Fête de la paix
3/Il n’est pas d’aujourd’hui…
Il n’est pas d’aujourd’hui, pourtant, il nous est annoncé ;
Et ceux qui n’ont pas craint les flammes ni les eaux
Ne sont pas, maintenant que le calme est venu, étonnés vainement,
maintenant
Qu’il n’est plus chez les hommes, ni dans les esprits de domination
visible.
C’est-à-dire que maintenant seulement ils entendent
L’ouvrage qui depuis longtemps prépare, du matin vers le soir,
Car l’écho du tonneur, l’orage millénaire, démesurément
Gronde et s’éteint, se perd et va dormir
Dans l’abîme, couvert par les bruits de la paix.
Mais vous, jours d’innocence, qui êtes devenus si chers,
Vous nous portez aussi aujourd’hui, mes bien-aimés, la fête, et l’esprit
Resplendit alentour, vespéral, dans ce silence ;
Et quand bien même mes boucles
Seraient grises d’argent, mes amis, il faudrait que je vous conseille
De ne pas oublier couronnes ni repas, vous qu’orne comme une
jeunesse éternelle.
…
/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre