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Citation de Woland


[...] ... J'en reviens à l'entrevue du roi et de la reine. Cette princesse était seule dans l'appartement de ce prince lorsqu'il arriva? Du plus loin qu'il l'aperçut, il lui cria :

- "Votre indigne fils n'est plus, il est mort !"

- Quoi," s'écria la reine, "vous avez eu la barbarie de le tuer ?"

- "Oui, vous dis-je," continua le roi, "mais je veux la cassette [qu'il vous a laissée]."

La reine alla la chercher. Je profitai de ce moment pour la voir ; elle était hors d'elle-même et ne discontinuait de crier : "Mon Dieu, mon fils, mon Dieu, mon fils !" La respiration me manqua et je tombai pâmée entre les bras de Madame de Sonsfeld. Dès que la reine eut remis la cassette au roi, il la mit en pièces et en tira les lettres qu'il emporta. La reine prit ce temps, pour rentrer dans la chambre où nous étions. J'étais revenue à moi. Elle nous conta ce qui venait de se passer, m'exhortant à tenir bonne contenance. La Ramen releva un peu nos espérances, en assurant la reine que mon frère était en vie et qu'elle le savait de bonne main. Le roi revint sur ses entrefaites. Nous accourûmes tous pour lui baiser la main, mais à peine m'eût-il envisagée, que la colère et la rage s'emparèrent de son coeur. Il devint tout noir, ses yeux étincelaient de fureur et l'écume lui sortait de la bouche. "Infâme canaille, me dit-il, oses-tu te montrer devant moi ? va tenir compagnie à ton coquin de frère." En proférant ces paroles, il me saisit d'une main, m'appliquant plusieurs coups de poing au visage, dont l'un me frappa si violemment la tempe, que je tombai à la renverse et me serais fendu la tête contre la carne du lambris, si Madame de Sonsfeld ne m'eût garantie de la force du coup, en me retenant par la coiffure. Je restai à terre sans sentiment. Le roi, ne se possédant plus, voulut redoubler ses coups et me fouler aux pieds. La reine, mes frères et soeurs, et ceux qui étaient présents l'en empêchèrent. Il se rangèrent tous autour de moi, ce qui donna le temps à Mesdames de Kamken et de Sonsfeld de me relever. Ils me placèrent sur une chaise dans l'embrasure de la fenêtre, qui était tout proche. Mais voyant que je restais toujours dans le même état, ils dépêchèrent une de mes soeurs, qui leur apporta un verre d'eau et quelques esprits, à l'aide desquels ils me rappelèrent un peu à la vie. Dès que je pus parler, je leur reprochai les soins qu'ils prenaient de moi, la mort m'étant mille fois plus douce que la vie, dans l'état où les choses étaient réduites. Il est impossible de décrire la funeste situation où nous étions. ... [...]
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