscrit l'instinct de l'amour, comment contrôler cet instinct sans se noyer dans un océan de frustration ?
Le mal reviens toujours à celui qui la fais
" Tu n'as pas besoin de ta carte pour aller travailler!"
Il avait mon code et , dès qu'il avait besoin d'argent, il s'en servait ; mon frère aîné également. Il s'est même servi de ma carte sans prévenir pour offrir un cadeau à sa copine!
C'est comme ça et on n'a rien a dire. Il faut marcher droit, suivre le chemin tracé. Il n'y a pas d'évolution possible de mentalité. Cette virginité est sous la responsabilité du père ou des frères, puis du mari. Un corps de femme leur appartient.
Ordres et interdictions se plantaient dans ma cervelle comme des épingles. Je ne m'appartenais pas, j'étais l'objet, l'instrument de la famille, elle me téléguidait.
Ma mère était assise dans la cuisine, elle a pris un pichet d'eau et j'ai reçu en pleine figure l'eau et le pichet ensuite.
Et pour conclure, je me suis fait corriger plus sérieusement. Ils m'ont tapé dessus comme des fous, mais bizarrement je n'ai pas eu mal.
Personne ne se plaint jamais dans le quartier. Les filles battues par leurs parents ou leurs frères respectent la loi du silence, c'est l'honneur de la famille.
Mon père me frappait avec ses mains, ses pieds, ses talons, et tout ce qui lui tombait sous ses mains. Mais il tapait sur un corps qui ne ressentait rien [...]. Ni lui ni ma mère ne pouvaient comprendre ce mal-être qui me taraudait. Ce silence qui m'empoisonnait. Tout était toujours ma faute. Je voulais qu'il m'aime, me pose des questions, cherche à savoir ce qui me faisait souffrir et me console.
Survivre aux épreuves est la meilleure façon de faire ses preuves
Ces coups de poing et ces coups de pied qui pleuvaient sur mon corps nu, c'était la pire des choses. Le sentiment que j'ai eu à ce moment-là est indéfinissable. C'était l'impudeur totale, l'humiliation, l'horreur de la femme lapidée.
Ma mère était assise dans la cuisine, elle a pris un pichet d'eau et j'ai reçu en pleine figure l'eau et le pichet ensuite.
Et pour conclure, je me suis fait corriger plus sérieusement. Ils m'ont tapé dessus comme des fous, mais bizarrement je n'ai pas eu mal.
Personne ne se plaint jamais dans le quartier. Les filles battues par leurs parents ou leurs frères respectent la loi du silence, c'est l'honneur de la famille.
C'est comme ça et on n'a rien a dire. Il faut marcher droit, suivre le chemin tracé. Il n'y a pas d'évolution possible de mentalité. Cette virginité est sous la responsabilité du père ou des frères, puis du mari. Un corps de femme leur appartient.
Certaines de mes copines gauloises comprennent tout cela parce qu'elles ont grandi avec nous. Mais d'autres ont l'impression que nous vivons sur une autre planète, et que nous refusons d'évoluer. Aller en centre-ville un après-midi, ou à la bibliothèque, ça n'a rien d'extraordinaire. Rencontrer son petit copain en public non plus. Or c'est une chose possible pour elles, interdite pour nous.
Je voulais bien être arabe, respecter Dieu, mais en mec! Si j'avais été un mec, j'aurai pu vivre autrement que dans ce cauchemar. Et jamais je n'aurai obligé une femme à m'épouser de force!
La seule bulle d'oxygène pour ces filles, c'est l'école justement, et le collège, les études. C'est le savoir qui leur permet de dépasser les traditions moyenâgeuses et d'évoluer.
Et ça recommence! A vingt - quatre ans ou pas, mariée ou pas, une femme qui sort et fume est une pute.
"T'as fumé!"
Il m' a craché au visage et insulté en arabe.