La volonté de l’administration va au-delà de la stricte application de la loi. Le système relatif aux étrangers a pour but de casser, d’humilier, de fragiliser moralement et physiquement des hommes et des femmes. Notre volonté n’est pas de dénoncer les conditions de rétention pour réclamer leur amélioration. Il n’y a aucun aménagement possible de ces lieux sinon leur destruction.
Pour nous, il ne s’agit pas d’aménager l’enfermement pour le rendre plus humain. Il ne s’agit pas non plus d’améliorer les conditions d’expulsion pour qu’elles se fassent dans le respect et la dignité. Encore moins de réclamer des critères de régularisation qui ne profiteront qu’à quelques-uns en excluant tous les autres. Nous continuerons à combattre la machine à expulser, son idéologie, ses pratiques, et bien évidemment le système d’exploitation capitaliste dans lequel il s’inscrit. La seule alternative à la rétention, aux expulsions, aux arrestations, c’est la liberté. Liberté de circuler. Liberté de vivre là où l’on veut avec qui l’on veut. Liberté qui ne saurait être suspendue à un bout de papier.
Juste après l’incendie, les déclarations qualifiant cet événement de « drame » se sont multipliées. Le véritable drame est de vivre traqué, dans la crainte permanente d’être arrêté, enfermé, expulsé. Que de nombreuses personnes soient acculées à choisir le suicide et l’automutilation comme portes de sortie de la rétention, qu’il y ait de plus en plus d’arrestations et d’expulsions, là se situe le vrai drame. Dans cette logique, l’incendie de Vincennes représenta une bouffée d’air.
Chaque texte est un coup de pinceau qui dépeint le même dysfonctionnement et qui forme les contours du même système délétère. (13)